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Mardi, 25 Nov. 2025

Le lobbying d'Israël trouve son origine dans la Bible

Auteur : MARC Jean | Editeur : Walt | Mardi, 25 Nov. 2025 - 12h59

Le récit rapporté dans la Bible, relatif à l'intervention d'une femme, la reine Esther en l’occurrence, pour empêcher un génocide est bien connu. D'ailleurs, le Premier Ministre israélien,Benjamin Netanayou, l'avait évoqué le 9 mars 2017(1) devant le Président Poutine, sans doute pour le convaincre du danger mortel représenté par l'Iran ( la Perse de l'époque) pour le peuple juif. Sans grand succès toutefois. Mais ce récit fait l'objet de vives controverses. La plupart des commentateurs, comme par exemple Jean-Daniel Macchi, ancien professeur d’Ancien Testament et doyen de la Faculté de théologie de l’Université de Genève de 2013 à 2017, auteur d'un ouvrage monumental de 600 pages sur le sujet (2),  sont d'avis qu'il s'agit d'un conte. Même des érudits juifs spécialistes des textes de la Bible hébraïque, comme par exemple Hervé Taïeb,(3) partagent cet avis. Seuls certains exégètes, apparentés au protestantisme évangélique littéraliste ou fondamentaliste, comme Daniel Arnold, le considèrent comme un récit historique.(4)

Résumons ce récit.

C'est l'histoire d'un roi, Assuérus, qui régnait sur l'empire perse. De caractère colérique, versatile, à la suite d'un épisode que l'on pourrait qualifier de « scène de ménage », il renvoie la reine en titre et se met en recherche d'une nouvelle reine. Ce sera Esther, d'origine juive qui sera choisie. Le grand vizir de la cour, Haman, vexé dans son orgueil par l'attitude de l'oncle d'Esther, Mardochée, refusant de se prosterner devant lui, obtient du roi, un décret d'anéantissement de la communauté juive dans l'ensemble du royaume, comprenant 127 provinces. La reine intervient et, usant de son charme, réussit à empêcher l'accomplissement de l'ordre de génocide. Par un retournement de situation, ce sont les juifs qui massacrent tous leurs ennemis (75 800 morts, dont le  grand vizir et ses dix fils, tous pendus au gibet). Cet événement a donné lieu à une fête, dite des Pourim, un genre de carnaval, encore fêtée aujourd'hui par la communauté juive.

Récit historique ou fictif ?

Il n'y a pas lieu ici d'explorer les différents points de vue sur cette question, domaine de spécialistes de l'exégèse biblique et souvent difficile de compréhension pour le non spécialiste. Nous renvoyons nos lecteurs à leurs commentaires. Tout lecteur de ce récit, débarrassé de lunettes dogmatiques, comprendra qu'il s'agit d'un récit fictif, mais soigneusement élaboré, avec un sens certain du suspens, pour faire tenir en haleine le lecteur, jusqu'au dénouement final. On doit reconnaître au narrateur sa connaissance des habitudes de la cour perse et sa grande psychologie dans le portrait des personnages mis en scène.

Mais il reste une question fondamentale demeurée sans réponse : pourquoi l'absence totale de dieu et de la prière dans toute cette séquence ? C'est le seul livre de la Bible, à l'exception du Cantique des Cantiques [ absence justifiée s'agissant d'un poème entre deux jeunes gens amoureux] qui n'évoque ni dieu ni la prière. Pourtant, tout l'environnement, menaçant, aurait dû, au contraire, susciter de la part de la communauté juive, des prières ferventes adressées à leur dieu. Alors, pourquoi  cette absence?

Oubli ou volonté délibérée du narrateur ?

