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Vendredi, 29 Mars 2024

Les bouchers de Tel Aviv et de Washington (Partie I)

Auteur : Observateur Continental | Editeur : Walt | Vendredi, 19 Mai 2023 - 18h18

Le Général français (2S) Dominique Delawarde – Ancien chef «Situation-Renseignement-Guerre électronique» à l’Etat-major interarmées de planification opérationnelle, a donné à Observateur Continental une lettre témoignage du 17 mai 2023 à ses amis après son retour de Syrie. 

Mes chers amis,

Je me suis rendu en Syrie du 27 avril au 4 mai dernier avec un petit groupe militant contre l’embargo imposé par les USA à ce pays, embargo qui frappe principalement les populations civiles depuis douze ans. Rappelons qu’une partie de ces populations a été durement touchée par un tremblement de terre dans un passé très récent et rappelons aussi que ces sanctions US unilatérales et anti-syriennes viennent tout juste d’être prolongées pour un an par l’administration Biden.       

Ayant une confiance très limitée dans nos médias mainstream pour traiter objectivement d’un sujet concernant le Proche-Orient, l’État d’Israël et les États-Unis, je tenais à me rendre compte par moi-même des dommages causés par cette stratégie des sanctions. Celle-ci est utilisée sans modération par les USA et leurs vassaux européens, agissant souvent en «proxies» d’Israël, contre tous les États refusant de se soumettre aux volontés et à l’hégémonie de l’occident global.      

Ce type de stratégie consiste en une véritable prise en otage des populations civiles auxquelles on applique la sanction collective dite «de l’embargo» qui va les faire souffrir autant qu’il est possible, pour les punir de s’être choisi un dirigeant qui refuse de servir les intérêts occidentaux, c’est à dire du «camp du bien» auto-proclamé

Ces sanctions, de nature économique, peuvent être redoutablement efficaces et provoquer indirectement la mort de dizaines, voire de centaines de milliers de civils dans une relative discrétion. Elles peuvent parfois s’avérer plus meurtrières, sur la durée, qu’une guerre ouverte de haute intensité (souvenons-nous des deux croisades «anti-Saddam Hussein» conduites par les USA en Irak, sous des prétextes mensongers). 

S’agissant de la Syrie, ces sanctions ont été adoptées à la suite d’une tentative de révolution colorée ratée, organisée en mars 2011 par une «coalition occidentale» (US-UK-FR + UE-OTAN) au profit et à l’instigation d’Israël, avec sa participation active, dans le but de renverser Bachar el Assad, de faire cesser le soutien syrien à la cause palestinienne, de démembrer le pays, à l’image de l’ex-Yougoslavie, de remodeler les frontières de la Syrie, d’en annexer une partie, de créer un Kurdistan allié d’Israël, pour faire obstacle à l’émergence d’un «croissant chiite» perçu, à tort ou à raison, comme une menace existentielle, et de mettre des dirigeants plus complaisants que Bachar el Assad aux frontières de l’État Hébreu. Rappelons-nous les propos sans ambiguïté de Roland Dumas, dix ans ministre des Affaires étrangères de François Mitterand et les propos très clairs du général US Westley Clark, tenus en 2007. 

La première bonne nouvelle pour la Syrie de Bachar el Assad a été le soutien militaire apporté par la Russie de Poutine en septembre 2015, à la demande du seul gouvernement légal reconnu par l’Onu. Par ce soutien, la Russie a mis en échec les actions malfaisantes inspirées par Israël à ses proxies anglo-saxons et français, et a fait reculer les terroristes islamistes instrumentalisés, soutenus et armés par les occidentaux. 

Jusqu’au-boutiste dans ses objectifs, Israël poursuit aujourd’hui, en mai 2023, les bombardements réguliers sur le territoire de son voisin syrien, alors que cet État ne l’agresse pas. Ces bombardements se font dans l’indifférence totale de l’Onu, des médias et des gouvernements occidentaux qui construisent sans cesse des narratifs visant à noircir l’image de Bachar el Assad. 

Certains de ces narratifs vont jusqu’à qualifier Bachar el Assad de «Boucher de Damas» alors même qu’il dispose du soutien de l’écrasante majorité de son peuple, sans lequel il aurait perdu le pouvoir depuis longtemps.       

