François Dubois : le dissident qui défi l’Etat
François Dubois est bien plus qu’un ancien adjudant de la Gendarmerie nationale. Il est avant tout un dissident. À travers un entretien pour "Mayenne Aujourd'hui", nous (re) découvrons l’histoire captivante de cet homme qui a osé défier le statu quo pour suivre une voie dictée par ses principes et sa quête de vérité.
François nous parle de ses premières années dans la gendarmerie, où il a été témoin de situations qui l’ont poussé à remettre en question les structures établies. Son passage du service public à l’entrepreneuriat n’est pas seulement une transition de carrière, mais un acte de rébellion contre un système qu’il jugeait obsolète et inefficace face aux enjeux modernes.
Au-delà de ses activités professionnelles, cet entretien révèle les motivations profondes de François, ses luttes personnelles et ses victoires. Il partage ses réflexions sur la liberté, la sécurité, et l’éthique dans un monde de plus en plus complexe. Sa voix, empreinte de conviction et d’expérience, vous guidera à travers des anecdotes passionnantes et des analyses percutantes.
Préparez-vous à être inspiré par le parcours d’un homme pour qui la dissidence est un acte de courage et de foi en un avenir meilleur. Lisez jusqu’au bout pour saisir toute la portée de ses paroles et l’impact de son engagement.
Bonjour François, merci d’avoir accepté cet entretien. Pourriez-vous commencer par vous présenter à nos lecteurs ?
Bonjour Pierre,
Je vous remercie également de m’accorder cette interview. Je me présente : François Dubois, ancien adjudant de la Gendarmerie avec 20 ans de carrière. J’ai quitté cette institution en raison des divergences grandissantes entre les valeurs qu’elle défend et celles de ses dirigeants, tant au niveau du haut commandement que sur le plan politique. Ces deux sphères sont devenues extrêmement perméables. En tant que personne ayant refusé l’injection ARN et l’ingénierie sociale associée (notamment le passe vaccinal), l’épisode de la vaccination obligatoire pour les gendarmes, marqué par une violence implacable, a été un tournant décisif. Cette situation m’a contraint à trouver rapidement une situation stable pour rebondir. Lorsque j’ai quitté la gendarmerie, mon livre “Alice au pays de Lucifer” était déjà publié depuis quelques mois. Je l’ai conçu non pas comme un énième état des lieux de notre société de servitude décadente, mais plutôt avec une intention opérative.
Ce livre doit agir comme une pilule rouge, capable de libérer n’importe quel cerveau qui aurait été piraté par cette société du spectacle. Il sème la graine qui germera dans l’esprit autrefois sous hypnose. Quant à ceux qui se sont déjà émancipés de ce système, ils y trouveront l’opportunité de renforcer et d’approfondir leur compréhension de l’inversion des valeurs et des mécanismes qui la sous-tendent. Par la suite, j’ai trouvé un emploi de professeur dans la filière des métiers de la sécurité en enseignement professionnel. Pendant deux ans, j’ai enseigné le droit pénal avant que l’Éducation nationale ne me remercie pour mes “prises de position”. Bien entendu, nous parlons ici de mes écrits et de mes conférences, dont l’une m’a valu d’être cité dans un brûlot rédigé par Libération. Cependant, il ne m’a jamais été reproché d’influencer mes élèves ou de tenir des propos répréhensibles. Au contraire, à travers mes textes, je critique l’orientation des élèves et la substitution de l’école aux parents dans leurs grandes orientations idéologiques. Ironie du sort, tout cela s’est déroulé dans un contexte où plus de 2800 proviseurs et inspecteurs menaçaient de bloquer l’institution en cas de victoire du RN aux législatives. Je tiens à préciser que je ne m’engage pas dans la politique partisane, mais que mes analyses métapolitiques, très exhaustives et sourcées, ont dû déranger en hauts lieux. À présent je rentre dans une phase de recherche d’emploi, je vais continuer de m’investir en tant qu’essayiste et auteur d’articles, publiés notamment sur le think-tank strategika.fr et sur le site profession gendarme.fr, où j’exerce le rôle de vice-président.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours dans la Gendarmerie nationale et des raisons qui vous ont conduit à la quitter ?
