Dossier enquête 2.0 : La Légion internationale
Dernièrement, nous vous proposions une enquête sur les effectifs de la Légion internationale de défense territoriale de l’Ukraine. Mais un nouveau groupe de hackers russes a publié il y a quelques jours une nouvelle liste de documents concernant les mercenaires étrangers. C’est un total de plus de 270 hommes dont l’identité et les origines étaient révélées. Le nouveau total est désormais de 1 625 mercenaires, dont 1 044 dans la légion ukrainienne. Les outils en plus des documents fournis par les hackeurs russes n’ont pas changé à savoir : le groupe Telegram TrackANaziMerc, mais aussi du site ForeignCombatants, du site WarTears, et du site Nemezida. Comme nous avons beaucoup creusé le cas des volontaires français, qui se chiffrent désormais à 127 hommes, nous avons choisi de les traiter à part. Il en va de même comme je l’ai déjà dit, et parce qu’ils ont des unités spécifiques, des djihadistes tchétchènes de l’Ichkéria, des Géorgiens, des transfuges biélorusses, mais aussi des autres transfuges de Russie, sans parler des mercenaires dans d’autres unités ukrainiennes. Leur nombre se monte à 581 hommes.
Un nouveau hack qui éclaire un peu plus le sujet. Ce nouvel apport m’a décidé à faire une nouvelle analyse d’autant que le nouveau hack concerne des hommes arrivés avec la première vague de mercenaires étrangers (printemps 2022). Le précédent hack de documents concernait la formation du dernier bataillon de la Légion internationale (4e bataillon formé dans l’été 2023), et qui montrait une vague d’enrôlements concernant beaucoup d’hommes venus d’Asie, d’Amérique du Nord, Centrale et du Sud. La première vague au contraire était constituée de beaucoup d’Anglo-saxons, mais aussi d’Européens, mais la présence des Colombiens était déjà importante. Après décompte, car nous avions déjà certains de ces profils, et écartement des Français, Biélorusses, Géorgiens et transfuges de Russie pour les raisons que j’ai précédemment évoquées, nous avons donc un apport de 207 hommes, pour un total de 1 044 mercenaires. Un bel échantillon qui nous permet de vous présenter comme la dernière fois, pays par pays, continent par continent, la nouvelle étude que voici :
Les volontaires anglo-saxons, la confirmation de leur grand nombre. Avec un nouveau total de 357 mercenaires (contre 280 précédemment), le monde anglo-saxon reste le principal pourvoyeur de mercenaires pour la Légion internationale. L’Allemagne qui comprenait très peu de mercenaires se hisse à la 4e place, avec un contingent toutefois assez réduit, mais qui intégré à l’Europe occidentale fait d’elle un des pays les plus importants pour le recrutement. Les Américains sont 55,1 % de ce groupe, suivis des Britanniques avec 19,04 %, puis des Canadiens avec 10,92 % du lot. Pour l’ensemble des mercenaires le monde anglo-saxon concerne un total de 34,19 %, un chiffre impressionnant représentant le tiers des mercenaires dont nous connaissons l’engagement. Notons que les Africains du Sud sont tous des descendants des Afrikaners, et que parmi les Canadiens se trouvent quelques francophones du Québec, mais aussi quelques descendants de la diaspora ukrainienne bandériste. Pour ce dernier fait, c’est bien sûr aussi le cas des Américains. Pour ces derniers, de nombreux états sont concernés, avec une petite domination des anciens états de la Confédération, et donc du Sud des USA. Nous y trouvons également quelques égarés issus des unions entre soldats US et femmes vietnamiennes, mais aussi des Américains d’origines hispaniques, ainsi qu’un unique représentant d’une tribu indienne (Navajo). L’expérience militaire reste forte chez ces mercenaires mais ne concerne que des guerres d’hégémonie menées essentiellement contre la Yougoslavie, la Syrie, l’Irak ou l’Afghanistan. Aucun d’eux n’avait connu de guerres de l’intensité de celle qu’ils doivent mener en Ukraine.
Afrique du Sud, 9 mercenaires,
Allemagne, 24,
Australie, 14 (+ 2 dans Carpathian Sich), (+ 2 dans la Légion nationale géorgienne), Total 18,
Canada, 39 (+ 2 dans la Légion nationale géorgienne), (+ 1 dans la 1ère brigade spéciale Ivan Bogun), (+ 10 dans la brigade Norman), Total 52,
Nouvelle-Zélande, 6 (+ 1 dans la brigade Norman), Total 7,
Royaume-Uni, 68 (+ 3 dans Carpathian Sich), (+ 3 dans la Légion nationale géorgienne), (+ 1 dans les rangs d’Azov), (+ 2 dans la 36e brigade d’infanterie de marine), Total 77,
USA, 197 (+ 4 les mercenaires servant dans le bataillon Carpathian Sich), (+ 11 dans la Légion nationale géorgienne), (+ 4 dans Azov), (+ 4 dans la 1ère brigade spéciale Ivan Bogun), (+ 1 dans les unités de djihadistes tchétchènes), (+ 1 dans la 36e brigade d’infanterie de marine), Total 222.
