Politiquement correct et championnats du monde d’athlétisme
J’avoue que j’ai été quelque peu turlupiné par la finale du 800 mètres féminin des championnats du monde d’athlétisme 2017 à Londres. Et ce ne sont pas les jérémiades bien pensantes de l’épais Patrick Montel, pleurant sur les malheurs personnels de la nouvelle championne, qui m’ont fait spontanément accepter un résultat du 3ème type. D’autant que se superposait au physique de déménageur yorouba de la championne sud-africaine le visage d’angelot quelque peu féminin du vainqueur du 800 mètres masculin, le Français Pierre-Ambroise Bosse.
Pourquoi les instances internationales ont-elles finalement autorisé Caster Semenya à participer à des épreuves féminines ?
Quelques heures avant les championnats du monde de Berlin de 2009, la Fédération internationale d’athlétisme décide de soumettre l’athlète à la voix décidément masculine à des tests de féminité. Il en ressort que Caster Semenya est « intersexué (e) ». A l’heure actuelle, la génétique définit l’intersexuation (ou ambiguïté sexuelle) comme l’état d’un être humain, ou de tout autre animal dont les organes génitaux sont difficiles ou impossibles à définir. En 2013, l’Allemagne a autorisé la qualification d’« indéterminé » en plus des sexes masculin et féminin. En 2015, un jugement du Tribunal de grande instance de Tours a permis à une personne intersexuée de voir indiquée la mention « sexe neutre » sur son état civil.
Caster Semenya fut déclarée intersexuée car sa production de testostérone était très inhabituelle pour une femme et que son génotype était XY. Ce qui en faisait un homme. Restait le paramètre de ses attributs sexuels : ils étaient mixtes.
Après moult travaux de commissions il fut décidé que Caster courrait dans une catégorie spécifiquement créée dans le handisport. Mais le 6 juillet 2010, Caster fut de nouveau autorisé(e) à s’inscrire dans des compétitions féminines après ablation des testicules et à condition que ses taux de testostérone soient en dessous de la limite de la normale pour un homme. Dès lors, Caster remporta de nombreuses courses internationales chez les femmes.
Apparemment, Caster est respecté(e) par ses compétitrices. Donc, aussi, en tant que femme. Mais cette histoire laisse un goût étrange dans la bouche. Si l’on considère qu’il y a trois sexes, le sexe masculin, le sexe féminin, et le sexe indéterminé, pourquoi ne pas avoir fait courir Caster dans une catégorie spéciale ? Pourquoi lui avoir conseillé (imposé ?) cette boucherie et cette transformation génétique ?
En tout état de cause, la confusion demeure quand on a à l’esprit que « Caster » est un prénom masculin et que l’athlète est désormais mariée à … une femme.
Photo d'illustration: Caster Semenya - Image: Flickr
- Source : Blogs Mediapart