Ma carrière a été extrêmement variée, et chose peu commune, j’ai alterné entre unités d’intervention et unités judiciaires. Sans entrer dans les détails techniques inutiles, c’est incontestablement grâce à ce profil atypique que j’ai évolué pour devenir l’homme que je suis aujourd’hui. Ce tournant a eu lieu à partir de 2013, lorsque j’ai quitté l’hôtel de Matignon, où j’ai participé à la protection rapprochée de deux Premiers ministres : François Fillon et Jean-Marc Ayrault. À cette époque, j’avais des idées très ancrées à gauche et menais une vie sans difficultés dans les beaux arrondissements parisiens. J’étais profondément universaliste, tourné vers « l’open society » et abreuvé des émissions de Yan Barthez.
Puis, suite à ma demande de changement de subdivision d’arme et à la naissance de ma première fille, nous avons été mutés en Gironde, dans le Médoc. La ruralité y est très profonde et la population, contrairement à ce que pourrait laisser penser l’aspect viticole, est extrêmement précarisée. Là-bas, j’ai été confronté à une extrême misère sociale, un communautarisme exacerbé, des dysfonctionnements majeurs et aux affaires les plus sordides qu’il vous soit possible d’imaginer. En d’autres termes, je venais de quitter les palais dorés de la gouvernance pour me confronter à la violente réalité de la société française.
Plutôt que d’en vouloir à la terre entière et aux gens violents, alcooliques ou drogués chez qui j’intervenais, j’ai préféré prendre le problème à l’envers et chercher à comprendre quels étaient les facteurs géopolitiques, politiques, sociologiques et théologiques qui avaient contribué à produire une telle société, aussi précaire intellectuellement, que socialement ou qu’économiquement. La violence que j’encaissais au quotidien était telle qu’elle aurait pu m’entraîner vers la dépression ou le suicide. La transition avait été trop brutale et non préparée. Il me fallait un exutoire, une soupape. J’ai étanché ma soif de savoir dans les livres et cherché à comprendre, allant jusqu’à lire plusieurs ouvrages complexes par mois malgré un métier infiniment chronophage. Petit à petit, un nouveau monde, une nouvelle histoire s’est dévoilée à moi, apportant une vision à la fois subtile, complexe et décomplexée du monde, en remplacement de la vision cadrée, réductrice et manichéenne véhiculée par les médias télévisés. Plus j’avançais, plus la confiance que je plaçais en nos dirigeants s’érodait. Ce parcours, beaucoup l’ont vécu, mais en tant que militaire, frappé du devoir de réserve, ma frustration augmentait au fur et à mesure que mes connaissances se consolidaient. J’ai également compris pourquoi les notions de patrie et de nation, si fortes lors de nos cérémonies sur une place d’armes, devenaient soudainement des concepts tabous une fois les portails des casernes franchis.
En 2018, je suis devenu instructeur en école de sous-officier, où j’ai été formateur évaluateur de formateurs au sein du commandement des écoles de la gendarmerie. J’étais donc en école durant les épisodes des gilets jaunes et du Covid, qui étaient chronologiquement très proches, ce qui n’a rien d’anodin à mes yeux. Cette période, comme tout mouvement de radicalisation, a agi chez beaucoup comme un amplificateur de pensée, et ce fut également mon cas. J’ai cru et défendu le mouvement des gilets jaunes avant de comprendre qu’il était voué à l’échec en raison de l’essence même de sa structure anarchique. Être pro-Gillets jaunes m’a valu de nombreux désaccords avec mes collègues. De même, durant la pandémie de Covid, bien avant que le vaccin ne devienne obligatoire, j’ai eu de sérieux accrochages avec des collègues au sujet du passe vaccinal et des atteintes aux droits fondamentaux que cet événement tragique sous-tendait. Il est évident que ces événements ont contribué à cristalliser les positions de chacun.
