L’étrange osmose entre l’entourage de Macron et l’entourage de Bolloré (et de Zemmour…)
Derrière les apparences conflictuelles, il y a les hommes et leurs étranges relations, parfois. Les deux dernières nominations à l'Elysée le prouvent : dans la pratique, elles témoignent d'une très grande proximité entre l'univers des Bolloré et l'univers de Macron. Jean Spiri et Anastasia Colosimo viennent en effet d'être aspirés de l'un à l'autre. Ces inconnus du grand public ont un parcours qui en dit long sur les réseaux qui influencent le pouvoir.
Si l’on en croit le Monde, l’Élysée vient de recruter deux “communicants” sous la houlette du communicant en chef Frédéric Michel, que nous avons déjà évoqué. Il s’agit de Jean Spiri et d’Anastasia Colosimo.
Tous deux ont la particularité d’être proches de la sphère Bolloré.
Un chef de cabinet pour Brigitte Macron
Premier recrutement : il s’agissait de remplacer le chef de cabinet de Brigitte Macron, parti à la tête du MUCEM, à Marseille, dans des conditions que nous avons détaillées. Pour ce poste inclassable et sensible, Frédéric Michel a déniché Jean Spiri.
Celui-ci présente plusieurs qualités, dont une que Le Monde se sent obligé de souligner (même Le Monde !) :
L’ancien conseiller LR, également militant de la cause LGBT, a rencontré Brigitte Macron lorsque celle-ci a visité, en octobre, les équipes des éditions Nathan, qui participent à l’Institut des vocations pour l’emploi, une initiative pour l’emploi qu’elle préside en partenariat avec le groupe LVMH.
Voilà un militant de la cause homosexuelle impliqué dans des actions du groupe LVMH, de Bernard Arnault. Que demander de plus ?
Il se trouve que Spiri est l’actuel secrétaire général d’Editis, une filiale du groupe Vivendi qui appartient à Bolloré. Le même Spiri a suivi un parcours d’élu LR, et Le Monde le présente comme un très proche de Xavier Bertrand.
« Je lui souhaite le meilleur », nous glisse Yannick Bolloré, le président du conseil de surveillancede Vivendi, qui a connu Jean Spiri lorsque celui-ci conseillait Michel Boyon, président du CSA, en 2007.
Voilà donc un Bolloré boy dans les jupes de Brigitte.
Une porte-parole pour l’international
Le recrutement d’Anastasia Colosimo se présente de façon un peu différente. Elle devient conseillère à la communication et à la stratégie pour l’international. Là encore, la description tout en finesse du Monde soulève du bout des lèvres les questions qui fâchent :
Celle qui doit devenir la voix de l’Elysée sur la politique étrangère est appréciée des sphères souverainistes et de la droite extrême. Sarah Knafo, ex-directrice de campagne et compagne d’Eric Zemmour, est l’une de ses bonnes amies depuis 2014. (…) Employée depuis quatre ans au cabinet de conseil en communication Richard Attias & Associates, en tant que « chief of staff », la trentenaire, qui vivait à New York, parle le russe, l’anglais, l’allemand et a quelques notions d’arabe.
On notera qu’Anastasia Colosimo est très hostile à Vladimir Poutine et… aux non-vaccinés, dont elle a dit dans un accès de sincérité à la télévision :
"refouler les non-vaccinés à l’hôpital « serait un bon moyen de sélection naturelle »"
Voilà donc une modérée, là encore proche d’un Bolloré boy (en l’espèce d’Eric Zemmour), à la manoeuvre.
Quel poids profond pour Bolloré dans la macronie ?
Ces deux nominations soulèvent la question du poids de Bolloré et de sa suite auprès d’Emmanuel Macron. On se souvient que, peu de temps avant l’effondrement d’Eric Zemmour dans les sondages, la famille d’Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée, avait racheté les activités africaines de Bolloré à bon prix.
Sur le fond, il y a une sorte d’osmose entre la sphère de Bolloré et l’entourage d’Emmanuel Macron dont l’histoire, un jour, nous dévoilera les arcanes.
- Source : Le Courrier des Stratèges