Coronavirus : Des compagnies aériennes proposent des vols qui ne vont nulle part, et ça cartonne
AVIATION En dix minutes, une compagnie australienne a vendu jeudi tous les billets de son « vol pour nulle part », qui survole le nord de l’Australie avant de revenir à son aéroport de départ.
Etrange monde post-Covid. Si on vous avait dit, il y a six mois, que des compagnies aériennes vendraient des billets pour des vols qui ne vous emmènent pas plus loin que votre aéroport de départ, vous n’y auriez probablement pas cru. Mais le coronavirus est passé par là, clouant au sol de nombreux avions et leur équipage. Menacées par une crise économique historique, certaines compagnies aériennes basées en Asie et dans le Pacifique ont eu l’idée de proposer des vols pour les passagers en manque de voyage aérien.
Des passagers en manque de vol
Dans le quotidien américain New York Times, on peut ainsi lire le récit du voyage de Nadzri Harif, DJ pour la radio à Brunei. En août, il a remis les pieds dans un aéroport pour la première depuis six mois. Masqué, désinfecté, il a parcouru l’aéroport et a embarqué dans un A320 de la compagnie Royal Brunei Airlines. Une collation lui a été servie à bord.
Puis, au terme des 85 minutes de vol, l’avion s’est posé sur le tarmac de l’aéroport international de Brunei… Exactement là où il avait décollé un peu plus tôt. « Je ne m’étais pas rendu compte à quel point les voyages, et les vols, m’avaient manqué, jusqu’à ce que j’entende le message du capitaine nous souhaitant la bienvenue à bord et nous rappelant les mesures de sécurité », raconte Nadzri Harif au New York Times.
Plusieurs compagnies lancent des vols spéciaux
Il n’est pas le seul : en un mois, la Royal Brunei Airlines a effectué cinq vols similaires. D’autres compagnies vont plus loin en proposant des vols à thème. La taïwanaise EVA a fait voler un A330 décoré à l’effigie de Hello Kitty, avec 309 passagers, le jour de la Fête des pères à Taïwan, traçant un cœur dans le ciel.
EVA Air flight BR5288 took passengers east over the island of Yonaguni. Once southwest of Taiwan, it turned over the Taiwan Strait to leave the shape of a thumbs-up sign.????
— EVA Air (@EVAAirUS) August 23, 2020
This sign was intended to thank & encourage medical personnel worldwide fighting the coronavirus pandemic. pic.twitter.com/OQSJbV180q
La compagnie japonaise All Nippon Airways a embarqué 300 personnes pour un vol d’une heure et demie à bord d’un avion ambiance Hawaii. Le 17 septembre, la compagnie Qantas a aussi annoncé un vol « pour nulle part », au-dessus de l’Australie. Les billets ont été écoulés en dix minutes. Ils coûtent entre 787 et 3.787 dollars australiens (soit 484 à 2.330 €) et permettront de décoller de Sydney, le 10 octobre, et de survoler pendant sept heures les paysages de trois Etats, le Territoire du Nord, le Queensland et la Nouvelle-Galles du Sud, le tout sans besoin de montrer son passeport, de faire sa valise ou de se confiner au retour à l’aéroport.
Critiques sur l’impact environnemental
Les offres se multiplient car les clients sont demandeurs, soit pour compenser leur manque de voyage, soit pour découvrir leur pays vu du ciel, témoignent certains auprès du New York Times. Les compagnies ont beau mettre en avant le fait que ces vols ne sont pas inutiles, car ils permettent à leur personnel de continuer à travailler, l’impact écologique de ces voyages sans destination est critiqué. En 2012, le transport aérien civil mondial a émis près de 700 millions de tonnes de CO2 émises en 2012, soit l’équivalent de ce qu’émet un pays comme l’Allemagne, selon Réseau action climat, qui regroupe des associations de défense de l’environnement.
excited to tell my kids one day we used this opportunity to actually make climate change worse https://t.co/WxKwvlOmFK
— Léa Antigny (@leaantigny) September 18, 2020
La compagnie Qantas indique au New York Times qu’elle compense l’émission carbone de son vol de sept heures, tandis que Royal Brunei Airlines affirme utiliser un A320neo, un avion moins polluant que d’autres.
En France, des vols un peu similaires avaient eu lieu en 2009, rappelle Le Figaro. Des fans d’aviation avaient acheté leurs places aux enchères pour être les premiers à monter à bord de l'A380. « Il y a quatre ou cinq ans, certains avaient pu faire de la même façon leurs adieux au Boeing 747 », indique Air France au quotidien. Mais aujourd’hui « ce genre de vols n’est absolument pas prévu », précise la compagnie.
- Source : 20 Minutes