« Make France Great Again » : l'attaque frontale de Trump contre Macron
A peine revenu de Paris, Donald Trump a vivement attaqué le président français dont il a raillé, sur Twitter, la « très faible cote de popularité ». L'Elysée minimise, et juge que ses propos ont des visées de politique intérieure américaine.
On savait que les relations entre Emmanuel Macron et le président américain n'étaient plus au beau fixe. Mais de là à penser que les dissensions vireraient à l'attaque en règle, il y a un pas que le bon sens - sinon les moeurs diplomatiques, empêchaient de franchir. C'est pourtant ce pas qu'a franchi Donald Trump en lançant un vibrant : «... Make France Great Again ! »
Comme à son habitude, le président américain a déclenché les hostilités sur Twitter, en postant tôt mardi matin (à 5 h 17 heures de Washington) cette attaque ad hominem : « Le problème, c'est que la cote de popularité d'Emmanuel en France est très basse, 26 %, et que le taux de chômage est proche de 10 %. Il essayait juste de détourner le sujet. A propos, il n'y a pas de pays plus nationaliste que la France, un peuple très fier - et à juste titre ! »
Dans la deuxième partie de son tweet, le locataire de la Maison-Blanche fait ainsi allusion au président français qui, dans son discours du 11 novembre sous l'Arc de Triomphe , a loué « le patriotisme, exact contraire du nationalisme » lors des célébrations de l'armistice de la Grande Guerre. Son discours prononcé, Emmanuel Macron s'était ensuite rendu au Forum pour la Paix, organisé à La Villette, une manifestation durant laquelle Donald Trump avait brillé par son absence.
Contre la force européenne d'intervention
Autre initiative qui a suscité la colère de Donald Trump : la proposition française de créer, en matière de défense, une force européenne d'intervention . « Emmanuel Macron suggère de créer sa propre armée pour protéger l'Europe contre les Etats-Unis, la Chine et la Russie. Mais [l'ennemi] c'était l'Allemagne dans les deux guerres mondiales - Comment cela s'est-il passé pour la France ? Ils commençaient à apprendre l'allemand à Paris avant l'arrivée des Etats-Unis. Paie pour l'Otan ou non ! », a encore posté le président américain.
Reste que, sur cette question, Paris a reçu le soutien de Berlin . « Nous devons élaborer une vision nous permettant un jour de parvenir à une véritable armée européenne », a déclaré mardi après-midi la chancelière allemande devant le Parlement européen, à Strasbourg. « Il ne s'agit pas d'une armée contre l'Otan, bien au contraire, cela peut être une armée qui complétera de façon très utile l'Otan sans remettre en cause ce lien », a ajouté Angela Merkel.
Trump menace de taxer le vin français
Dans une dernière salve, le 45e président des Etats-Unis s'en est pris à l'un des fleurons français à l'export : le vin. « Sur le commerce, la France fait un excellent vin, mais les Etats-Unis aussi. Le problème, c'est que la France rend très difficile pour les Etats-Unis de vendre ses vins en France, et impose de gros droits de douane, alors que les Etats-Unis facilitent la vente des vins français et les taxent peu. Pas juste, il faut changer ! », a-t-il menacé.
Si l'enjeu n'est pas anecdotique (3,2 milliards d'euros de vins et spiritueux exportés de la France vers les Etats-Unis l'an passé pour 200 millions de vins américains importés), le vin français ne représente qu'une goutte d'eau dans le déficit global des échanges extérieurs américains qui s'est creusé à 566 milliards de dollars en 2017.
Face à ces attaques, l'Elysée s'est refusé « à tout commentaire ». De source bien informée, on fait remarquer néanmoins que les tweets de Donald Trump s'adressent avant tout au public américain et que les relations entre les deux présidents - ils se parlent plusieurs fois par semaine - sont régulières et suivies.
- Source : Les Echos