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Mardi, 26 Nov. 2024

Le succès prodigieux mais « secret » du Vietnam socialiste

Auteur : Andre Vltchek | Editeur : Walt | Vendredi, 10 Juill. 2020 - 08h09

Il y a une vingtaine d’années, lorsque j’ai déménagé à Hanoï, la ville était sombre, grise, recouverte d’un nuage de pollution. La guerre était terminée, mais de terribles cicatrices restaient.

J’ai fait venir mon 4×4 du Chili, et j’ai insisté pour le conduire moi-même. C’était l’un des premiers 4×4 de la ville. Chaque fois que je le conduisais, il était heurté par des scooters, qui filaient comme des projectiles sur les larges avenues de la capitale.

Hanoi était belle, mélancolique, mais clairement marquée par la guerre. Il y avait des histoires, des histoires terribles du passé. En ces temps, le Vietnam était l’un des pays les plus pauvres d’Asie.

De nombreux grands sites du patrimoine, dont le sanctuaire de My Son au centre du Vietnam, étaient devenus de vastes champs de mines, même de nombreuses années après les terribles bombardements par les États-Unis. La seule façon de s’y rendre était d’utiliser des véhicules militaires appartenant au gouvernement.

Le bâtiment où je vivais est littéralement issu de l’infâme « Hanoi Hilton », l’ancienne prison française où les patriotes et révolutionnaires vietnamiens étaient torturés, violés et exécutés, et où certains pilotes américains capturés étaient détenus pendant ce qu’on appelle au Vietnam la Guerre Américaine. De ma fenêtre, j’ai pu voir l’une des deux guillotines dans la cour de ce qui était alors devenu un musée du colonialisme.

En 2000, Hanoi n’avait pas un seul centre commercial, et lorsque nous sommes arrivés, le terminal de l’aéroport de Noi Bai n’était qu’un minuscule édifice, de la taille d’une gare provinciale.

À l’époque, pour les Vietnamiens, un voyage à Bangkok ressemblait à un voyage dans une autre galaxie. Pour les journalistes comme moi, ceux qui étaient basés à Hanoï, un trajet régulier vers Bangkok ou Singapour était une nécessité absolue, car il n’y avait presque pas de matériel professionnel ou de pièces détachées disponibles au Vietnam.

***

Deux décennies plus tard, le Vietnam est devenu l’un des pays les plus confortables d’Asie. Un endroit où des millions d’Occidentaux aimeraient vivre.

Sa qualité de vie ne cesse de croître. Son modèle socialiste et sa planification centrale sont clairement couronnés de succès. Le Vietnam se sent comme la Chine, il y a une vingtaine d’années. Les villes de Hue et de Danang offrent de formidables promenades, des réseaux de transports publics modernes sont construits, ainsi que des installations sportives. Tout cela contraste fortement avec l’extrême morosité capitaliste de pays comme l’Indonésie, voire la Thaïlande. Les Vietnamiens comptent sur une amélioration constante des conditions sanitaires, des soins médicaux, de l’éducation et de la vie culturelle. Avec un budget relativement modeste, le pays est souvent au même niveau que des nations beaucoup plus riches en Asie et dans le monde.

Ses habitants sont parmi les plus optimistes du monde.

Au cours des trois années que j’ai passées au Vietnam, le pays a changé de manière spectaculaire. La force et la détermination extraordinaires du peuple vietnamien ont contribué à combler le vide laissé par la destruction de l’Union Soviétique et des autres pays socialistes d’Europe de l’Est. Tout comme la Chine, le Vietnam a opté, avec succès, pour une économie mixte, sous la direction du Parti Communiste.

Une tentative massive des États-Unis et de l’Europe pour faire dérailler le système socialiste, en utilisant des ONG parrainées par l’Occident et des individus à l’intérieur du pays, a été identifiée et a été définitivement rejetée. Les factions pro-communistes et pro-chinoises au sein du gouvernement et du Parti ont écrasé ceux qui tentaient de faire dérailler le Vietnam en le poussant vers l’Occident.

***

Ce qui a suivi a été un succès important, sur de nombreux fronts.

Selon le rapport du Southeast Asian Globe, publié le 1er octobre 2018 :

« Le Vietnam a obtenu les meilleurs résultats parmi 151 pays dans une étude qui a évalué la qualité de vie par rapport à la durabilité environnementale ».

