La presse sous perfusion de LVMH et de Bernard Arnault
Les millions pleuvent.
LVMH «arrose une bonne partie de la presse en pages de pub» : il y a quelques jours, L’Informé a publié, à partir de chiffres produits par Kantar, «la répartition des dépenses de LVMH dans la presse nationale». Bilan : les millions pleuvent.
Ces recettes publicitaires bénéficient d’abord aux médias détenus par le groupe LVMH lui-même : entre janvier et septembre 2024, ce sont, toujours d’après L’Informé, 80 millions d’euros bruts (1) qui ont été fléchés vers Le Parisien, Le Parisien Dimanche et Les Échos.
Extrait de la carte «Médias français : qui possède quoi ?», décembre 2023.
Mais c’est aussi la régalade pour les groupes Le Figaro et Le Monde : «La régie média du Figaro a ainsi perçu 32 millions d’euros, dont la moitié pour Madame Figaro et Le Figaro et vous, le cahier spécial luxe et art de vivre du journal. Le groupe Le Monde a engrangé, de son côté, 9,5 millions d’euros bruts». Paris Match, qui vient d’être racheté par LVMH, ne s’en sortait pas trop mal (3,9 millions), tout comme le JDD (3,5 millions) ou Le Point (1,7 million).
Et ce n’est pas fini, puisque L’Informé précise que L’Express, L’Opinion, Libération, La Croix, La Tribune dimanche ou encore Le Nouvel Obs ont aussi perçu entre quelques dizaines et quelques centaines de milliers d’euros bruts.
La presse est sous perfusion des annonceurs publicitaires – en particulier, on le voit ici, de LVMH. Ce n’est certes pas là son seul mode de financement, mais on ne saurait ignorer qu’elle se met, de la sorte, sous leur coupe. Pour en revenir à notre cas d’espèce, LVMH a déjà démontré sa capacité, en guise de rétorsion, à désinvestir et mettre la pression. L’Informé rappelle l’exemple de Libération : «En 2012, pour rappel, le magnat y avait coupé tous les budgets en rétorsion du «Casse-toi riche con». Le manque à gagner s’était élevé à 150 000 euros, mettant en péril l’équilibre économique du journal». Et celui du Monde : «Selon le Canard Enchaîné, le Monde aurait été soumis au même traitement en 2017, perdant 600 000 euros à la suite de ses articles sur les «Paradise Papers» évoquant le recours de Bernard Arnault à des paradis fiscaux».
Vous avez dit «indépendance» ?
Infographie de l’Observatoire des multinationales.
Notre:
- Dans son article, L’Informé parle « d’investissements bruts – c’est-à-dire en se basant sur les tarifs catalogue des publicités avant ristournes ».
- Source : Acrimed