Le complot à plusieurs milliards de dollars de Jared Kushner pour livrer l’arme atomique aux Saoudiens
Le Comité de surveillance et de réforme du gouvernement de la Chambre des représentants vient de publier un rapport sur un complot visant à engranger des milliards de dollars en vendant à l’Arabie Saoudite de la technologie nucléaire américaine sensible, qui permettrait à ce royaume de développer l’arme nucléaire. Le projet exigeait que soit violée la loi US qui interdit les transferts de technologies susceptibles de conduire à une prolifération nucléaire.
Le projet a été lancé par une « compagnie » formée exprès pour l’occasion, appelée IP3 International, qui ne semble pas avoir existé réellement, sinon à l’état de coquille, pour faire du lobbying à l’intérieur de l’administration Trump. Aux commandes d’IP3, d’après le Comité, on trouvait « le général Keith Alexander, le général Jack Keane, M. Bud McFarlane, et le contre-amiral Michael Hewitt, ainsi que les directeurs généraux de six compagnies : Exelon Corporation, Toshiba America Energy System,s, Bechtel Corporation, Centrus Energy Corporation, GE Energy Infrastructure et Siemens USA ». Tous « ont signé une lettre au prince héritier Mohammed Ben Salman. La lettre présentait “le Programme Pont de Fer comme un plan Marshall du XXIe siècle pour le Moyen Orient”. »
Bud McFarlane ? C’est le conseiller spécial en Sécurité Nationale de Ronald Reagan, qui a trempé jusqu’aux coudes dans la vente d’armes à Khomeini lors du scandale des Iran-Contra et qui a eu l’idée d’envoyer à l’Ayatollah Khomeini un gâteau en forme de clef et une Bible (en même temps que quelques emplacements T.O.W. anti-tanks ) ! Comme Elliot Abrams, il a été amnistié par George H.W. Bush, qui semble avoir créé une fabrique à scandales pour le XXIe siècle.
Le contact pour le complot était le général Mike Flynn, qui a réclamé l’arrestation et la détention de Hillary Clinton à la Convention Nationale Républicaine de la fin de l’été 2016 et s’est agglutiné à Trump jusqu’à devenir son premier conseiller en Sécurité Nationale. Flynn s’est rendu en Arabie Saoudite dans le cadre du complot IP3 de transfert de technologies nucléaires à ce pays, transfert qui aurait pu permettre à Riyad de fabriquer( des bombes atomiques, si la famille royale avait estimé nécessaire de le faire pour se protéger (c’est-à-dire si l’Iran avait fait mine de bouger dans sa direction ou si les relations avec Israël nucléarisé avaient capoté). La version de couverture de l’histoire était que le front entrepreneurial-écran ne ferait que construire six réacteurs nucléaires pour produire de l’électricité civile.
Derek Harvey, haut responsable aux affaires pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord au Conseil pour la Sécurité Nationale (CSN) dans la première moitié de 2017, est celui qui aurait adopté le plan IP3 comme politique US en le sous-titrant « Plan Marshall pour le Moyen Orient ». M. Harvey ne semble pas avoir les idées claires. Le Plan Marshall fut un plan d’aide, par lequel les USA donnèrent des centaines de milliers de dollars à des sociétés pauvres, après la Deuxième Guerre Mondiale, pour y promouvoir la prospérité et lutter contre le communisme. Ce n’a pas été un stratagème pour se faire de l’argent en vendant de la technologie nucléaire sensible à une monarchie absolue qui se sert de scies à os sur des journalistes, et enrichir honteusement des individus privés et une poignée d’entreprises.
Rappelez-vous que tous ces généraux à la retraite, ces directeurs généraux et ces huiles républicaines réclamaient qu’on bombarde l’Iran jusqu’à le ramener à l’âge de pierre, au prétexte qu’il s’était doté d’un programme d’enrichissement nucléaire civil potentiellement à double-usage, qui aurait peut-être pu, un jour, conduire à une B.A. iranienne (les Iraniens n’ont jamais décidé d’aller dans ce sens et, en 2015, ils ont mis dans la naphtaline 80% de leur programme). Apparemment, ce qui préoccupait « l’élite » économique américaine n’était pas tant une possible prolifération iranienne que la perspective de ne pas empocher quelques milliards de dollars pour leur en avoir fourni la technologie.
IP3 n’était pas en mesure de contourner la loi sur l’énergie atomique, loi qui interdit à une administration de transmettre des secrets atomiques à un autre pays sans l »approbation du Congrès. Mais le Conseil sur la Sécurité Nationale pourrait servir de truchement à un marché de ce genre.
Le rapport du Congrès dit que le complot IP3 a été arrêté à un certain point, mais que les lanceurs d’alerte du CSN craignent que du personnel de l’administration Trump au CSN et ailleurs soient toujours en train de travailler sur de la technologie illégale.
Notez qu’il aurait été très possible à Trump de faire adopter ce plan par la Chambre Républicaine et par le Sénat avant novembre dernier, mais il est peu vraisemblable que les représentants actuels veuillent vendre la technologie de bombes nucléaires à l’Arabie Saoudite.
Le gendre de Trump, Jared Kushner, semble avoir repris le projet à son compte dès que Flynn s’est fait virer pour avoir menti au FBNI sur ses contacts avec l’ambassadeur russe Sergueï Kislyak. Le rapport du Comité dit que des lanceurs d’alertes prétendent qu’en mars 2017, il y eut une rencontre…
« Était aussi présent un membre permanent du CSN, qui a ultérieurement averti ses collègues de ce que M. Harvey était à nouveau en train de promouvoir le plan IP3 “pour que Jared Kushner puisse le présenter à l’approbation du Président”. »
Pour ce que nous en savons, le plan pour livrer la bombe atomique aux Saoudiens reste à l’ordre du jour, avec des centaines de milliards de dollars en jeu. Ce complot est le nec plus ultra de la criminalité, avec les ressources du gouvernement US (vous souvenez-vous du projet Manhattan ?) offertes à un gouvernement étranger par les criminels en col blanc qui sont aujourd’hui à la tête du gouvernement, dans le but de ramasser des fortunes individuelles capables de rivaliser avec celles des personnes les plus riches du monde, tels que Jeff Bezos et Bill Gates.
Une chose dont vous pouvez être sûrs, c’est que l’Iran passe au peigne très fin ce rapport du Congrès. S’il existe une chose réellement capable de faire s’écraser le traité de non-prolifération de 2015 avec l’Iran, c’est bien la perspective d’une B.A. saoudienne. Qu’il puisse exister des gens qui, d’une main, essaient de détruire cet accord, et, de l’autre, sont prêts à vendre des secrets atomiques à Riyad pour s’enrichir personnellement, dépasse l’entendement.
L'auteur, Juan Cole, est professeur d’histoire à l’université du Michigan et propriétaire du magazine électronique Informed Comment.
Traduction : c.l. pour Les Grosses Orchades
- Source : Truthdig