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Comment Sarkozy a réactivé l’impérialisme militaire français

Auteur : Michel J. Cuny | Editeur : Walt | Samedi, 07 Mars 2015 - 18h20

Quelles que soient les contraintes budgétaires qui pèsent sur elle, la France ne cesse de s’orienter vers la guerre… au sud ou à l’est.

Il semble ne pas y avoir, là, rien qu’un phénomène conjoncturel qui tiendrait à une nécessité malheureuse dans laquelle elle se trouverait de devoir faire face à des menaces extérieures subies. Non : elle veut bien y aller d’elle-même. Peut-être même cherche-t-elle le bon client.

En réalité, toute sa politique de quête éhontée de l’agression à réaliser correspond au fait que, désormais, structurellement, la France et le système impérialiste français sont réactivés pour faire la guerre… d’abord sur les marges… Et ensuite, ce sera à la grâce de dieu.

Ce nouveau visage a été donné à notre pays par Sarkozy très vite après son arrivée à la présidence de la république en 2007. Le modelage en a été déterminé dans le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de juin 2008… qui nous saute aussitôt au visage tant son contenu et les circonstances de son élaboration apparaissent comme très inquiétants.

Il est dû au travail d’une Commission désignée par le décret n° 2007-1144 du 30 juillet 2007 pris sous la signature du président de la république en fonction, Nicolas Sarkozy, et contresigné par son premier ministre, François Fillon.

Le tout début de ce décret nous apprend que cette Commission est constituée de deux catégories de personnes : celles qui sont présentes sur titre (18) et celles qui le sont pour leur compétence personnelle (18).

Sur ce total de trente-six membres, il y a quatre parlementaires (Assemblée nationale : 2 ; Sénat : 2), c’est-à-dire quatre personnes issues du suffrage universel, qui ne vaut donc que pour un peu plus de 10 %, dans une affaire – la guerre – qui n’est tout de même pas peu de chose… Mais c’est encore trop sans doute.

En effet, le 7 avril 2008 madame Patricia Adam, députée socialiste, et monsieur Didier Boulaud, sénateur socialiste se fâchent tout rouge et donnent leur démission au motif que :

« En sept mois de travaux, nous avons constaté que cette commission ne servait que de chambre d’enregistrement des décisions du président de la République. »

Comment pourrait-il en être autrement, puisque, hormis nos quatre parlementaires, si les personnalités choisies pour leur compétence le sont du seul avis du président de la république, celles qui le sont pour leur titre se trouvent être des hauts fonctionnaires civils ou militaires qui, pour leur quasi-totalité, doivent justement ce titre à une nomination décidée par ce même président de la république (conseiller d’Etat, secrétaire général de la défense nationale, directeur général de la police nationale, directeur général de la gendarmerie nationale, directeur général des affaires politiques et de sécurité, directeur général du trésor et de la politique économique, directeur de la stratégie à la direction générale de la recherche et de l’innovation, chef d’état-major des armées, délégué général pour l’armement, secrétaire général pour l’administration, directeur général de la sécurité extérieure, directeur chargé des affaires stratégiques, etc.).

Nous voici donc sous l’Empire… Qui pourrait croire que cela ait changé depuis deux siècles ?…

Mais que sont donc les charges de l’empire ?…

Prenant les questions internationales sous l’angle de ce que médite de devenir la France impériale conduite par un Sarkozy, le Livre blanc rédigé en 2008 par la Commission désignée par celui-ci à cet effet se heurte immédiatement à un phénomène redoutable :

« La mondialisation transforme en profondeur les fondements mêmes du système international. La distribution de la puissance mondiale se modifie au bénéfice de l’Asie. » (page 13)

Avant de s’engager plus loin sur la question de l’Asie, le Livre blanc marque un temps d’arrêt pour bien signifier que tout n’est cependant pas perdu, puisque :

« Dans le même temps, des Etats importants, comme ceux qui sont issus de l’éclatement de l’Union Soviétique, l’Afrique du Sud ou la Libye ont renoncé, selon les cas, à leur statut, à leurs armes et à leurs ambitions. » (page 21)

En est-on si sûr, en 2008 ?… tout au moins en ce qui concerne la Russie de Vladimir Poutine et la Libye de Muammar Gaddhafi ?… C’est ce qu’il reste à voir. Troisième catégorie définie par le Livre blanc, les perdants…

« La mondialisation nourrit aussi des inégalités économiques et sociales flagrantes. Des régions entières demeurent à l’écart des bénéfices de la croissance mondiale et, au lieu de diminuer, les écarts se sont creusés entre les plus riches et les plus pauvres. Une telle situation, au moment où la diffusion de l’information rend ces inégalités plus visibles, est lourde de menaces pour la stabilité internationale. Elle peut engendrer révoltes et extrémismes. Une grande partie du continent africain, de l’Asie et même de l’Amérique latine est restée en marge des effets positifs de la mondialisation. »

Et ces gens-là sont potentiellement très dangereux, sauf à être dûment canalisés.

Exercer l’empire, c’est donc se mêler de toutes ces choses à coups de fusil, si nécessaire… Mais c’est bien l’Empire qui décide de la nécessité.


- Source : Michel J. Cuny

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