Pendant la pandémie de Covid, la majorité de mes collègues ont été contraints de nier la réalité. Du jour au lendemain et sans temps de réflexion, il fallait choisir entre l’injection ou la sanction lourde accompagnée d’une mutation, et la majorité a cédé. Si j’ai pu avoir la force de faire le choix de m’opposer, c’est bien parce que j’avais des années de travaux en autodidacte derrière moi et que je connaissais avec certitude mon ennemi réel et ses intentions. Or, une personne non préparée aux véritables enjeux politiques et financiers de ce monde ne possède pas les capacités intellectuelles nécessaires pour comprendre qu’elle est exposée à un tel danger. À ce moment précis, elle ne peut pas comprendre que pour sa survie, il lui est indispensable de surmonter l’effet de sidération sur lequel le gouvernement s’appuie pour imposer la vaccination par surprise et contrainte. Une fois qu’on a cédé, on ne souhaite plus revenir sur nos actes, on avance. Pourtant, il aurait suffi que nous osions tous dire non. Cependant, les expériences d’Asch et de Milgram ont démontré empiriquement que ce n’était pas si simple.
Depuis votre départ, vous êtes devenu un auteur et un lanceur d’alerte. Pouvez-vous nous parler de vos principales activités et de votre mission actuelle ?
Actuellement, je m’engage en tant qu’objecteur de conscience, mais pas seulement… Avec mon camarade Ronald Guillomont, fondateur du site Profession Gendarme, nous diffusons de nombreuses informations que les médias grand public préfèrent taire. Nous publions des articles qui incitent les gens à réfléchir, tout en relayant les écrits de la dissidence, y compris ceux de nos camarades généraux éveillés. Le site enregistre dix millions de vues par an, et nous envisageons qu’il serve bientôt de plateforme pour des actions de sensibilisation, telles que des tracts ou des vidéos courtes, visant à renforcer le lien entre les forces de l’ordre et la population. Car il ne faut pas oublier que le système actuel a choisi de gouverner en opposant les forces de l’ordre à la population. Rompre cette dynamique revient à fragiliser leur édifice.
Bien entendu, le travail de dissident ne s’arrête pas là. Écrire des livres et des articles permet de se faire entendre et d’accroître sa visibilité, même si cela reste insuffisant. En coulisses, il faut également développer son réseau, approfondir ses connaissances et tenter de rassembler au maximum.La situation actuelle est complexe, et même au sein de la dissidence, nous sommes fragmentés et cloisonnés dans des catégories politiques spécifiques. Nombreux sont ceux qui réfléchissent à des projets politiques fédérateurs, et bien que cela fasse l’objet de discussions, la démarche reste complexe. Pour autant, elle aura lieu tôt ou tard, les choses bougent en off, je le constate et j’entends apporter ma pierre à l’édifice. Tout cela se décantera au fur et à mesure du pourrissement de l’appareil politique actuel, qui sans nul doute approche de sa phase terminale.
La politique ne se réduit pas seulement à des calculs, mais aussi aux opportunités qu’offre l’événement. Résister et fédérer de manière honnête aujourd’hui ne rapporte pas d’argent ; au contraire, cela entraîne de nombreuses dépenses, des risques et des sacrifices. Cependant, je m’engage dans cette voie parce que la cause qui m’anime est infiniment supérieure. Je considère cela comme une expérience transcendante, où chaque dépense devient un investissement, et chaque punition une preuve d’un travail bien fait. Lorsque j’ai publié mon premier article à succès sur les émeutes en France, j’ai subi une perte de 7000 euros mystérieusement hackés, sans que personne ne puisse rien faire. Récemment, j’ai perdu mon travail directement sur ordre du ministère de l’éducation nationale pour mes « prises de positions », mais ces revers matériels ne font que renforcer mes convictions. Quant à l’écriture de livres, il suffit de chercher sur Internet pour constater que peu de gens en vivent. Si je me suis lancé dans l’écriture d’un second livre, c’est avant tout parce que c’est une passion et qu’il me reste tant à partager et à diffuser. Ma plus belle récompense sera l’exemple que je laisserai à mes enfants. Je citerai également le Psaume 127:4 de la Sainte Bible : « Comme les flèches dans la main d’un guerrier, ainsi sont les fils de la jeunesse ». Dieu seul sait à quel point ils pourront redouter mes enfants.
