Mort d’un gêneur : Olivier Marleix emporte ses doutes sur Alstom dans la tombe

La disparition brutale d’Olivier Marleix, député LR, clôt un chapitre tumultueux. L’homme qui accusait Macron de corruption dans l’affaire Alstom s’est éteint, laissant derrière lui plus de questions que de réponses.
Un opposant s’efface, ses questions sur Macron demeurent.
Entre soupçons opaques et bras d’honneur à son encontre, Olivier Marleix incarnait une opposition rugueuse. ll avait reçu, en 2020, un Prix éthique de l’association Anticor. Ses interrogations sur les donateurs macronistes, ses passes d’armes avec Dupond-Moretti, son combat contre le pass vaccinal… Autant de dossiers où sa voix s’est éteinte trop tôt. « On » lui a peut-être fait payer d’avance le contenu de sa prochaine publication : Dissolution française – La fin du macronisme, chez Robert Laffont, à paraître le 30 octobre (si son éditeur en a le courage), suite de Les Liquidateurs – Ce que le macronisme inflige à la France et comment en sortir?
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Olivier Marleix s’apprêtait à publier « Dissolution française ». Olivier Denécé enquêtait sur Alstom. Macron retrouve son pouvoir
Deux morts. Un scandale. Et un président qui “retrouve son pouvoir”. Olivier Marleix et Éric Denécé, tous deux impliqués dans l’affaire Alstom, disparaissent à quelques semaines d’intervalle. Suicide ? Coïncidence ?
Deux morts. Un scandale. Et un président qui “retrouve son pouvoir”.
Oh, quelle belle époque pour la Macronie, ce royaume enchanté où les opposants farouches s’évanouissent comme par magie, laissant le trône d’Emmanuel Macron briller d’un éclat presque surnaturel ! À peine le député LR Olivier Marleix, cet empêcheur de tourner en rond, a-t-il décidé de mettre fin à ses jours – un « suicide » bien opportun, diront les mauvaises langues – que la presse, dans un élan d’enthousiasme, titre en chœur : « Emmanuel Macron retrouve son pouvoir de dissolution et tente d’éviter la disparition » (Le Figaro, 8 juillet 2025). Timing parfait, non ? On croirait presque une comédie bien orchestrée, où les rideaux tombent pile au bon moment.
Marleix, ce gaulliste têtu, n’était pas n’importe qui. Il avait le culot de fouiller dans les poubelles dorées de la Macronie, notamment l’affaire Alstom, ce fleuron industriel bradé à General Electric en 2014 sous l’œil bienveillant de Macron, alors ministre de l’Économie. Avec son livre Dissolution française : la fin du macronisme, prévu pour novembre 2025, Olivier Marleix s’apprêtait à jeter un pavé dans la mare. Des révélations sur la vente d’Alstom ? Sur un possible « pacte de corruption », comme il l’avait déjà suggéré en 2019 ? On ne le saura jamais. Le manuscrit, « très avancé » selon Le Parisien, risque de dormir tranquillement dans un tiroir chez Robert Laffont, loin des regards indiscrets.
📰 « Disparition : Mort d’Olivier Marleix, ancien chef de groupe des députés LR, antimacroniste et parlementaire respecté. » dans @libe le 7 juillet 2025
— Faits & Documents (@faitsetdocs) July 8, 2025
📰 « Olivier Marleix retrouvé mort chez lui : le député LR s’est suicidé à l’âge de 54 ans. » dans le @Midilibre du 7 juillet… pic.twitter.com/sXkSVPBSl0
Et puis, il y a Éric Denécé, cet autre trouble-fête, ex-officier de la DGSI, mort le 11 juin 2025 dans des circonstances tout aussi « troublantes ». Lui aussi s’intéressait de près à Alstom, cette saga où Patrick Kron, ex-PDG du groupe et de la communauté des lumières, a vendu la branche énergie à GE, tandis que Frédéric Pierucci, cadre d’Alstom, croupissait dans une prison américaine pour corruption — son vrai tort ? Être trop patriote. Il refusait de trahir la France. Un chantage économique en règle, dénoncé par Arnaud Montebourg, qui hurlait à la trahison. Denécé, comme Marleix, pointait du doigt les zones d’ombre de cette opération, où Macron jouait les chefs d’orchestre. Deux suicides en un mois, deux voix critiques réduites au silence. Coïncidence ? La Macronie doit avoir un abonnement premium à la chance.
Pendant que les gêneurs s’effacent, Macron, tel un Phénix en costume trois-pièces, renaît de ses cendres, prêt à « éviter la disparition ». Quelle résilience !
Alstom, le péché originel de la Macronie
Revenons à Alstom, ce chef-d’œuvre de la diplomatie économique macronienne. En 2014, Montebourg, alors ministre, apprenait la vente par une dépêche Bloomberg, court-circuité par l’Élysée où Macron officiait comme secrétaire général adjoint. Marleix, à la tête d’une commission d’enquête en 2018, dénonçait un « torrent d’argent » déversé sur la planète finance : 500 millions d’euros d’honoraires pour banquiers et avocats, dont certains, ô surprise, se retrouvaient parmi les donateurs d’En Marche en 2017. Pierucci, lui, parlait d’un « piège américain », où son arrestation servait à faire plier la France. Mais tout cela, c’est du passé. Pourquoi remuer la boue quand la Macronie brille à nouveau ?