Ce n’est pas la première fois que le Vietnam obtient des résultats exceptionnels, par rapport à d’autres pays de la région et du monde.

L’article explique plus en détail :

« Cette étude de grande envergure, intitulée « Une bonne vie pour tous à l’intérieur des frontières planétaires », publiée par un groupe de chercheurs de l’Université de Leeds, soutient que nous devons repenser de façon radicale notre façon de voir le développement et sa relation avec l’environnement.

« Nous avons essentiellement travaillé sur plusieurs indicateurs différents et sur les relations entre les résultats sociaux et les indicateurs environnementaux », a déclaré Fanning au Southeast Asia Globe. « Nous sommes arrivés à l’idée suivante : si nous examinons les indicateurs sociaux, pouvons-nous définir un niveau qui serait assimilable à une bonne vie ? »

L’enquête a porté sur 151 pays, et le Vietnam a montré les meilleurs indicateurs.

« Les chercheurs ont choisi 11 indicateurs sociaux qui comprenaient la satisfaction de la vie, la nutrition, l’éducation, la qualité démocratique et l’emploi.

« Nous avons été surpris de constater que le Vietnam s’en sortait si bien dans l’ensemble », a déclaré Fanning. « On pourrait s’attendre à ce que ce soit le Costa Rica ou Cuba, car le Vietnam n’est généralement pas considéré comme un modèle en matière de développement durable ». Fanning faisait référence à ces deux pays que les chercheurs s’attendaient à voir bien faire puisqu’ils fournissent généralement un soutien social de qualité et n’ont pas connu les mêmes dommages environnementaux que de nombreux pays ».

Ce n’est pas le seul rapport qui célèbre la grande réussite du modèle socialiste vietnamien.

Dans la région de l’Asie du Sud-Est, le Vietnam a déjà acquis la réputation d’une superstar économique et sociale. Par rapport à l’Indonésie fondamentaliste pro-marché ou même aux Philippines, les élégantes villes socialistes du Vietnam conçues et entretenues pour le peuple, ainsi que la campagne soignée de plus en plus écologique, suggèrent clairement lequel des deux systèmes est supérieur et adapté aux Asiatiques et à leur culture.

***

En cas d’urgence grave, de catastrophe naturelle ou médicale, le Vietnam est également bien en avance sur les autres pays d’Asie du Sud-Est. Comme Cuba et la Chine, il investit massivement dans la prévention des calamités.

Selon New Age, les États socialistes, dont le Vietnam, ont fait un excellent travail en luttant contre la récente pandémie de COVID-19 :

« Des pays en développement comme Cuba et le Vietnam, avec des structures et une philosophie d’État socialistes ou communistes, gèrent avec succès la pandémie de COVID-19. Quels sont les rôles que leurs stratégies sanitaires et économiques à long terme jouent derrière ce succès ? Le Docteur Talebur Islam Rupom pose cette question et stipule qu’il est grand temps que les États investissent massivement dans les secteurs de la santé afin de garantir des soins de santé pour tous ».

« Les pays dont les systèmes de soins de santé sont subventionnés ou entièrement financés par l’État luttent contre la crise du COVID-19 mieux que tout autre pays. Il existe également plusieurs autres raisons proactives qui leur permettent de réduire le nombre de décès et de cas positifs.

Cuba et le Vietnam sont deux pays en développement qui ont agi rapidement pour faire face à cette nouvelle menace. Malgré l’embargo et les restrictions des États-Unis et des ressources limitées, la gestion de la pandémie par Cuba pourrait servir de modèle aux autres pays.

Avec une économie plus petite que celle du Bangladesh, le Vietnam, en Asie du Sud-Est, gagne également en crédibilité pour relancer son économie après avoir éradiqué le COVID-19 du pays, même s’il partage une frontière cruciale avec la Chine ».

Fin mai 2020, la République Socialiste du Vietnam, avec 95,5 millions d’habitants, n’a enregistré que 327 infections et aucun décès, selon les données fournies par l’Université Johns Hopkins.

