Alerte ! Nouvelle déstabilisation en cours en Ethiopie
Comme les rats qui quittent un navire en naufrage, certains pays commencent à déserter le navire étatsunien. Nous observons que des « alliés » de longue date des Etats-Unis, qui en fait n’étaient alliés que sous la contrainte, commencent à entrevoir d’autres horizons et cherchent à s’émanciper. C’est le cas notamment des Philippines et aussi de l’Ethiopie. Comme l’on s’en doute, le catalyseur visible de ce désir d’émancipation est la Chine.
Le 5 Octobre 2016, l’Éthiopie et Djibouti ont lancé la première ligne de chemin de fer électrique internationale d’Afrique, reliant les capitales de ces deux pays, selon l’agence Xinhua. La Chine est au cœur de cette réalisation, comme elle l’est dans d’autres réalisations en cours à travers toute l’Afrique. Aujourd’hui le principe de base qui guide ces grands travaux d’infrastructure est simple : il ne peut y avoir de développement sans voies de communication intérieures et interétatiques. Et c’est bien là le problème. Ces grands travaux vont enfin mettre l’Afrique sur les rails pour se développer, et donc sur la voie de l’émancipation politique, et ce sera grâce à la Chine. C’en est beaucoup trop pour Washington, surtout si des pays qui ont été « travaillés » pendant des années comme l’Ethiopie ou le Kenya succombent aux sirènes chinoises.
Dans ces pays, de futurs cadres, du type « young leaders » que nous connaissons bien en France, sont toujours prêts à former des forces d’opposition ou de rébellion selon la méthode de changement de régime qui sera choisie. La formation, l’encadrement et le financement de ces jeunes loups sont toujours les mêmes et, pour ce qui concerne l’Ethiopie, nous retrouvons des organes comme la NED (National Endowment of Democracy), que nous ne connaissons que trop bien. Ne vous étonnez donc pas si une partie des habitants de la région oromo, du centre et de l’ouest de l’Éthiopie se met tout d’un coup à tout saccager, de préférence tout ce qui a trait au tourisme pour se rendre plus visible aux yeux des occidentaux. (RI)
Dimanche, la tentative de déstabilisation du gouvernement éthiopien, lancée depuis plusieurs mois, a franchi un cap. Si l’Éthiopie est dans la ligne de mire, c’est notamment pour son partenariat de plus en plus fructueux avec la Chine dans le grand projet de « Nouvelle Route de la soie ».
Depuis dimanche, la ville éthiopienne de Bishoftu est en deuil après la mort d’au moins une soixantaine de personnes piégées dans un mouvement de foule après des affrontements avec la police pendant le traditionnel festival oromo Irreecha. La région Oromia est la plus importante du pays et c’est là que bouillonne un vaste mouvement de contestation antigouvernemental.
« En conséquence de ce chaos, des vies ont été perdues et plusieurs blessés ont été transportés à l’hôpital » a déclaré le bureau des communications du gouvernement. À la télévision, le Premier ministre Haile Mariam Dessalegn a dit que les émeutiers avaient « planifié le chaos » et nié les rapports selon lesquels les forces de sécurité auraient tiré à balles réelles. Il a également loué les efforts des forces de l’ordre pour protéger la population. Enfin, il a juré de traduire en justice les responsables de ces actes. Sur place, un médecin de l’hôpital de Bishoftu a confirmé à Radio France International que les corps ne portaient pas de blessures par balle.
L’opposition et la NED
Merera Gudina, président de l’opposition du congrès fédéraliste Oromo, a vivement critiqué le gouvernement à qui il attribue l’entière responsabilité des événements ayant conduit à la mort des victimes.
Mais qui est Gudina, et d’où a-t-il fait cette déclaration ? Il l’a faite depuis Washington, où il y a sa maison. L’homme y bénéficie également d’une bourse fournie par la fameuse National Endowment of Democracy (NED), depuis longtemps un canal par lequel passe les financements des « révolutions de couleurs » lancées contre tous ceux venant contester les desseins géopolitiques de l’oligarchie anglo-américaine. D’ailleurs, la plupart des leaders de l’opposition qui sont cités en direct à la télé aux États-Unis, ont tous obtenu de belles positions au NED, à Harvard, ou dans d’autres institutions des élites américaines.
L’interview de Gudina avec Reuters n’est pas une première. Il a été interviewé à plusieurs reprises par la « Fondation Thomson Reuters » qui finance la promotion de la « Primauté du droit » aux États-Unis. Il s’agit du groupe canadien Thomson Corp, qui a racheté Reuters en 2008. Le conseil d’administration de la fondation est rempli de dirigeants de banques et de sociétés d’investissement.
Le train est en marche
Bien entendu, le calendrier de ces provocations est parfait. L’agence de presse chinoise Xinhua rapporte que le 5 octobre la liaison ferroviaire construite par les chinois qui part de la capitale éthiopienne et arrive au port de Djibouti est en passe de devenir pleinement opérationnel et sera le premier chemin de fer électrifié moderne de l’Afrique.
Crédit : France 24
L’électrification, qui est beaucoup moins cher que l’utilisation de locomotives diesel, a été rendue possible grâce aux investissements du gouvernement dans de grands projets hydroélectriques. Cette ligne est déjà utilisée depuis le mois de juin dernier pour apporter de la nourriture d’urgence dans les zones frappées par la sécheresse. Longue de 753 kilomètres, elle permet aux trains d’atteindre la vitesse moyenne de 120 km par heure. Construit par la China Railway Group et la China Civil Engineering Construction Corp, elle représente un investissement de quatre milliards de dollars. La nouvelle ligne permet de réduire la durée du trajet entre Djibouti et la capitale éthiopienne à 10 heures seulement, au lieu de 7 jours précédemment !
Zeng Deli, directeur de projet du China Railway Group explique à Xinhua :
Le chemin de fer est construit sur le modèle des normes technologiques du chemin de fer chinois tout en tenant compte des conditions propres de l’Éthiopie et de Djibouti.
La construction du projet a été finalisée en six ans, ce qui est considéré, y compris en Chine, comme un miracle.
20 000 travailleurs ont dû être embauchés pour compléter un tronçon de la ligne. Il était impossible de n’avoir que des ouvriers chinois, a précisé Fu Xun, un autre responsable du projet. Les équipes chinoises ont donc assuré la formation de 15 000 travailleurs locaux.
Le chemin de fer, à écartement standard moderne est parallèle à celui, décrépit, construit il y a plus de 100 ans par les européens. Plus de 90 % des importations et des exportations de l’Éthiopie – et notamment, en énergie et en nourriture - passent par le port de Djibouti. La capacité du réseau routier actuel est depuis longtemps submergée.
Cette ligne Abeba-Djibouti est la première étape d’un vaste réseau ferroviaire. L’Éthiopie entend construire 5 000 km de voies ferrées d’ici à 2020. En plus d’assurer un acheminement plus rapide des biens et des personnes, l’Éthiopie entend bien faire de cet outil un catalyseur de son développement national.
- Source : Solidarité & progrès