Élections américaines – Sur France Culture, Thomas Cluzel ment
Vous connaissez les arracheurs de dents ? Avant l’opération ils vous assurent qu’ils ne vous feront pas mal. Sur France Culture on cultive « l’esprit d’ouverture » mais on pratique le formatage des esprits dans le sens libéral libertaire. Un exemple avec le journal de 12h30 du vendredi 6 novembre 2020 de Thomas Cluzel sur les élections américaines
Verbatim, mensonge dans le mensonge
Les amateurs pourront se référer au podcast (à partir de 1’31’’), sinon voici le verbatim de l’introduction qui se réfère à l’incertitude des résultats au moment de l’émission.
« Cette attente semble être devenue tellement insupportable pour Donald Trump que le Président s’est posé hier et sans la moindre preuve en victime d’une vaste fraude électorale tout en affirmant avoir remporté le scrutin. Or, fait rare, face aux assertions mensongères du candidat républicain qui s’exprimait depuis la salle de presse de la Maison Blanche, plusieurs chaines de télévision qui ne souhaitaient pas se rendre coupables de désinformation, ont même renoncé à diffuser la totalité de l’intervention… ».
Analyse journalistique
En radio tout est écrit à l’avance, le présentateur n’improvise pas et il est possible que l’article traitant des élections ait été écrit par un autre que Thomas Cluzel. Mais celui-ci est le rédacteur en chef du journal, il relit tout et avalise le contenu. Il a donc donné son accord à ce texte.
On peut supposer la grosse machine de Radio France informée. Comment peut-elle affirmer avec certitude le vendredi 6 novembre à 12h30 qu’il n’y a eu aucune fraude ? Pour rappel, Kennedy contre Nixon en 1960 et Bush George contre Al Gore en 2000 ont été élus lors de scrutins frauduleux. Al Gore a été victime d’un véritable guet-apens en Floride finalement attribuée à Bush alors que le frère de celui-ci était gouverneur de l’État et a pesé de tout son poids pour favoriser George Bush. Rappelons aussi que le vote par correspondance a été supprimé en France en 1975 pour combattre la fraude. Remarquons enfin que plus de 40 millions de votes par correspondance ont été enregistrés aux États-Unis, sur plusieurs mois, certains arrivés avec certitude hors délais, autorisant toutes sortes de tripatouillages.
Qualifier « d’assertions mensongères » les dires de Trump n’est pas une attitude de journaliste, c’est un acte militant. Le présentateur aurait pu dire « assertions mensongères selon les démocrates » ce qui correspondait à la réalité. Préciser « sans la moindre preuve » ne correspond pas non plus à la réalité si on veut s’informer tant soit peu. Mensonge par occultation partielle des informations de terrain.
Taire le réel
Une attitude partisane condamnée par Glenn Greenwald quand il a quitté avec pertes et fracas The Intercept qu’il avait cofondé. Un départ motivé par un article qui dénonçait certaines affaires obscures du fils de Joe Biden et censuré par le journal au nom de la défense du Bien.
Mais le réel est remis à la semaine prochaine comme disait Philippe Muray. Comment un journaliste adepte de la charte de Munich peut-il ne pas réagir au scandale des chaines de télévision décidant de censurer un discours de Trump ? Le vocabulaire minorisant est choisi avec délicatesse, les chaines « ont renoncé à diffuser » ? Sans doute comme Twitter « a renoncé à diffuser » le compte Twitter de l’Ojim avec ses 6500 abonnés depuis début octobre 2020. Il n’y a pas une « renonciation à diffuser » mais bien une censure a priori. Pourquoi ? Parce que le réel compte peu. Il importe seulement de rééduquer le public par la censure, de défendre le Camp du Bien et si fraude il y a, tant pis ou plutôt tant mieux.
- Source : Observatoire du journalisme