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La Chine fait son entrée dans le club des pays exportateurs d'armement

Auteur : Sergueï Louzianine via radio La Voix de la Russie | Editeur : Stanislas | Samedi, 03 Août 2013 - 16h04

Dans le milieu des experts militaires, la Chine est depuis longtemps considérée comme simple importatrice. Certes, Pékin a eu une petite expérience dans le domaine de l’exportation, lorsqu’elle a fourni dans les années 1980 des anciens modèles d’armes d’infanterie et de matériel militaire soviétiques à l’Irak et à l’Iran, qui se combattaient. Cependant, on ne peut pas appeler cela de l’exportation militaire chinoise.

Un brusque changement a eu lieu récemment. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), en 2012, à la grande surprise de beaucoup, la Chine est entrée dans le groupe des plus grands exportateurs, avec 8,3 milliards de dollars de ventes. Elle est même devant la Grande-Bretagne. Les chiffres et les faits ont été contrôlés par d’autres centres et experts. Ils sont tous d’accord, mais cette fois, il ne s’agit pas de revente d’armes russes. La Chine, tout en restant un des plus grands demandeurs, est devenue un important fournisseur d’armes et de matériel. Comment est-ce possible ?

La réponse est la spécificité du complexe militaro-industriel (CMI) chinois et de l’économie chinoise en général. Le CMI chinois est issu d’une réforme politique relativement récente. Le gouvernement chinois estime qu’une Chine en pleine croissance a besoin d’une armée puissante et moderne. Dans les années 1990, un grand nombre d’armes et de matériel russe ont été achetés. Ils n’ont pas seulement été utilisés dans l’armée, mais ils ont aussi été scrupuleusement étudiés et copiés.

Les experts occidentaux appellent souvent l’économie chinoise, surtout à la charnière des années 1990-2000, « l’économie de la copie », ce qui correspond en partie à la réalité. Et les Chinois ont rencontré un succès tout particulier dans le domaine de l’armement justement.

En fait, le CMI chinois s’est familiarisé avec pratiquement l’ensemble des armes russes, européennes et israéliennes en vente. Le savoir-faire américain a aussi été utilisé. Il faut ajouter à cela les capacités financières et technologiques importantes de Pékin, acquises grâce au succès des réformes. Ainsi, la Chine a pu développer un CMI moderne dès le milieu des années 2000.

Cela ne s’est pas passé sans scandales ni quiproquos. De nombreux matériels chinois (surtout dans l’aviation) rappellent les meilleurs MiG russes ou les meilleurs avions de chasse américains. De plus, dans quelques domaines, l’industrie militaire chinoise est encore dépendante de la livraison de composants étrangers. Par exemple, l’industrie aéronautique chinoise utilise à 100 % des moteurs russes.

Les progrès militaires de l’Empire du Milieu ont vraiment étonné les observateurs étrangers lors des derniers salons Airshow China. Lors de l’édition 2012, les experts occidentaux ont été médusés par la démonstration du prototype de l’avion de chasse furtif Shenyang J -31, et aussi par la série de nouveaux drones, qui, comme il a été annoncé, font depuis longtemps partie du matériel de l’Armée populaire de libération. Le développement de ces appareils par la corporation publique ASN a débuté en 1996.

Lors de la présentation des nouveaux drones, les organisateurs de l’exposition chinoise ont montré une vidéo d’une attaque virtuelle du tout nouveau modèle Blue Shark UCAV sur un porte-avion indien. Ce porte-avion portait un nom réel et a déjà été mis à la mer. L’attaque, évidemment, a un franc succès. Dans l’esprit des organisateurs, cette vidéo n’est pas seulement publicitaire, mais aussi « éducative ». La rivalité régionale entre la Chine et l’Inde et les conflits territoriaux encore en cours sont un stimulant important pour réarmer les armées chinoise et indienne.

L’intérêt chinois pour l’ingénierie militaire et technique russe est encore présent, mais la structure des achats en Russie change. La Chine ne souhaite plus acheter en gros, mais plutôt au cas par cas des produits à haute technicité. L’année dernière, la Chine représentait 12 % (soit plus de 2,1 milliards de dollars) des contrats de Rosoboronexport.

Les manœuvres sino-russes de la « Coopération maritime 2013 » ont eu lieu du 5 au 12 juillet 2013. Vingt navires de guerre et quelques milliers de soldats de chaque pays y ont participé. Au cours des deux dernières années, l’armée chinoise a effectué 21 manœuvres communes avec des forces armées étrangères. Pour la période 2006-2011, il y en avait eu 32.

En d’autres mots, on peut parler non seulement d’une expansion de la Chine sur le marché de l’armement, mais aussi d’un développement militaire diversifié. La Chine se construit un CMI d’avant-garde et participe de plus en plus régulièrement à diverses opérations militaires, allant des opérations de maintien de la paix aux manœuvres communes, et l’Armée populaire de libération se modernise de plus en plus vite. La Chine, qui se trouvait dans l’ombre, est bien devenue une puissance militaire, qui aura un rôle à jouer dans l’équilibre des forces dans le monde au XXIe siècle.


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