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Mercredi, 15 Oct. 2025

Faut-il taxer Zucman (de sale gauchiste) ?

Auteur : E&R | Editeur : Walt | Mercredi, 24 Sept. 2025 - 15h56

C’est le grand débat économico-social de la rentrée. Pour faire simple, la gauche (LFI) veut taxer les riches à la place des pauvres, et la droite ne veut pas qu’on taxe les riches parce qu’elle argue qu’ils sont déjà trop taxés (par rapport aux voisins européens, par exemple).

Le retour de la lutte des classes moyennes

Comme toujours, les deux camps ont raison et tort, mais pas aux mêmes endroits. Y aurait-il deux logiques, deux cohérences, deux réalités ? Pas forcément. Tout est une question de focale, de facette du problème. Quel est le problème ?

C’est que Bayrou, remplacé par Lecornu – mais c’est la même engeance oligarchique, le même larbin de la Banque, la preuve, on n’a jamais vu un Premier ministre (sauf Pierre Mauroy) faire une politique sociale –, a voulu piquer 43 milliards aux pauvres, ou plutôt aux contribuables solvables, pour boucler le budget de l’État, en très mauvais état, c’est-à-dire en déficit. Juré, on ne fera plus de phrase aussi longue.

Aussitôt, la gauche a sorti son joker, les 200 milliards que les gouvernements successifs (tous de droite du travail, dite aussi des affaires, ou droite MEDEF) donnent aux grandes entreprises pour qu’elles soient concurrentielles, et qu’elles créent de l’emploi ou le conservent.

Or, il s’avère qu’elles ont souvent enfouillé le blé, viré des salariés (Auchan s’est fait retoquer son plan (a)social de 2 400 condamnés), et fait un doigt d’honneur à l’État, qui est en fait leur obligé. Ce qui caractérise l’État macronien, ou rothschildien (c’est une image), c’est qu’il n’a plus d’autorité, car il n’a plus de légitimité, la faute à des élections truquées (par les médias et/ou l’Intérieur), une fronde sociale majeure et des extrêmes majoritaires à elles deux.

Il ne lui reste que la force physique, celle du corps policier, devenu globalement la milice de l’oligarchie. À celui qui n’a plus d’argument à opposer à ses adversaires, il reste le coup de poing dans la gueule, ce qui est le cas depuis 2015 : coup de poing terroriste, coup de poing sanitaire, coup de poing inflationniste, coup de poing policier.

Ce n’est pas être de gauche ou d’extrême gauche de dire ça, ni même d’extrême droite : c’est la réalité tangible de notre pays. Évidemment, la droite des affaires, incarnée par Bernard Arnault, s’insurge contre ce constat, et contre la taxe Zucman, qu’il estime être un piège de l’extrême gauche. Selon lui, taxer les riches c’est toucher à l’activité, à la rentabilité, donc à l’emploi, un boomerang dans la gueule de la gauche. Notre richissime a déclaré, dans Le Figaro :

« Zucman est un militant d’extrême gauche. Son idéologie vise la destruction de l’économie libérale, la seule qui fonctionne. Une pseudo-compétence universitaire qui fait largement débat ».

Taxer les riches appauvrirait le pays par effet boomerang ? C’est vrai et faux en même temps : car ce sont les petits patrons qui souffrent du surpoids des charges (patronales ou sociales, à l’arrivée c’est le même pognon), pas les grands patrons, qui ont les moyens de slalomer entre les lois du travail. Ils peuvent payer moins d’impôts, ou ne pas en payer du tout. Ils peuvent transférer leurs usines hors de France, donc jouer sur l’emploi : ils ont un gros avantage dans le rapport de force avec la gauche. Et il s’en servent.

Leur argument, c’est que la France est le pays de la plus grande redistribution aux super-pauvres. C’est pas faux, mais on peut aussi dire que c’est le pays de la plus grande redistribution aux super-riches ! Un partout, balle au centre. En France, en réalité, on le comprend dans la phrase précédente, même avec un QI de migrant, c’est que ceux qui contribuent le plus, ce ne sont pas les Arnault, les migrants, les branleurs ou les super-pauvres, mais bien la classe moyenne, le salarié moyen, le Français qui bosse et qui tire la langue.

C’est lui qui se fait ponctionner, tabasser fiscalement et policièrement. On parle de la classe moyenne inférieure (les Gilets jaunes) et de la classe moyenne moyenne (les salariés des services), ceux qui sont en première ligne face aux grands bouleversements de la robotique (pour les ouvriers) et de l’IA (pour les employés des services).

Cette Bête immonde est en train de dévorer un à un des postes qu’on croyait à l’abri. Après, on peut discuter d’une société où le boulot serait assuré par l’IA et la robotique, où les gens auraient du temps et un revenu universel, carrément la vie rêvée des anges. Musk en a parlé, mais ça nous entraînerait trop loin, dans un autre sujet, presque de science fiction. On a dit presque.

L’aide sociale est le CDI du super-pauvre (10 à 15 millions de personnes en France), et l’aide aux entreprises le CDI du CAC 40, deux chaînes dont il est difficile de se défaire. Or, c’est la classe moyenne qui produit la richesse, et c’est elle qui souffre le plus. On ne dit pas que le super-riche ne bosse pas, mais il est de plus en plus improductif, le capitalisme étant passé du productif au financier, soit à l’improductif. Il fait de l’argent avec de l’argent, même si c’est « son » argent.

Exemple avec le « nouveau riche », pardon, l’« ancien pauvre » Anthony Bourbon, rien à voir avec le (petit) patron de Rivarol, qui a besoin de sous, justement :

« Moi, mon objectif c’est d’avoir le milliard avant 40 ans ».

La majorité des Français qui bossent, et qui vivent une régression sociale manifeste, savent que le travail ne paie plus, ou qu’il ne permet plus de se défendre contre les aléas de la vie. C’est le capital qui paie, et qui paie de plus en plus. Ce sont les rentiers en France qui s’en sortent le mieux. Un couple de Français au SMIC dans les années 70 pouvait avoir accès à la propriété ; aujourd’hui, c’est impossible.

Derrière le débat droite-gauche sur la taxe Zucman, il y a la tendance lourde. Et elle est lourde pour la classe moyenne, principalement. Le problème, c’est que le FCM (Français de classe moyenne) n’est pas habitué ou formé au combat, qu’il soit syndical ou de rue : il n’est ni communiste ni fasciste, il accepte généralement son sort, en courbant le dos – pour combien de temps ? –, alors que sa paupérisation est programmée, et parfois, son élimination, sociale ou physique. On est bien à un tournant existentiel.


- Source : E&R

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