Malgré les événements dramatiques et le danger de génocide qui menace la communauté juive de l'Empire perse, nulle part, dans le cours de ce récit, mention du dieu d'Israël, nommé « Yahweh, » ni de prière collective ou individuelle, ni non plus d'actions de grâce au dieu libérateur. Et pourtant, que d'occasions pour appeler à l'aide « Yahweh » ! On dirait que le dieu d'Israël n'existe plus, que la communauté juive de tout l'empire perse l'a déjà oublié.

Deux questions viennent tout de suite à l'esprit :

Oubli volontaire, ou négligence des narrateurs ? Et si oubli volontaire, pourquoi ?

Seuls les compilateurs pourraient nous fournir la réponse. D'emblée cependant, il y unanimité pour reconnaître que l'oubli est volontaire. Comment croire en effet qu'un récit qui a été composé, ensuite mis en forme, sans doute retravaillé, par un groupe de narrateurs, et avant sa validation définitive, examiné sous tous ses aspects par les docteurs de la loi, puisse avoir omis volontairement le dieu du peuple juif. C'est tout simplement impensable. Mais alors, si l'oubli est volontaire, pourquoi?

L'explication est dissimulée dans le récit

En effet, c'est volontairement que le narrateur omet le nom divin et la prière. Son intention apparaît clairement dans le texte, lorsqu'il précise : «  Il(Mardochée) leur prescrivit de célébrer chaque année le quatorzième jour et le quinzième jour du mois d'Adar, comme les jours où ILS avaient obtenu du repos en SE délivrant de leurs ennemis..... »(Livre d'Esther,ch.9,21-22). Ce message est d’ailleurs répété une deuxième fois: « Les autres juifs qui étaient dans les provinces du roi se rassemblèrent et  défendirent leur vie : ILS SE procurèrent du repos en SE délivrant de leurs ennemis, et ils en tuèrent soixante-quinze mille de ceux qui leur étaient hostiles »(Livre d'Esther,ch.9,16). Le message est simple : le peuple juif est dispersé, sans territoire, sans armée, livré au bon vouloir des peuples au milieu desquels il est isolé, ou s'isole volontairement, par son mode de vie. Il ne peut donc compter que sur lui même, sur sa ruse, sa dissimulation pour survivre. Il lui faut impérativement s'assurer l'appui des puissants, des rois et des dirigeants. Il lui faut disposer de relais, de réseaux au sein même des cercles de pouvoir, de conseillers dans les antichambres du pouvoir, si possible même dans la chambre à coucher du roi ! Gilad Atzmon, dans son livre La Parabole d'Esther, écrit : « La morale de cette histoire est très claire : si les juifs veulent survivre, ils ont intérêt à infiltrer les arcanes du pouvoir[...].Comme dans la religion de l'holocauste, ce sont les Juifs qui croient en eux-mêmes, en leur propre puissance, en leur unicité, en leur sophistication, en leur habileté à conspirer et prendre le contrôle de royaumes entiers, en leur capacité à se sauver eux-mêmes. Dans le livre d'Esther, il n'est question d'autre chose que de la prise du pouvoir : ce livre exprime bien l'essence et la métaphysique du pouvoir juif »(5). Gilad Atzmon relève un article publié par le Dr Rafael Medoff, intitulé «A Purim Lesson : Lobbying Against Genocide,Then and Now », dans lequel il considère comme l'art du lobbying la leçon transmise par Esther et Mardochée .(6)

L'art du lobbying a été parfaitement mis en œuvre par Israël

Les personnages de Mardochée et de sa nièce Esther sont véritablement des précurseurs dans l'art du lobbying. Les techniques de séduction ( sexe, corruption) ou, à défaut, menaces et chantage, sont les armes préférées des lobbyistes. Par exemple, Mardochée n'hésite pas à prostituer sa nièce, encore vierge, en l'introduisant dans la couche royale [en violation d'ailleurs des commandements de la Torah!]. On notera qu'il sera largement payé en retour puisque le roi le désigne, après l'élimination du grand vizir Haman, pour lui succéder.

