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Lundi, 29 Avr. 2024

Ukraine : Le remplacement de Zaloujny par Boudanov annonce-t-il le passage de la guerre conventionnelle à la guerre insurrectionnelle ?

Auteur : Stephen Bryen | Editeur : Walt | Vendredi, 26 Janv. 2024 - 13h11

Volodymyr Zelensky, le leader ukrainien, serait prêt à remplacer Zaloujny, le chef des armées, par le chef des renseignements Boudanov, alors que son gouvernement se prépare à perdre une guerre qu’il n’a plus les moyens de financer. 

Selon des rumeurs qui circulent à Kiev, le président ukrainien Volodymyr Zelensky va limoger le chef de ses forces armées, le général Valeri Zaloujny. 

Zelensky et Valeri Zaloujny sont en désaccord depuis un certain temps. Zelensky utilisera probablement le prétexte des pertes subies à Avdeevka, un bastion militaire ukrainien situé juste au nord de Donetsk. La rumeur veut que Kyrylo Boudanov, chef du renseignement militaire, remplace Valeri Zaloujny. 

Les rapports de terrain montrent que les Russes ont progressé dans la partie sud de la ville, où ils ont détruit de nombreuses tranchées et fortifications, et l’avancée russe se renforce et s’élargit la force au fur à mesure que de nouvelles troupes sont envoyées au combat. 

Il ne fait guère de doute que la Russie va réussir à prendre la ville. L’armée ukrainienne est sans doute capable de retarder les Russes, mais elle n’est pas en mesure de les arrêter. l’Ukraine pourrait envoyer des forces supplémentaires pour augmenter ses chances, mais ce serait aux dépens des autres fronts, où elle se retrouverait alors sous la menace d’une avancée russe. 

Avdeevka, quelle que soit son importance, n’est qu’un prétexte pour Zelensky. Il a besoin de personnes loyales autour de lui, car sa situation devient de plus en plus précaire. Ses alliés européens et américains, qui prétendent toujours vouloir lui donner tout ce qu’il veut en armes et en aide financière, ont compris que l’Ukraine n’était pas en capacité de résister à la pression militaire russe. 

C’est pourquoi l’Europe est aujourd’hui en proie à la panique et Washington à la recherche d’une nouvelle stratégie. L’Europe pense que si la Russie gagne en Ukraine, comme cela semble désormais probable, elle menacera l’Europe, ce à quoi cette dernière n’est pas préparée. 

Les chefs de l’OTAN et les politiciens en Allemagne, en Suède, aux Pays-Bas, en Estonie, en Pologne et ailleurs, réclament à cor et à cri un renforcement des défenses de l’OTAN. 

L’exercice militaire de l’OTAN prévu pour fin janvier et qui durera près de cinq mois, vise à démontrer à la Russie que l’OTAN est prête à se battre. Mais il pourrait également montrer aux Russes le meilleur chemin à suivre en cas de conflit. 

Les manœuvres de l’OTAN, qui doivent soi-disant réunir 90 000 soldats, ont été baptisées «Steadfast Defender» (Défenseur inébranlable) et sont censées renforcer l’image de solidité de l’OTAN. Les Russes, quant à eux, ont annulé leur grand exercice militaire du nom de Zapad (Ouest). L’Europe a compris le message. La Russie signale qu’elle se concentre sur la formation de ses nouveaux soldats, marins et aviateurs. 

L’Europe n’a pas beaucoup de marge de manœuvre, car sa sécurité dépend étroitement des États-Unis. Depuis l’effondrement de l’Union soviétique, et peut-être même bien avant, les Européens se sont concentrés sur les dépenses sociales et ont peu investi dans les programmes de défense. 

Pire encore, nombre d’entre eux ont envoyé leurs réserves stratégiques de matériel de guerre en Ukraine, ce qui les laisse avec des entrepôts vides. 

Le gouvernement de l’Allemagne, qui avait promis de reconstruire les forces armées du pays sous le slogan Zeitenwende (Tournant), a, en réalité, fait main basse sur le fonds de 108 milliards de dollars pour envoyer de l’argent et des armes à l’Ukraine. 