Avec les Jeux Olympiques qui commencent ce week-end à Paris, nous voyons la mise en place de nombreuses mesures de sécurité et de contrôle. Pouvez-vous nous donner votre point de vue sur ces mesures ?
Il est évident que ces mesures manquent d’efficacité. Tout terroriste déterminé aurait pu stocker de l’armement et des ressources dans les zones contrôlées avant leur mise en place, puis obtenir des QR codes en bonne et due forme pour circuler librement dans ces zones et accéder à son matériel. Travailler en sécurité totale dans le cadre d’un événement organisé en “open space” est impossible. Les QR codes ne changeraient rien : je pourrais me présenter avec un QR code valable, sans que cela m’empêche d’entrer avec une arme dissimulée. Concrètement, il est impossible de mettre un gendarme au m², donc si fait tragique il doit y avoir, il aura lieu. Dans le cas présent l’insécurité potentielle des sites est la conséquence des choix organisationnels relatifs à l’événement, combinés à un contexte géopolitique pourvoyeur de risques extrêmes, allant du simple attentat jusqu’à l’opération menée en « false flag ». Cela est d’autant plus préoccupant qu’il faut rappeler que la sécurité se déroule également en amont d’un événement, et qu’à ce titre, il y a quelques mois, à deux reprises consécutives, des données relatives à la sécurisation du site des J.O ont été volées.
En sécurité, gérer de l’événementiel dans un cadre de vie quotidien sans totalement paralyser la ville est un pari extrêmement osé. S’autoriser de penser qu’on peut sécuriser totalement une ville en conservant son fonctionnement, même partiel, est une ineptie. En sécurité, le partiel ou le « à moitié » n’existe pas ! On peut déjà constater que la recrudescence de forces de l’ordre sur place n’est pas un frein à la commission d’infractions de droit commun, en témoigne la triste actualité qui fait déjà état de plusieurs viols dans capitale, impliquant des victimes touristes, quelques jours avant le début des J.O. Je pense que Paris va avant tout servir de laboratoire à ciel ouvert pour observer les interactions humaines, le degré de soumission et d’acceptation des masses face à ces dispositifs dépourvus de sens, ainsi que leur efficacité à participer à la réalisation des objectifs fixés. Le Covid a fatalement généré un traumatisme, il convient donc d’évaluer dans quelle mesure il a interagi sur le comportement des masses, et par conséquent, d’évaluer ce qui reste encore faisable à l’heure actuelle.
Les JO et autres événements nationaux sont souvent l’occasion pour les gouvernements d’augmenter la surveillance des citoyens. Quelles sont, selon vous, les dérives potentielles de cette surveillance accrue pendant les JO de Paris ?
Nous avons là un échantillon de smart city tel que nos dirigeants la rêveraient : une mégapole mondialisée où l’exercice des fonctions régaliennes relève d’une autorité internationale (collaboration avec diverses polices du monde intervenant en renforts). Dans cette ville, chaque déplacement est suivi de façon rigoureuse, offrant des perspectives politiques sans précédents en matière de taxation, de verrouillage numérique et de crédit social. Hier, le QR code a servi à justifier de son état vaccinal (levier sanitaire), tel une monnaie d’échange contre la liberté de consommer. Aujourd’hui, le QR code vous permet de rejoindre un nouvel arrondissement (levier sécuritaire). Demain, il témoignera de l’empreinte carbone liée à vos déplacements (levier environnemental). Après-demain, il servira de moyen traçage et de justification de l’ensemble de vos faits et gestes en s’appuyant sur la combinaison des trois leviers. Si l’on combine cela avec la restriction mécanique des déplacements (grillages), sans grande légitimité mais agissant comme un semi-confinement (vous êtes guidés), ainsi que la surveillance par drones et vidéos, combinés aux algorithmes et à l’IA (décret 2023-828 du 28 août 2023), on obtient la ville laboratoire idéale pour Klaus Schwab.