Colombian Sich, l’afflux de Colombiens en Ukraine se confirme. C’était la surprise de l’étude précédente, qui se confirme largement dans la nouvelle étude. Pour l’Amérique du Sud et Centrale, leur nombre est désormais de 299, un chiffre également considérable représentant 28,63 % du total général (en augmentation). Les trois pays qui s’illustrent toujours dans ce continent sont la Colombie avec 40,8 % du lot, le Brésil avec 38,79 %, puis le Pérou avec 7,35 %. La Colombie dépasse désormais d’une tête le Brésil et fait également impressionnant, les deux pays à eux seuls représentent 79,59 % de la totalité des mercenaires de ce groupe. Ajouté au Pérou, c’est une éclatante domination des trois pays sud-américains pour un total de 86,95 % des mercenaires. L’Argentine, malgré l’élection d’un Président atlantiste hostile à la Russie, confirme que son peuple résiste bien aux sirènes américaines et ukrainiennes. Pour les trois pays de tête, les raisons sont toujours celles que nous avons évoquées, un mercenariat pour l’argent n’ayant pas ou peu d’implication idéologique. Le Brésil pose évidemment plus de questions, pays membre des BRICS, mais les pays naturellement hostiles aux USA résistent à l’inverse parfaitement (Bolivie et Venezuela). On notera l’imperméabilité des Caraïbes à l’envoi de mercenaires, nous n’avons trouvé aucun enrôlé dans cette zone (Bahamas, Barbade, Cuba, Dominique, Grenade, Haïti, Jamaïque, République dominicaine, Saint-Christophe, Saint-Vincent, Sainte-Lucie et Trinité et Tobago). Notons aussi une certaine résistance des pays d’Amérique centrale, avec l’absence du Belize, du Guatemala (victime des USA par le passé), du Honduras, du Nicaragua, du Panama, et du Suriname. Un seul pays, et l’un des plus modestes en Amérique du Sud n’a pas envoyé de mercenaires en Ukraine : le Paraguay. Ce grand groupe conserve sa deuxième place pour l’envoi de mercenaires, et ajouté à celui des Anglo-saxons d’Amérique du Nord (USA et Canada), comprend 535 mercenaires, pour 51,24 %. C’est aussi un chiffre qui laisse penseur, plus de la moitié des enrôlés viennent du grand continent américain, ce qui démontre aussi la puissance de l’influence américaine sur toute la zone (chasse gardée). Comme en son temps la perfide Albion, les USA sont donc capables d’envoyer se faire tuer des représentants de peuples dont les intérêts sont à mille lieues de l’Ukraine. Mourir pour l’Oncle Sam est une réalité.
Argentine, 8
Bolivie, 1,
Brésil, 116 (+ 2 dans Carpathian Sich), Total 118,
Chili, 5,
Colombie, 122 (+ 21 dans Carpathian Sich), Total 143,
Costa Rica, 4
Équateur, 6
Mexique, 11
Pérou, 22
Salvador, 1
Uruguay, 2,
Venezuela, 1.
La vieille Europe, la confirmation du phénomène SS Viking/Norland. Avec 205 mercenaires référencés dans la Légion internationale, la vieille Europe peine finalement à envoyer d’importants contingents. Le total représente 19,63 % des mercenaires de la liste (en légère augmentation), mais le phénomène des pays scandinaves se confirme. A eux seuls les 4 pays que sont le Danemark, la Norvège, la Finlande et la Suède fournissent 65 mercenaires soit 31,70 % du total européen (en augmentation). Ce fait est à mettre en corrélation à ce que j’expliquais dans la précédente étude, à savoir l’attrait des Scandinaves pendant la Seconde Guerre mondiale pour les divisions SS (Viking et Norland). Les pays européens les plus prolixes sont à la première place la Pologne, suivie de la Norvège, de l’Espagne, de la Finlande et de la Suède. Trois des pays scandinaves sont dans le top 5 du classement européen. L’Allemagne, si elle était comptée dans ce groupe continental européen se placerait en seconde position derrière la Pologne. Notons l’arrivée des Baltes, mais seulement d’Estonie et Lituanie avec 6,8 % du total. Vis-à-vis du passé historique de l’Italie, l’on peut dire que ce pays qui était l’un des plus importants partenaires commerciaux de la Russie, résiste finalement assez bien à la propagande. Enfin les pays qui n’ont pas envoyé de volontaires sont quelques minuscules principautés (Andorre, Monaco, Saint-Marin, Liechtenstein, sans parler du Vatican), mais aussi des îles de la Méditerranée comme Malte ou Chypre (par tradition pro-russe), le Luxembourg, l’un des fondateurs historiques de l’Union européenne, mais aussi le pays le plus riche du monde (en termes de richesse par habitants). Ajoutons que nous n’avons pas trouvé d’Islandais, malgré leur appartenance au groupe scandinave, et qui à l’inverse de leurs cousins ont été farouchement opposés à l’entrée dans l’UE. Trois pays du continent n’ont pas envoyé de mercenaires, tous autrefois dans l’espace de la Yougoslavie (victime de l’OTAN), à savoir le Monténégro, la Slovénie et la Macédoine.
