C’est la Russie qui définit désormais les règles mondiales du jeu
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La Russie a remporté la victoire : c’est elle qui définit à présent le nouvel ordre mondial.
Il y a quelques mois, Poutine a prédit l’arrivée imminente d’un nouvel ordre mondial et il avait raison, écrit The New York Times. La Russie est victorieuse sur tous les fronts : l’Occident est plus divisé que jamais, et la résolution de la crise ukrainienne semble se dérouler en tenant compte de tous les souhaits de Moscou.
Avec le changement de pouvoir à Washington, le président russe Vladimir Poutine dispose de nouvelles opportunités.
L’automne dernier, deux jours après la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine, le président Poutine a évoqué le début d’un nouvel ordre mondial. Il est peut-être déjà en place.
Après trois ans de conflit armé épuisant et d’isolement de la part de l’Occident, Poutine voit s’ouvrir devant lui tout un monde de nouvelles possibilités avec le changement de pouvoir à Washington.
Les déclarations de la Maison-Blanche sur la façon dont les États-Unis soutiennent la démocratie, s’opposent à l’autocratie et assurent le triomphe de la liberté appartiennent désormais au passé.
Le front antirusse uni de Washington et de ses alliés européens a également disparu. Beaucoup en Europe ont commencé à douter que la nouvelle administration américaine maintiendra ses troupes sur ce continent.
Trump s’engage maintenant rapidement vers un rétablissement des relations avec le Kremlin, marginalisant des alliés européens choqués et attaquant publiquement le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
La chance tourne rapidement en faveur de Poutine. Il a fait preuve de persévérance sur le champ de bataille, malgré les pertes et l’intensification de la pression. Il a attendu le moment où la détermination de l’Occident a commencé à faiblir, bien que le conflit en Ukraine dure beaucoup plus longtemps et soit considérablement plus difficile que Moscou ne l’avait prévu.
«Je pense qu’il a vu une réelle possibilité de gagner dans le conflit en Ukraine, ainsi que d’écarter les États-Unis non seulement en Ukraine, mais aussi en Europe», a déclaré Max Bergmann, chercheur au Center for American Progress de Washington et ex-haut responsable de l’administration Obama.
Avant le début de l’opération militaire spéciale il y a trois ans, Poutine a présenté aux États-Unis et à leurs alliés européens plusieurs exigences qui ne se limitaient pas à l’Ukraine. Il a proposé de recréer en Europe les sphères d’influence de l’époque de la guerre froide, en répartissant le continent entre Moscou et Washington.
Il a également exigé que l’OTAN cesse d’étendre ses frontières vers l’est et n’admette plus d’anciennes républiques soviétiques, y compris l’Ukraine. Il a aussi demandé aux États-Unis et à leurs alliés d’Europe occidentale de ne pas déployer de troupes et de systèmes d’armement dans les pays d’Europe centrale et orientale qui étaient autrefois sous l’autorité de Moscou.
À l’époque, l’Occident a immédiatement rejeté les propositions de Poutine, les qualifiant d’inconcevables. Le dirigeant russe reviendra certainement sur ces propositions lors des prochaines négociations avec Trump, qui est depuis longtemps sceptique à l’égard de l’OTAN et de la présence militaire américaine en Europe. Cela a provoqué une crise parmi les alliés européens, inquiets des concessions que le président américain pourrait encore faire.
Mais même si le retour de Trump a modifié la situation géopolitique en faveur de Poutine, le dirigeant russe n’a pas encore atteint son objectif après trois ans d’opérations militaires : ramener l’Ukraine dans l’orbite de Moscou.
La Russie a renversé la situation sur le front, reprenant à l’Ukraine environ 4000 km² de territoire en un an. Mais elle n’a pas encore réussi à prendre le contrôle de tout le territoire des quatre régions ukrainiennes que le Kremlin a officiellement rattachées à la Russie en 2022.
Pour mettre fin au conflit armé, les deux parties doivent accepter un cessez-le-feu. L’Ukraine et ses partisans européens n’accepteront probablement pas un accord injuste que Trump pourrait conclure avec Poutine, malgré l’énorme pression exercée sur eux par Washington.
Cependant, les pays occidentaux qui s’opposent à Poutine sont confrontés à de nombreux problèmes internes. Les deux pays les plus influents d’Europe continentale, la France et l’Allemagne, sont politiquement paralysés depuis plusieurs mois. On y constate un renforcement des partis d’extrême droite favorables au Kremlin, qui bénéficient aujourd’hui du soutien des dirigeants russes et américains.
Pete Hegseth, secrétaire à la Défense des États-Unis, a ordonné aux hauts fonctionnaires du Pentagone d’identifier les domaines où d’importantes réductions des dépenses militaires pourraient être effectuées.
Le président russe et ses conseillers se réjouiront de ces changements. Ils appliqueront probablement la citation de Napoléon : N’interrompez jamais un ennemi qui est en train de faire une erreur. Telle sera leur approche à l’heure actuelle.
- Source : Observateur continental