Les médias nous servent l’effet « atchoum »
… Et mentent comme des arracheurs de dents
Sans doute avez-vous vu ceci dans la presse, puisque tous les médias l’ont repris dans un parfait ensemble. Ce serait la conclusion d’une Unétude™ parue dans la revue médicale Jama (Journal of the American Medical Association).
Donc, selon les médiamenteurs, cette étude montrerait que contrairement à ce qu’on avait cru jusqu’alors (basé sur d’autres Unétudes™), les (jeunes) enfants seraient extrêmement contagieux, bien plus qu’un adulte. Morceaux choisis :
Le taux de matériel génétique du coronavirus détecté dans le nez d’enfants de moins de cinq ans est 10 à 100 fois plus élevé que celui trouvé chez des enfants plus âgés et des adultes, selon une étude américaine publiée jeudi.
Les très jeunes enfants pourraient donc être d’importants propagateurs du virus dans la population, selon cette étude parue dans la revue médicale JAMA Pediatrics, une hypothèse allant à l’encontre du discours actuel.
(…) Ces résultats ne vont pas dans le sens des autorités sanitaires qui jugent que les jeunes enfants ne transmettent pas beaucoup le virus, d’autant qu’il a été établi qu’ils ont moins de risques de contracter une forme sévère de la maladie. Toutefois peu de recherches ont été effectuées sur ce sujet jusqu’à présent. Source : Metro
Publiée jeudi ? Non, elle a été publiée le 30 juin. Et les auteurs n’affirment pas que cette étude démontrerait quoi que ce soit, parlant du potentiel de contagion des enfants, mais seulement de la charge virale mesurée par PCR.
Covid-19 : les jeunes enfants sont très contagieux, avancent des chercheurs américains
Ils affirment que les enfants de moins de cinq ans seraient de gros propagateurs du virus. Une étude complètement à rebours du discours actuel.
Les auteurs de l’étude ont précisé qu’une étude en laboratoire avait prouvé que plus il y avait de matériel génétique du virus, plus ce dernier pouvait devenir contagieux.
« Par conséquent, les jeunes enfants peuvent potentiellement être d’importants facteurs de contagion du SARS-CoV-2 dans la population », selon les scientifiques. Source : Le Parisien
Même pas peur, le Parisien[1]. Au diable le conditionnel, on affirme !
Parlons un peu de cette Unétude™
L’étude, intitulée Age-Related Differences in Nasopharyngeal Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus 2 (SARS-CoV-2) Levels in Patients With Mild to Moderate Coronavirus Disease 2019 (COVID-19) est parue dans la revue Jama Pediatrics le 30 juin, elle n’a donc rien de récente, surtout lorsqu’on sait qu’elle porte sur des tests réalisés entre le 23 mars et le 27 avril, soit au plus fort de l’épidémie.
Elle commence par nous rappeler que :
Les enfants sont susceptibles d’être infectés par le coronavirus (SRAS-CoV-2) mais présentent généralement des symptômes bénins par rapport aux adultes.
Les premiers rapports n’ont pas trouvé de preuves solides selon lesquelles les enfants étaient les principaux contributeurs à la propagation du SRAS-CoV-2, mais les fermetures d’écoles au début des réponses à la pandémie ont contrecarré les enquêtes à plus grande échelle sur les écoles en tant que source de transmission communautaire. Alors que les systèmes de santé publique cherchent à rouvrir les écoles et les garderies, il sera important de comprendre le potentiel de transmission chez les enfants pour guider les mesures de santé publique.
Donc en gros, ce qu’affirment les médiamenteurs, l’étude précise d’emblée qu’elle n’en a pas la moindre idée, et que lors de la réouverture des écoles et garderies, il sera important d’évaluer ce potentiel de transmission.
Le Parisien (radio Paris ment, radio Paris ment…)
Ils affirment que les enfants de moins de cinq ans seraient de gros propagateurs du virus. Une étude complètement à rebours du discours actuel.
Le Parisien, qui ne doute décidément de rien, nous fournit ici une affirmation parfaitement mensongère. Et ce sont les mêmes qui nous accusent de propager des fake news ! Est-ce que le journapute de service au Parisien pourrait nous citer le passage affirmant « que les enfants de moins de cinq ans seraient de gros propagateurs du virus » ?
« Par conséquent, les jeunes enfants peuvent potentiellement être d’importants facteurs de contagion du SARS-CoV-2 dans la population », selon les scientifiques.
« Peuvent potentiellement », donc. Mais rien n’est venu étayer cette affirmation, ce que les auteurs précisaient d’emblée. Un coronavirus n’est pas un virus syncytial. Cette proposition n’a rien de scientifique, c’est juste une hypothèse.
Effet Atchoum
En fait, ces délires merdiatiques sont essentiellement basés sur une interprétation fallacieuse d’une étude au demeurant mesurée, et sur l’usage de l’argument dit post hoc ergo propter hoc, soit un sophisme.
Exemple
Imaginons la tête de l’individu qui habitant Toulouse le 21 septembre 2001, éternue à 10h17, relève son nez humide et voit l’usine AZF et ses alentours soufflés par l’explosion. Conclure à un lien de cause à effet entre l’éternuement et l’explosion est un post hoc ergo propter hoc (donc un sophisme, corrélation n’est pas causalité, ndlr). Source : Cortecs
Ramené au cas qui nous occupe, cela revient à dire que ce n’est pas parce qu’on mesure plus de matériel génétique lié au virus dans le nez des enfants malades que ceux-ci seraient automatiquement des supercontaminateurs. C’est de la fantaisie, pas de la science.
Note:
[1] Au cas où l’article original serait ultérieurement caviardé, vous trouverez la version archivée de cet article à cette adresse : http://archive.vn/KtcSz
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- Source : Le Vilain Petit Canard (Belgique)