Reste à trouver les leviers politiques et médiatiques pour pérenniser ces mesures par la suite. Ce dispositif est également très gourmand en ressources humaines, ce qui veut dire qu’il ne pourrait dans un premier temps n’être réutilisé que dans un contexte exceptionnel (Article 16, couvre feu, état de guerre etc.) avant qu’il ne soit trouvé une solution pour remplacer les moyens humain par une technologie de traçage quelconque. Cependant, on peut très bien envisager, comme pour l’épisode Covid, qu’un bon nombre d’individus de la société civile seront eux mêmes volontaires pour être acteurs de ses contrôles. Mais pour pouvoir compter sur cela il faut d’abord effectuer un « retex » (retour d’expérience) afin d’analyser les facteurs d’adhésion et les problèmes rencontrés (les J.O sont un bon test).
Pensez-vous que ces mesures de surveillance resteront en place après les Jeux ? Quels seraient les impacts à long terme sur les libertés individuelles ? Les français doivent-ils s’y habituer ?
Sauf cas de force majeur, les QR codes et autres barrières spécifiques aux J.O vont sauter, avant que nous ne les retrouvions à l’occasion d’un nouveau narratif. Ces mesures sont un calvaire pour les Parisiens sans apporter de plus-value sécuritaire réellement palpable, c’est bien pour cela que les J.O vont constituer un excellent terrain d’observation afin de tester les limites d’acceptations. Cependant, certains aspect plus subtils de ces nouveaux modes de surveillances semblent nous échapper. C’est le cas du Décret n° 2023-828 du 28 août 2023 relatif aux modalités de mise en œuvre des traitements algorithmiques sur les images collectées au moyen de systèmes de vidéoprotection et de caméras installées sur des aéronefs, pris en application de l’article 10 de la loi n° 2023-380 du 19 mai 2023 relative aux jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 et portant diverses autres dispositions, qui lui, devrait être prorogé au moins jusqu’au 31 mars 2025. Bien évidement, les Français devront s’y habituer. Mais rien arrive de façon brutale. Cela revient à faire cuire les grenouilles en montant progressivement la température de l’eau. Tout ne tourne pas exclusivement autour des Jeux Olympiques, qui sont un levier parmi d’autres. Les mesures isolées en elles-mêmes ne représentent pas nécessairement un danger. Souvent, elles sont présentées sous le prisme de la bienveillance. Cependant, ce qui est fondamentalement inquiétant, c’est que nos gouvernements, une fois les jalons posés, peuvent combiner ces mesures pour créer un système de surveillance omniprésent.
Imaginez un monde où des drones ou des caméras peuvent vous identifier partout où vous allez, en associant la reconnaissance faciale à votre identité numérique, votre dossier médical et vos informations bancaires. Les implications pour nos dirigeants sont vastes : taxation, verbalisation, restrictions budgétaires imposées à vos dépenses, surtout si ces moyens sont combinés avec une monnaie numérique de type CBDC (Central Bank Digital Currency).
En regardant quelques décennies en arrière, nous constatons que nos libertés fondamentales ont subi des attaques sans précédent. L’utilisation de la monnaie en espèces est de plus en plus contrôlée et soumise à justification. Un autre aspect dangereux est l’invisibilisation de ces mesures. Nos gouvernants cherchent à nous contrôler et à nous rançonner sans que cela ne soit évident. Cette invisibilité facilite l’acceptation, à l’image des péages d’autoroutes qui disparaissent. Vous serez filmé et rançonné sans même vous en rendre compte. Idem pour les grandes surfaces qui vont bientôt introduire un mode de paiement reconnaissant votre main. À terme, l’objectif est de débiter automatiquement votre compte sans que vous ayez à effectuer l’acte de paiement. Ce n’est pas anodin. Aujourd’hui, la seule “liberté” qui me reste dans l’exemple présent est celle de choisir de payer ou non. Demain, ce prélèvement automatique contribuera au dressage des masses à accepter l’implacable automatisation de leur servitude.