Alors que la Russie semble avoir ordonné à ses entreprises de faire les trois huit pour produire plus d’armements, peu de choses ont été faites en Europe ou aux États-Unis pour augmenter réellement la production

On y constate, en fait, des pénuries de main-d’œuvre, des problèmes de chaîne d’approvisionnement et des retards de commandes. Sans compter que les États-Unis ont envoyé en Ukraine la plus grande partie du matériel essentiel à la guerre qu’ils avaient en stock, ce qui laisse planer une grande incertitude sur la capacité des États-Unis à sauver l’Europe, à supposer même qu’ils le veuillent. 

Indépendamment de la crédibilité, ou de l’absence de crédibilité, d’une menace russe imminente pour l’Europe, les États-Unis sont en train de changer de stratégie car ils se sont rendu compte qu’ils ne peuvent pas gagner une guerre conventionnelle contre la Russie. (Ce qui signifie également qu’ils ne peuvent pas gagner une guerre conventionnelle contre la Chine, ni peut-être même contre l’Iran ou les minuscules Houthis). 

Tout cela est clairement visible en Irak, où les bases et les installations américaines sont régulièrement bombardées par les milices iraniennes, sur ordre de Téhéran. L’objectif est que les troupes américaines quittent l’Irak et la Syrie, ce qui démontrerait que les États-Unis ne sont pas fiables et qu’on ne peut pas compter sur eux. 

La nouvelle politique à l’égard de l’Ukraine est apparue au cours des derniers mois. Elle est conçue pour faire face à la nouvelle réalité, à savoir que l’Ukraine va perdre la guerre et que le gouvernement ukrainien devra peut-être évacuer Kiev. L’arrivée de Boudanov aux commandes, y compris pour le transfert de la capitale de l’Ukraine, probablement à Lviv, est le fondement de cette nouvelle politique. 

Sur le plan opérationnel, cela consistera probablement à recourir à des opérations spéciales, des assassinats, des attentats à la bombe et tout autre moyen, y compris éventuellement l’explosion d’un réacteur nucléaire, pour punir les Russes et les déstabiliser. 

Zelensky prépare déjà le terrain en affirmant que la Russie va faire exploser un réacteur nucléaire. Les Russes sont sans doute parfaitement conscients que la cible sera un réacteur situé dans l’ouest de la Russie et que ce seront des saboteurs ukrainiens qui se chargeront de la mission. 

Les trois impératifs de Washington  

Washington a trois impératifs. Le premier est de pouvoir poursuivre la guerre et continuer à demander de l’argent au Congrès. Il s’agit là d’une tâche difficile, car si l’Ukraine s’effondre, il sera difficile de demander le soutien financier d’une cause perdue. 

Mais à vrai dire, l’administration Biden n’espère probablement pas que le Congrès débourse davantage de milliards, surtout s’il est pratiquement certain que ce serait à fonds perdus. Ce qu’ils veulent, c’est pouvoir accuser le Congrès et les Républicains de la défaite de l’Ukraine.

Le deuxième impératif est de maintenir un gouvernement ukrainien pro-occidental en état de fonctionnement, même s’il doit quitter Kiev. Cela signifie également que le gouvernement actuel doit survivre politiquement : si un coup d’État se produit, c’est fini. 

Washington doit donc empêcher un effondrement politique. Ce n’est pas une mince affaire, les Ukrainiens sont, à juste titre, mécontents, et même très malheureux car les jeunes et les moins jeunes sont obligés d’aller faire une guerre perdue d’avance et nombre d’entre eux ne rentrent pas chez eux. 

Le troisième impératif est de maintenir la Russie hors d’Europe, c’est-à-dire d’empêcher les pays européens de conclure leurs propres accords avec Moscou. Si Kiev disparaît, l’Europe et l’OTAN disparaissent aussi. 

Si les Russes parviennent à mettre en place un gouvernement pro-russe à Kiev, les Européens devront trouver une solution concrète pour vivre avec Moscou. L’acteur clé est l’Allemagne et le gouvernement allemand actuel ne veut pas parler à la Russie, du moins pas maintenant. Mais cela pourrait changer dans un avenir proche. 

Si l’Ukraine tombe, l’Allemagne devra changer de politique. Pour son gouvernement, le moyen le plus simple de changer de direction serait d’accuser les États-Unis de quelque chose, comme par exemple la destruction du gazoduc Nord Stream. Cela ouvrirait la porte à un dialogue avec Poutine.

Traduction Dominique Muselet


- Source : Asia Times (Canada)

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