Albanie, 0 (+ 1 servant dans la Légion nationale géorgienne),
Belgique, 6,
Bosnie-Herzégovine, 3,
Bulgarie, 2 (+ 1 dans Azov), Total 3,
Croatie, 6 (+ 1 dans Carpathian Sich), (+ 1 dans Azov), Total 8,
Danemark, 10
Espagne, 20 (+ 1 dans Carpathian Sich), Total 21,
Estonie, 6,
Finlande, 18,
Grèce, 3,
Hongrie, 2,
Irlande, 5 (+ 1 dans Carpathian Sich), (+ 1 dans la Légion nationale géorgienne), Total 7,
Italie, 13,
Kosovo, 1,
Lettonie, 0 (+ 1 les mercenaires servant dans le bataillon Carpathian Sich), Total 1,
Lituanie, 8 (+ 1 dans les transfuges de Crimée), Total 9,
Moldavie, 8,
Norvège, 22 (+ 1 servant dans les rangs du régiment Azov), Total 23,
Pays-Bas, 5,
Pologne, 30 (+ 1 dans Carpathian Sich), (+ 1 dans la Légion nationale géorgienne), Total 32,
Portugal, 6,
Roumanie, 6 (+ 1 dans Carpathian Sich), (+ 1 dans Azov), Total 8,
Serbie, 2,
Slovaquie, 1,
Suède, 15 (+ 2 dans Azov), (+ 1 dans la 1ère brigade spéciale Ivan Bogun), (+ 1 dans la 36e brigade d’infanterie de marine), Total 19,
Suisse, 4,
Tchéquie, 3 (+ 1 les mercenaires servant dans le bataillon Carpathian Sich), Total 4.
L’Asie une situation stationnaire. La situation de la zone du continent de l’Asie est quasi inchangée. C’est un total de 140 hommes, représentant 13,41 % du total (en légère baisse), avec les mêmes constatations que dans l’étude précédente que je vous invite à consulter. Les seules nouveautés sont l’apparition d’un égaré de Chine (qui s’ajoute au fameux Papou). On notera simplement l’absence de pays se sentant très peu concernés par la guerre en Ukraine, et qui furent parfois victimes des guerres colorées américaines. Certains sont aussi traditionnellement plutôt pro-russes. Parmi les absents citons la Palestine, la Jordanie et l’Iran (et pour cause !), l’Arabie Saoudite, le Qatar, Oman et les Émirats Arabes Unis (pour les mêmes raisons que le Luxembourg sans doute), le Tadjikistan, la Mongolie, le Bhoutan. Et plus loin, souvent victimes des USA et des Occidentaux, la Birmanie, le Laos, le Cambodge, l’Indonésie et enfin la Corée du Nord. Comme dans la précédente étude, en dehors de la Légion, la Géorgie, les transfuges de l’Ichkéria sont de loin les plus nombreux. Au sein de la Légion les pays en tête ne changent pas.