La mise en place de zones à accès limité et l’utilisation de QR codes pour contrôler les déplacements des gens sont des mesures controversées. Quelles sont les implications de ces mesures sur la vie quotidienne des citoyens et sur leurs libertés ?
Nous sommes confrontés à un test d’utilité pour ces technologies dans la gestion et la surveillance des flux et de l’occupation des espaces. Le QR code présente un avantage majeur : en plus de faciliter la gestion et le comptage des groupes, il lie un mouvement à une condition. Il atteste de notre validation ou de notre obéissance à une règle et est toujours présenté en attente d’une contrepartie. Les perspectives politiques sont colossales.
Le QR code, en tant que fusion entre un outil de traçage et un moyen de sélection, peut rapidement porter atteinte aux libertés fondamentales. Il restreint d’abord notre liberté de mouvement et notre droit à la vie privée, mais ses implications vont bien au-delà. Nous l’avons constaté avec les vaccins contre la COVID-19, où il a été utilisé comme un moyen de chantage consumériste en échange de la liberté de disposer de notre propre corps. Le passe sanitaire est avant tout un outil visant à imposer la vaccination.
Cette technologie, bien que visible, n’est qu’une première étape. À terme, elle sera remplacée par une solution moins contraignante, peut-être une puce sous-cutanée mise à jour (ou une autre nano-technologie), présentée comme un confort et un progrès pour un public fatigué des QR codes omniprésents.
Ces dérives technologiques interféreront inévitablement avec l’idéologie transhumaniste, qui se combine parfaitement avec les politiques de traçage et de sélection, justement parce qu’elle est par essence performative et concurrentielle. J’ai pour coutume de dire que le transhumanisme est un eugénisme 2.0.
En tant qu’ancien gendarme, comment percevez-vous la réaction et le rôle des forces de l’ordre dans la mise en place et l’exécution de ces mesures ? Quels conseils donneriez-vous à vos anciens collègues face à ces nouvelles directives ?
Les forces de l’ordre vont exécuter leur mission sans la moindre contestation. Cependant, si vous interrogez un gendarme mobile sur l’efficacité réelle de son dispositif à Paris, il vous répondra probablement, s’il est honnête (et de bonne humeur), que dans l’absolu, ce dispositif n’est pas parfait, mais que leur simple présence demeure dissuasive. Certains admettront que la sécurité totale est une illusion, et ils n’auront pas tort. Si vous leur faites remarquer que la simple réservation d’une table dans un restaurant et la possession d’un Pass J.O. ne garantissent pas que vous ne pourrez pas agir différemment une fois dans la zone concernée, vous risquez d’entendre le fatal “c’est comme ça, Monsieur, ce sont les ordres”. Pour ma part, je n’attends pas des forces de l’ordre qu’elles remettent en question les ordres qu’elles reçoivent quotidiennement. Demain, si un pouvoir qui œuvre dans l’intérêt du peuple accède aux responsabilités, il exigera cette même neutralité de ses forces de l’ordre. Un gendarme a le droit, voire l’obligation légale, de refuser un ordre manifestement illégal. La situation est complexe ici, car ils agissent dans le cadre de la loi. Le véritable problème réside chez les hauts responsables qui conçoivent et mettent en œuvre ces procédures en toute connaissance de cause. Quant à la base, elle est psychologiquement victime du phénomène de dilution des responsabilités : elle exécute une mission en sachant qu’elle est légale, qu’elle a été pensée par ses supérieurs, et en conclut que si le dispositif a été conçu ainsi, c’est probablement parce que c’était l’option la plus efficace. Ils savent que la conception n’est pas leur domaine d’expertise, et ce n’est pas ce qui leur est demandé. Leur métier et leur responsabilité consistent à être des techniciens de terrain, capables de mettre en œuvre localement une partie du dispositif et de travailler pour assurer leur propre sécurité ainsi que celle des autres. Dans leur esprit, la projection, les mises en perspective et les éventuelles conséquences de leurs actions sur notre futur ne relèvent pas de leur niveau de décision. La mission étant légale, elle ne peut être contestée sur le plan professionnel, et ce, de quelque manière que ce soit. Tout s’arrête ici.