J’ai pu constater, lors de mon séjour en Syrie, l’extraordinaire résilience du peuple syrien qui s’oppose depuis 12 ans, avec succès, aux visées géopolitiques et machiavéliques de l’État hébreu et de ses proxies anglo-saxons et terroristes islamistes. 

 J’ai pu aussi constater la folie jusqu’au-boutiste israélienne qui va jusqu’à bombarder l’aéroport d’Alep quelques jours après le tremblement de terre qui a frappé la Turquie et la Syrie, alors même que l’aide humanitaire russe et celle des pays arabes y sont acheminées, au profit des populations civiles les plus touchées.     

La vérité, c’est que, s’agissant du Proche-Orient et Moyen-Orient les bouchers se trouvent à Tel Aviv, à Washington et à Londres.     

Ce sont bien ces pays qui ont semé le chaos et provoqué, directement ou indirectement, la mort de millions d’êtres humains au Proche-Orient et Moyen-Orient depuis l’effondrement de l’Union soviétique en se justifiant toujours par des narratifs et des prétextes mensongers (armes de destruction massive qui n’existaient pas ou lutte contre un terrorisme qu’on instrumentalise en sous main). 

Les bonnes nouvelles de 2022-2023, pour la Syrie découlent des conséquences de l’opération militaire spéciale russe en Ukraine. 

Incontestablement, les Russes ont changé la donne de la géopolitique mondiale en refusant l’extension à l’Est de l’Otan et l’arrivée à leurs frontières de bases militaires hostiles, comme l’avait fait Kennedy, pour son pays, lors de la crise des missiles de Cuba en 1962.  

Avec habileté, la Russie s’est posée en championne de la multipolarité et en opposition à l’hégémonie occidentale jugée tyrannique par de très nombreux pays. 

Elle a aussi fait apparaître la faiblesse militaire des pays membres de l’Otan qui refusent de s’engager militairement contre la Russie (et peut être la Chine) faute de disposer de moyens suffisants pour le faire et pour gagner, et faute de pouvoir rassembler et unir les populations et opinions occidentales sur un objectif russophobe (et sinophobe) qui est loin de faire l’unanimité. 

Elle a également fait apparaître grâce aux sanctions boomerang prises par les pays membres de l’Otan eux mêmes, les vulnérabilités économiques et financières d’un occident accroc à la dette et à la consommation d’une énergie jusqu’alors bon marché. 

Dans ce nouveau contexte créé par l’opération russe, de nombreux pays changent de camp. Depuis plus d’un an, la diplomatie occidentale enregistre échec sur échec face aux diplomaties russe et chinoise. 

Le nombre de demandes d’adhésion aux BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) et à l’OCS (Organisation de Coopération de Shangaï) explose ce qui est le signe d’un soutien croissant au camp de la multipolarité et d’un refus de l’hégémonisme des USA et de l’Otan.       

L’Afrique rejette toujours plus l’Occident, ses diktats, ses valeurs et ses modes d’action jugés néocoloniaux, et, en particulier, ceux de la France. Elle bascule dans les camps russe et chinois. 

Au grand dam des USA (et d’Israël), et sous l’égide de la Chine, l’Iran et l’Arabie saoudite se sont réconciliés en mars dernier, sept ans après la rupture des relations diplomatiques. 

Le président iranien, Ebrahim Raïssi, s’est rendu en visite officielle le 3 mai dernier à Damas pour y signer d’importants accords économiques et politiques.      

 La Ligue Arabe (22 états) a voté à l’unanimité la réintégration de la Syrie, exclue en 2011 sous la pression US-Israël. C’est un succès pour la diplomatie russe et une victoire éclatante de Bachar El Assad, qui reviendra donc auréolé de sa résistance à l’Occident. Pas un seul État arabe, sur 22, ne s’est soumis aux pressions US-Israël et a voté contre la réintégration. Les ambassades arabes ré-ouvrent les unes après les autres à Damas. 

L’unité du monde arabe, cauchemar d’Israël et des USA est en cours de reconstruction avec l’appui de la Russie et de la Chine. 

à suivre 

Dominique Delawarde, général français (2S), ancien chef «Situation-Renseignement-Guerre électronique» à l’Etat-major interarmées de planification opérationnelle


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