Désormais, Mardochée deviendra le prince du palais, et, comme tous les intrigants installés dans les antichambres des rois, fera profiter son clan et sa tribu des multiples avantages en découlant. D'ailleurs, le narrateur ne le cache pas, bien au contraire, puisqu'il écrit que « le Juif Mardochée était le premier après le roi Assuérus ; considéré parmi les Juifs et aimé de la multitude de ses frères, il rechercha le bien de son peuple et parla pour le bonheur de toute sa race. »(Livre d'Esther ch.10,3)

L'épisode du recrutement d'Esther lors d'un concours de beauté  est la meilleure preuve que ce récit est pure invention. Il est  contraire à la vérité historique que le roi choisisse, comme nouvelle reine, une candidate totalement inconnue, dont on ignore jusqu'aux origines, soigneusement dissimulées par Mardochée. On lit en effet dans le texte qu' « Esther n'avait fait connaître ni sa naissance ni son peuple, car Mardochée le lui avait défendu et elle suivait les ordres de Mardochée aussi fidèlement qu'à l'époque où elle était sous sa  tutelle ». (Livre d' Esther, ch.2,10)

La puissance de ce lobby (7) n’est plus à démontrer. Jamais encore, dans l’histoire de l’humanité,  une  organisation humaine n’avait disposé d’un tel pouvoir. Ce groupe étend ses ramifications dans le monde entier, infiltrant les États, les gouvernements et les médias. Il est en mesure, et ne s’en prive pas, de mettre au pas la plus grande puissance mondiale, les États-Unis d’Amérique. S'il en était besoin, le conflit actuel à Gaza apporte la preuve que les dirigeants et l'ensemble de la classe politique américaine sont totalement soumis au lobby, comme tétanisés par l'angoisse de leur déplaire.

Deux livres apportent la démonstration du lobbying exercé par Isaël.

Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine de John J. Mearsheimer et Stephen M.Walt, publié en 2007, très documenté, refuse de confondre antisémitisme et critique de la politique israélienne. Ils démontre comment ce lobby a joué un rôle clé dans la politique américaine au Proche-Orient, souvent au détriment des propres intérêts des États-Unis.

Le lobby sioniste des deux côtés de l'Atlantique de Ilan Pappé, publié en 2025, plonge au cœur du lobbying pro-israélien en analysant ses origines historiques et son évolution jusqu'à nos jours.

Ces deux ouvrages de référence  mettent en  lumière les secrets du lobbying pro-israélien.  Il serait fastidieux d'énumérer tous les conseillers qui ont gravité dans les couloirs de la Maison Blanche pour influencer la politique américaine.

Ainsi donc, les « recettes » d'un texte biblique, vieux de 2500 ans, racontant un récit fictif, ont été et sont toujours encore utilisées avec succès par le lobby pro-israélien. On comprend dès lors mieux pourquoi ce récit jouit d'une grande considération parmi la communauté juive.(8)

MARC Jean

Notes:

(1) https://www.lorientlejour.com/article/1039671/netanyahu-parle-menace-perse-histoire-ancienne-repond-poutine.html

(2) https://www.laboretfides.com/product/le-livre-d-esther/

(3)http://www.hervetaieb.org/isr/pourim.htm

(4)https://maisonbible.fr/fr/103682-esther-survivre-dans-un-monde-hostile-une-approche-globale-pdf-9782826095569.html

(5)ATZMON Gilad, La Parabole d'Esther, Anatomie du peuple élu, p.228

(6) MEDOFF Rafael, A Purim Lesson : Lobbying Against Genocide, Then an Now,The David S.Wyman Institute for Holocauste Studies, mars 2022.

(7)https://arretsurinfo.ch/la-dangereuse-montee-en-puissance-du-lobby-pro-israel/

(8) https://rogergaraudy.blogspot.com/2016/06/un-recit-historique-etonnant-dans-la.html#more


- Source : ZeJournal

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