Les mauvaises langues diront que la France de Macron ressemble à un épisode de House of Cards, où les adversaires tombent comme des mouches et où les dossiers gênants s’évaporent. Mais soyons sérieux : la Macronie n’a pas besoin d’inventer des complots. Elle a le talent de laisser les choses se régler d’elles-mêmes.
Marleix ? Denécé ? De simples dommages collatéraux dans la grande marche triomphale d’un président qui, selon Le Monde (1er décembre 2024), avait pourtant perdu le fil de son mandat après la dissolution de 2024. Comme quoi, il suffit d’un peu de patience – et de quelques « suicides » bien placés – pour retrouver la lumière.
Alors, levons nos verres à la Macronie, ce pays des merveilles où les opposants s’autodissolvent, où les livres dangereux ne voient jamais le jour, et où le président, tel un magicien, fait disparaître les problèmes d’un claquement de doigts. Alstom ? Quel Alstom ? Circulez, il n’y a rien à voir.
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Olivier Marleix, député LR, s’est donné la mort par pendaison à l’âge de 54 ans
Le député d’Eure-et-Loir, père de deux filles et opposant au pass vaccinal, a mis fin à ses jours, laissant la classe politique en état de choc.
Une enquête est ouverte pour faire la lumière sur ce drame.
Lundi 7 juillet 2025, la nouvelle a frappé comme un coup de tonnerre : Olivier Marleix, député Les Républicains (LR) d’Eure-et-Loir, s’est donné la mort à l’âge de 54 ans. Retrouvé sans vie à son domicile d’Anet, l’élu se serait pendu, selon le procureur de la République de Chartres, Frédéric Chevallier. Les circonstances précises de ce geste désespéré restent floues, et une enquête a été ouverte pour éclaircir les raisons de ce drame. Père de deux filles et figure respectée de la droite française, Olivier Marleix laisse derrière lui une famille et une classe politique bouleversée.
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Un parcours marqué par l’engagement
Olivier Marleix n’était pas un novice en politique. Fils d’Alain Marleix, ancien ministre, il avait gravi les échelons. Ancien maire d’Anet (2008-2017) et conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Élysée, il représentait la 2e circonscription d’Eure-et-Loir depuis 2012. De 2022 à 2024, il avait présidé le groupe LR à l’Assemblée nationale, un rôle qu’il avait cédé à Laurent Wauquiez après les législatives de 2024. Proche de Michel Barnier, il avait joué un rôle clé dans le retour de la droite à Matignon, conseillant le Premier ministre durant son court mandat.
Disparition d’Olivier Marleix, député de la 2e circonscription d’Eure-et-Loir. En sa mémoire, les députés ont observé une minute de silence.
Disparition d'Olivier Marleix : Les députés respectent une minute de silence dans l'hémicycle en mémoire du député. "C'est une onde de choc", témoigne @NaimaMoutchou.#DirectAN pic.twitter.com/utS2er8dSp
Récemment, Marleix avait été nommé par Bruno Retailleau pour préparer les municipales de 2026. Il s’était aussi distingué par ses prises de position, notamment son opposition farouche au pass vaccinal en 2022, une décision rare et courageuse à l’époque, qui lui avait valu le respect de nombreux citoyens. Il avait notamment dénoncé le « Pacte de corruption » autour de la macronie dans la gravissime affaire Alstom.
Une opposition au pass vaccinal : un symbole de conviction
Dans un contexte où le pass vaccinal divisait la société, Olivier Marleix faisait partie des rares élus à voter contre cette mesure controversée. Ce choix, ancré dans sa défense des libertés individuelles, avait marqué les esprits. Il s’était également prononcé pour la réintégration des pompiers non-vaccinés.
ARCHIVE
— Tribune Populaire (@TribunePop23) July 7, 2025
Olivier Marleix avait aussi défendu un amendement visant à supprimer l’article 1er instaurant le pass vaccinal durant le covid.
Il estimait que le gouvernement portait « des atteintes graves aux libertés individuelles ». pic.twitter.com/3S81BpmiKM
Les circonstances du drame : un mystère persistant
Si le suicide par pendaison a été confirmé par le procureur, les raisons qui ont poussé Olivier Marleix à commettre cet acte restent inconnues. Retrouvé dans une pièce de son domicile à Anet, l’élu n’aurait laissé aucun message public expliquant son geste. Certains évoquent une possible hypersensibilité, une qualité soulignée par ses collègues, qui aurait pu le rendre vulnérable face aux pressions du monde politique. D’autres spéculent sur des facteurs personnels, mais rien n’a été confirmé. L’enquête en cours devra apporter des réponses à une nation sous le choc.
- Source : Le Média en 4-4-2