Je n’ai donc aucun conseil à leur donner, si ce n’est de s’éveiller par la lecture, et pourquoi pas, de découvrir mes propres écrits. J’ai eu de nombreux débats au travail avec certains collègues sur ce type de sujet, notamment pendant la période du Covid. Ces débats étaient houleux, énergivores et parfois très tendus, où l’interlocuteur contradictoire finissait toujours par reconnaître son erreur. Cependant, cela reste stérile, car la conclusion est systématiquement la suivante : les débatteurs se rendent compte qu’ils ne sont que de petits pions et que l’institution est un énorme rouleau compresseur. Celui qui réalise que ce qu’il fait n’est pas bon entre dans le déni, car il comprend qu’il n’a que deux options : exécuter ou quitter. J’ai choisi la seconde. Certains restent en continuant de critiquer, mais sans faire trop de vagues non plus, de peur d’avoir des problèmes… C’est peu glorieux.
Vous avez souvent appelé à la résistance contre ce que vous considérez comme des dérives autoritaires. Quelles actions concrètes proposez-vous aux citoyens pour protéger leurs libertés ? Comment les citoyens peuvent-ils rester informés et vigilants face à ces dérives ?
Lorsque nos libertés sont en jeu, il est essentiel de se battre. En tant que modestes citoyens, nos moyens sont limités, mais le peuple représente une force que nos élites cherchent à contenir pour maintenir leur statut d’« élite ». Pourtant, elles ont paradoxalement besoin du peuple pour entretenir leur mode de vie parasitaire. L’entité peuple est à la fois dénigrée et redoutée. La lutte ne devient efficace que lorsqu’elle est menée par un nombre suffisant d’individus. Cependant, dans la société du spectacle actuelle (au sens de Debord), même le reflet de nos actions peut être falsifié. L’émulation d’un mouvement peut être rapidement freinée par les médias, qui sciemment dissimuleront son importance. Le mensonge médiatique est la constante de cette société, qu’il soit effectif ou par omission. Face à cela, la meilleure stratégie demeure la désobéissance civile. Bien que difficile, elle implique un aspect sacrificiel et une prise de risque à notre échelle. Il faut assumer ce risque et prendre notre part de responsabilité en étant prêts à en assumer les conséquences. Comme l’écrivait Étienne de La Boétie, si nous sommes asservis, c’est parce que nous ne prenons pas nos responsabilités. Déléguer est utile, parfois nécessaire, mais lorsque nous devenons le dindon de la farce, il est temps de reprendre les rênes : le contraire s’appelle la servitude volontaire.
La désobéissance civile est d’autant plus dure que sa généralisation dans la société est longue et qui faut que le phénomène concerné se répète dans le temps, car chaque nouveau narratif entraîne une réadaptation (vous comprenez pourquoi nous transitons en permanence, des menaces sécuritaires, vers les menaces sanitaires puis écologiques). Elle repose sur le principe sociologique simple de l’adhésion à la norme. Si nous sommes peu nombreux à la rejeter, nous sommes considérés comme des “déviants”. En revanche, si nous sommes majoritaires, ce qui était initialement présenté comme la norme devient une déviance.
La dynamique de groupe joue un rôle complexe dans ce processus. Au départ, une action susceptible de prendre de l’ampleur est souvent initiée par un petit groupe. Cependant, sa propagation ne dépend plus uniquement du domaine de la pensée. Elle relève du conformisme et de l’imitation face au groupe, qui gagne en crédibilité à mesure qu’il prend de l’ampleur. Le travail des objecteurs de conscience vise à accroître le groupe de réflexion afin qu’il puisse, un jour, entraîner le reste de la masse par effet de non-pensée de groupe, même si nous ne pouvons rien attendre de cette masse.
