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Mercredi, 24 Avr. 2024

Quand le MAE de l’Inde mouche l’UE : ça se mange froid

Auteur : Modeste Schwartz | Editeur : Walt | Samedi, 11 Mars 2023 - 12h54

Interrogé, dans le cadre de la présidence indienne du G20, sur les importations indiennes d’énergies russes, le MAE Subrahmanyam Jaishankar a fourni une réponse cinglante pour l’UE, dont le ton – encore plus que le contenu – montre clairement ce qui se déroule derrière le miroir aux alouettes de la Guerre Froide réchauffée.

Car cette question – formulée avec un lourd accent germanique par une journaliste – était bien entendu, comme d’habitude dans un tel cas, une mise en demeure voilée de se soumettre aux dictats de l’Empire du Bien féministe, lequel a décrété que le pétrole russe (à la différence des très démocratiques hydrocarbures azéris et saoudiens) était un vecteur essentiel de la « culture du viol » poutiniste.

Jaishankar y réagit par une réponse de bon sens : l’UE, depuis le début de l’Opération Spéciale russe, a importé plus d’énergies fossiles russes que le total des 10 importateurs suivants sur la liste. Sous-entendu : le fait que l’Ukraine – désormais appelée à servir de bouc-émissaire au sabotage de North Stream en Mer Baltique – ne « parvienne » en revanche pas à couper les flux d’énergie russe qui passent sous son propre sol n’a pas échappé aux acteurs du Grand Sud – pas plus que le fait qu’une partie du gasoil qui met en mouvement les tanks ukrainiens… vient de Russie.

Inde – UE : l’addition qui s’approche

Mais l’élément le plus parlant, c’est le sourire de Jaishankar pendant qu’il mouche son interrogatrice : les anciennes colonies ne sont, de toute évidence, pas dupes de la pseudo-guerre mondiale « de civilisation » que deux factions rivales (euro-atlantique et moscovite) de l’Occident historique font mine de se livrer pour la plus grande gloire du Green Deal.

Réalisme qui s’étend d’ailleurs même aux ressortissants de ce Grand Sud qui, à la faveur d’allégeance davosiennes, sont – comme Rishi Sunak – arrivés (tels des généraux germains dans la Rome antique) au plus haut degré des appareils décisionnaires occidentaux.

S’il est, par conséquent, trop tôt pour dire si le pari de Davos (soviétiser le peu qui reste de la richesse occidentale, pour ne pas perdre la main à l’internesera gagné, il n’est plus trop tôt pour dire qui sortira fatalement gagnant de cette guerre civile du monde blanc camouflée en affrontement géopolitique : nos anciens coolies, dont le sourire méchant est le signe d’une mémoire longue.


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