Même le magazine britannique de droite The Economist n’a pas pu ignorer le grand succès remporté par les États communistes, tels que le Kerala indien et le Vietnam, dans leur lutte contre le Covid-19 :

« …Avec 95 millions d’habitants, le Vietnam est un pays beaucoup plus grand. Cependant, dans sa lutte contre le covid-19, il a suivi un scénario remarquablement similaire, avec un résultat encore plus frappant. Comme le Kerala, il a été exposé au virus très tôt et a connu une recrudescence d’infections en mars. Mais les cas actifs ont également atteint un pic précoce et sont tombés depuis à 39 seulement. Contrairement à d’autres pays de taille similaire, et contrairement à des succès plus connus de lutte contre le Covid comme Taïwan et la Nouvelle-Zélande, il n’y a pas encore eu un seul décès confirmé. Les Philippines, un pays voisin ayant à peu près la même population et la même richesse, a subi plus de 10 000 infections et 650 décès.

Comme le Kerala, le Vietnam a récemment été confronté à des épidémies mortelles, lors des épidémies mondiales de Sars en 2003 et de grippe porcine en 2009. Le Vietnam et le Kerala bénéficient tous deux d’un long héritage d’investissements dans la santé publique et en particulier dans les soins primaires, avec une gestion forte et centralisée, une portée institutionnelle allant des quartiers urbains aux villages isolés et une abondance de personnel qualifié. Ce n’est pas un hasard, le Communisme a eu une forte influence, en tant qu’idéologie d’État incontestée du Vietnam et en tant que marque vantée par les partis de gauche qui dominent le Kerala depuis les années 1950 ».

Certaines analyses, y compris venant d’Occident, vont jusqu’à affirmer que le Vietnam a déjà dépassé de nombreux pays de la région, y compris ceux qui sont, au moins sur le papier, beaucoup plus riches.

Deutsche Welle, par exemple, rapporte le 22 Mai 2020 :

« Adam McCarty, l’économiste en chef du cabinet de recherche et de conseil Mekong Economics, s’attend à ce que le Vietnam tire largement profit de la façon dont il a géré le COVID-19. « C’est peut-être un tournant où le Vietnam quitte le groupe des pays comme le Cambodge et les Philippines et rejoint des pays plus sophistiqués comme la Thaïlande et la Corée du Sud, même si le Vietnam n’a pas encore un PIB similaire », a déclaré McCarty à Deutsche Welle depuis Hanoi…

« Avec le reste du monde qui souffre encore du COVID-19, les exportations vont vraiment être touchées », a déclaré McCarty. L’économiste a souligné que les choses ne peuvent pas simplement redevenir comme avant. Et même si la consommation intérieure est susceptible d’augmenter dans les mois à venir, une croissance de 5% pour 2020 est peut-être trop ambitieuse. « C’est probablement plutôt 3%, mais c’est quand même positif dans ces circonstances. Cela signifie que le Vietnam est toujours un gagnant ».

Je retourne périodiquement au Vietnam, une chose frappante que je ne cesse de remarquer est que le pays n’a pas de bidonvilles. L’extrême misère est si courante dans la brutale Indonésie capitaliste, aux Philippines, mais aussi au Cambodge et en Thaïlande. Il n’y a pas de misère dans les villes, les villages et les campagnes vietnamiennes. C’est en soi un énorme succès.

Grâce à la planification communiste, la plupart des catastrophes naturelles et médicales sont bien évitées. Lorsque j’habitais à Hanoï, les vastes zones densément peuplées situées entre le fleuve Rouge et la ville étaient inondées chaque année. Mais peu à peu, les quartiers ont été déplacés et des espaces verts ont été réintroduits, empêchant l’eau d’atteindre la ville.

Étape par étape logique, le Vietnam a mis en œuvre des changements destinés à améliorer la vie des citoyens.

Les médias occidentaux et de la région n’écrivent que très peu sur ce « miracle vietnamien », pour des raisons évidentes.

Grâce à d’énormes sacrifices, les citoyens vietnamiens ont vaincu les colonisateurs français, puis les occupants américains. Des millions de personnes ont disparu, mais une nouvelle nation, confiante et puissante, est née. Elle a littéralement renaît de ses cendres. Elle a construit son propre « modèle vietnamien ». Aujourd’hui, elle montre la voie à ces pays beaucoup plus faibles et moins déterminés d’Asie du Sud-Est, qui continuent à sacrifier leurs propres citoyens en obéissant au diktat des États-Unis et de l’Europe.

De l’un des pays asiatiques les plus pauvres, le Vietnam est devenu l’un des plus forts, des plus déterminés et des plus optimistes.

Traduit par Réseau International


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