Plus les individus sont instruits, moins ils sont sujets à la peur. Le savoir confère un pouvoir qui contraste avec la perte de contrôle induite par la peur. Malheureusement, depuis quelques décennies, nous sommes souvent maintenus dans un état de peur, alimenté par des scénarios catastrophes. Cette peur a un effet paralysant et diminue nos capacités intellectuelles, entravant ainsi notre mobilisation. Ajoutons à cela la grande entreprise d’abrutissement des masses par la télévision et par les programmes scolaires, et vous comprendrez que toute forme d’émancipation intellectuelle devient aujourd’hui très difficile.
Pour contrer cela, les citoyens doivent diversifier leurs sources d’information, lire des livres et cultiver leur propre pensée critique. L’apprentissage des méthodes d’investigation est également crucial : il s’agit d’apprendre à recouper les informations et à les vérifier. Il est essentiel de réapprendre à communiquer avec les autres, de ne pas rester isolé. En tant qu’acteur, chacun à son niveau, nous devrions essayer de convaincre les personnes encore sous hypnose. La clé réside dans la constance et la solidité de nos arguments. Malheureusement, la dissidence actuelle est parfois entachée par des individus qui manquent de sérieux et de rigueur intellectuelle, colportant ainsi de nombreuses inepties dangereuses.
Pour conclure, quel message souhaitez-vous transmettre à nos lecteurs en cette période de forte surveillance et de restrictions accrues ?
Gardez espoir, battez vous à votre niveau, ne soyez pas spectateurs ou attentistes mais acteurs, nous pouvons tous être force de proposition ! Nous traversons une période de confrontation idéologique intense à l’échelle mondiale, et les choses évoluent rapidement. Nos persécuteurs rencontrent des difficultés réelles, leurs plans ne se déroulent pas comme prévu. Bien sûr, l’entreprise de destruction économique et de dissolution nationale entrainera une inévitable casse sociale de grande ampleur, mais je suis convaincu que des alternatives politiques émergeront pour enterrer et remplacer cette Cinquième République épuisée et condamnée. Ils détruisent pour recréer, ne les laissons pas recréer leur modèle.
Nous touchons le fond, et bientôt viendra le moment de prendre l’impulsion pour remonter à la surface. Je constate que de nombreux dissidents connus et très suivis souhaitent se rassembler et outrapasser leurs divergences, pour proposer des solutions ; j’oeuvre moi même dans ce sens, il nous faut un mouvement capable de fédérer, cela va être le gros travail de cette rentrée. Notre union et notre organisation sont leur plus grandes craintes. Il nous faut de véritables représentants du peuple, qui ne travaillent pas pour leurs intérêts personnels, l’argent, l’ego ou la carrière. Nous avons également une exigence politique de transparence absolue et de probité, ce qui coule de source quand on travaille dans le seul intérêt du peuple.
Où peut-on trouver plus d’informations sur votre travail et vos publications ?
Tout d’abord, je vous encourage à découvrir mon ouvrage Alice au pays de Lucifer, publié chez Ka’Editions. Il explore les mécanismes spectaculaires et illusoires de l’inversion des valeurs caractérisant notre époque, mécanismes qui nous maintiennent dans un état de servitude allant jusqu’à la réification de l’Homme.
Vous pouvez retrouver mes publications sur le site Profession Gendarme, dont je suis vice-président, en tapant mon nom-prénom dans la barre de recherche.
Idem sur le think-tank strategika.fr.
J’ai aussi des parutions vidéos sur des sites tels que TV liberté, Le Média en 4-4-2 (je salue Marcel au passage), géopolitique profonde : elles sont toutes regroupées sur ma chaîne Youtube « François Dubois Profession Gendarme ».
Il m’arrive aussi de donner des conférences. La prochaine en ligne portera sur le thème : « forces de l’ordre, protéger ou servir l’empire ? », je l’ai donnée pour égalité & réconciliation (sortie prévue pour la rentrée).
Enfin, pour les personnes qui vont sur X, voici mon lien @F_DUBOIStweet.
- Source : Mayenne Aujourd’hui