Macron recule (encore) sur la reconnaissance de la Palestine

Macron avait dit que la France reconnaîtrait l’État palestinien en juin. Nous sommes en juin. Et devinez quoi ? Paris attend que d'autres le fassent pour peut-être bouger. Une diplomatie où l’inaction se cache derrière la "responsabilité". Gaza s’effondre, mais le président ajuste encore son storytelling.
Paris, capitale de la diplomatie creuse et de la parole en pointillés. Encore une fois, les belles envolées lyriques du président Emmanuel Macron s’écrasent contre le mur froid de la realpolitik. Souvenez-vous : il y a quelques semaines à peine, le chef de l’État annonçait avec assurance que la France pourrait reconnaître l’État palestinien « en juin », lors d’une conférence à New York coorganisée avec l’Arabie Saoudite. Juin est arrivé, et comme par hasard, les certitudes de mai se sont transformées en conditionnels fuyants.
Quand Marcel avait vu venir le coup :
Car oui, la France reste « déterminée »… mais pas trop. Jean-Noël Barrot, le ministre de la diplomatie de remplacement, est venu remettre quelques bémols sur les notes triomphales du président. Désormais, Paris ne fera rien « seule ». Il faudra que d’autres pays s’alignent, que l’Autorité palestinienne joue le jeu, que les vents soient favorables et que Jupiter lève son pouce. Bref, il ne se passera rien. Ou presque.
Barrot a beau jurer la main sur le cœur que « nous sommes déterminés à le faire », la suite de sa déclaration en dit long sur la gymnastique rhétorique : il s’agit de « ne pas agir symboliquement », car la France aurait, tenez-vous bien, une « responsabilité particulière ». Traduction : on préfère brasser de l’air dans les couloirs de l’ONU que poser un acte politique clair.
Le président brésilien Lula a déclaré à l’Élysée : « Il est triste de savoir que le monde reste silencieux face à un génocide dont les plus grandes victimes ne sont pas des soldats en guerre, mais des femmes et des enfants », tandis que le locataire en cours de bail de l’Élysée s’était bien gardé d’employer le mot de « génocide » lorsqu’il répondait à un journaliste : « Ce n‘est pas à un responsable politique d’utiliser ces termes, mais aux historiens ».
Pendant ce temps, à Gaza, les bombes tombent, les civils meurent, et le mot « génocide » n’est plus seulement prononcé dans les marges militantes. Mais à Paris, on préfère attendre que le bon timing diplomatique tombe du ciel. Le désarmement du Hamas ? Voilà le nouveau prétexte magique pour différer encore la reconnaissance tant promise.
On sent bien le virage : du discours enflammé à la conférence de presse millimétrée, Macron ajuste son discours pour qu’il fasse « responsable », c’est-à-dire inoffensif. Une entourloupe politique de plus dans le dossier palestinien, et une de plus à ajouter au palmarès d’un président expert en recul stratégique maquillé en prudence diplomatique.
Reconnaître la Palestine ? Oui, mais surtout pas tout de suite, et surtout pas tout seul.
Ce n’est pas une politique étrangère, c’est un sketch. Et malheureusement, les victimes de cette indécision tragique, elles, ne jouent pas dans une comédie.
- Source : Le Média en 4-4-2