Afghanistan, 3,
Arménie, 1 (+ 1 servant dans la Légion nationale géorgienne), Total 2,
Azerbaïdjan, 5 (+ 2 dans la Légion nationale géorgienne), Total 7,
Bangladesh, 4 (+ 1 dans Carpathian Sich), Total 5,
Chine, 1,
Corée du Sud, 6,
Géorgie, 1 (+ 109 dans la Légion nationale géorgienne), (+ 4 dans Carpathian Sich), (+ 5 dans Azov), (+ 2 dans les unités de djihadistes tchétchènes), Total 120,
Inde, 15 (+ 1 dans la Légion nationale géorgienne), Total 16,
Irak, 1,
Israël, 10 (+ 1 dans la Légion nationale géorgienne), Total 11,
Japon, 8 (+ 1 dans les unités de djihadistes tchétchènes), Total 9,
Kazakhstan, 1 (+ 2 dans le bataillon/section Touran), Total 3,
Kirghizstan, 0 (+ 1 servant dans le bataillon/section Touran), Total 1,
Liban, 1,
Malaisie, 2,
Népal, 20,
Nouvelle-Guinée (Papouasie), 1,
Ouzbékistan, 1 (+ 3 dans les transfuges de Crimée, Russie), Total 4,
Pakistan, 10,
Philippines, 18,
Singapour, 1,
Sri Lanka, 7,
Taïwan, 7,
Thaïlande, 1,
Turkménistan, 1,
Turquie, 10,
Vietnam, 3,
Yémen, 2.
L’Afrique hermétique, la confirmation de la tendance. La situation est quasiment la même, avec un mercenaire de plus pour seulement 40 hommes pour l’ensemble du continent. Je vous renvoie donc à l’étude précédente, l’homme s’ajoutant à la liste étant du Nigeria. Ce total de mercenaires africains représente seulement 3,83 % de l’ensemble de la Légion internationale. Sur les 54 pays africains du continent, seulement 17 sont représentés et souvent par un seul et unique représentant. Les trois pays de tête qui sont le Nigeria, l’Égypte et le Kenya, sont tous des pays de l’ancien espace colonial britannique et représentent 42,5 % du total. En ajoutant les autres pays de cet ancien empire, le pourcentage monte à 65 %. Il est donc évident que des reliquats de l’influence britannique perdure encore dans quelques rares têtes de ces pays (comme dans l’ancien espace colonial français). Il est intéressant également de noter l’absence presque totale des pays des anciens empires coloniaux portugais et italiens, avec la Somalie, l’Éthiopie, l’Érythrée, la Libye, l’Angola et le Mozambique (1 unique mercenaire du Cap Vert ancienne possession portugaise). Une partie de ces pays auront été par ailleurs victimes de guerre de l’OTAN, ou déclenchées par la Guerre Froide, ou de guerre post-coloniales.
Algérie, 2,
Cameroun, 1,
Cap Vert, 1,
Congo, 1,
Côte d’Ivoire, 1,
Égypte, 5,
Ghana, 2,
Kenya, 5,
Madagascar, 1,
Maroc, 2 (+1 dans la 36e brigade d’infanterie de marine), Total 3,
Namibie, 2,
Nigeria, 7,
Ouganda, 1,
Sénégal, 1,
Togo, 1,
Tunisie, 3,
Zimbabwe, 4.
Conclusion. Ces nouvelle données viennent confirmer toutes les tendances de l’enquête publiée dans nos lignes très récemment. Il faut redire que les effectifs annoncées par l’Ukraine de 20 à 30 000 mercenaires étrangers sont une vaste plaisanterie (ici repris par la propagande française sans vérification dans FranceInfo). Mais nous ne pouvions attendre de Kiev (et de la France) que ce genre de réalités fantasmées. La Légion internationale cependant est plus forte que la demi-douzaine d’unités qui forment son cadre (5 ou 6 bataillons). Il faut y ajouter les unités de transfuges russes (dont la Légion Russie Liberté, les insignifiants bataillons Sibérie et Touran), la demi-douzaine d’unités de djihadistes divers (transfuges tchétchènes et Tatars de Crimée), un corps aux contours assez flous de transfuges biélorusses, et enfin les deux ou trois unités géorgiennes. En assemblant le tout, nous avons un listing de plus de 1 600 mercenaires, avec un effectif maximal probable de 5 à 8 000 hommes en comptant vraiment très large. Des enquêtes anglo-saxonnes affirment par ailleurs que son effectif se situerait entre 1 500 et 3 000 opérationnels. L’Ukraine avouait un total de 332 tués dans la Légion, auxquels il faut ajouter un certain nombre de blessés graves qui ne reviendront jamais sur le front. Ce chiffre est évidemment sujet à controverse puisque fournit justement par la propagande ukrainienne. A noter également que le bombardement au petit jour de la base de Yavorov (13 mars 2022), aurait coûté à lui seul 100 tués, et selon des sources russes 180. On peut donc penser que ces pertes seraient supérieures, probablement de deux ou trois fois, en n’omettant pas d’y ajouter les blessés graves. Enfin au moment où je terminais cet article, les Russes publiaient une liste de 2 574 mercenaires, un troisième opus de l’enquête sera donc nécessaire !
- Source : Donbass Insider (Donbass)