En février, un sondage réalisé par l’Ifop pour L’Equipe révélait que le Paris Saint Germain était le club le plus détesté de France. Les raisons de ce désamour.
Un seul club dans la capitale, une particularité Française
A travers toute l’Europe, les capitales possèdent au moins deux clubs dans l’élite : Arsenal, Chelsea ou encore Tottenham à Londres, la Roma et la Lazio à Rome, l’Atletico et le Real à Madrid. La présence de ces clubs crée des rivalités au sein même des capitales mais dispersent aussi l’aversion des supporters d’autres clubs. A Paris, seul le PSG appartient à l’élite.
Quoiqu’on en pense, le football est un sport d’oppositions. Sans aller jusqu’à certains comportements extrêmes comme le hooliganisme, chaque supporter a besoin d’un rival. Cela se traduit parfois politiquement comme à Madrid où le Real est le club de la couronne quand l’Atletico est le club du peuple ou parfois religieusement comme à Glasgow où les supporters des Rangers sont protestants quand ceux du Celtic sont catholiques. En France, c’est principalement pour des raisons géographiques que les supporters s’opposent. La dispersion des clubs permet en effet à la plupart des amateurs de football d’aller encourager l’équipe de sa ville ou de sa région.
Bien qu’ils vivent dans la ville dont la domination économique, politique et culturelle est incontestable, les Parisiens sont souvent accusés d’une trop grande arrogance et ce n’est pas la déclaration de Leonardo, directeur sportif du club, qui dissipera ce sentiment : « De temps en temps on n’a pas la clé pour gagner des matches comme ça », a regretté Leonardo après la défaite du PSG 1-0 à Reims. Il insistait même en affirmant : » On a peut-être une équipe faite pour l’Europe, basée sur le talent, la qualité de passes ».
Peu de véritables « derbys »
Si la centralisation Française et la présence d’un seul club dans la capitale font du PSG le club le plus détesté de France, le manque de derbys (un match entre deux équipes proches géographiquement) provoque aussi la cristallisation de l’impopularité sur le PSG. Partout en Europe, les amateurs de football ont un club à détester non loin du leur, parfois même au sein de la même ville. A Milan, Liverpool, Manchester ou encore Barcelone, des fratries et des voisins se haïssent le temps d’un week-end quand leurs équipes s’affrontent.
En France, à l’exception du Saint-Etienne « ouvrier » contre le Lyon « bourgeois », très peu de rencontres à l’échelle locale suscitent cette haine. Et puisqu’en football, on ne supporte pas sans détester, Paris devient le bouc-émissaire.
Le syndrome « Poulidor »
« Si j’avais gagné deux ou trois Tours, je serais oublié ! ». Il y a peu, Raymond Poulidor, admettait encore que sa popularité de l’époque et actuelle sont issues de ses défaites. Cela traduit une mentalité très Française souvent décrite : en sport, les Français aiment davantage les « perdants » que les vainqueurs : trop talentueux, trop gâtés à leurs yeux. Cette tradition est encore très ancrée en France. L’an dernier, toute la France du football souhaitait voir Montpellier remporter le championnat face au nouveau-riche parisien. Chaque année, en coupe de France, les médias suivent le « petit poucet » avec bienveillance.
L’arrivée des Qataris, il y a maintenant près de deux ans, a placé le PSG sur une autre planète d’un point de vue économique. Quand de nombreux clubs de l’hexagone, et parmi eux Marseille ou Lyon, connaissent d’importants problèmes financiers, le club de la capitale achètent à prix d’or des stars internationales du football. Cette inégalité de budget exacerbe le souhait des amateurs de football de voir chuter le plus fort, en l’occurence Paris.
L’Europe pour seule issue ?
Jean-Michel Aulas, le président de l’Olympique Lyonnais, a espéré, durant toute la période de la domination Lyonnaise, faire des « Gones » l’équipe de cœur des Français sur la scène européenne à la manière des Verts de Saint Etienne des années 70 ou des Rémois des années 50. Pourtant, malgré une série de neuf qualifications en 1/8ème de finale au minimum dont une demi-finale en 2010, l’Olympique Lyonnais n’a jamais suscité de véritable engouement.
A quelques jours de son premier quart de finale de Ligue des Champions depuis 18 ans face au grand Barcelone, le PSG se retrouve dans la situation de David contre Goliath, tant appréciée des Français. Derniers espoirs en coupe d’Europe, les coéquipiers d’Ibrahimovic, s’ils créent l’exploit, peuvent espérer rassembler les amateurs de football autour du club de la capitale et créer un véritable engouement pour la victoire européenne, si rare pour un club Français.