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Mercredi, 25 Déc. 2024

Casés dans le gouvernement Castex

Auteur : Constance Prazel | Editeur : Walt | Jeudi, 09 Juill. 2020 - 15h35

Constance Prazel, la rédactrice en chef de la revue Liberté Politique, a rédigé un édito sur la situation concernant le nouveau gouvernement français qui accompagne maintenant Emmanuel Macron dans sa politique à la tête de la France. Elle invite les lecteurs à se poser des questions sur la situation française car, comme la journaliste le fait remarquer, «en fait de renouvellement politique, ce remaniement ministériel nous laisse sur notre faim. Voyez plutôt». 

Jean Castex, Roselyne Bachelot, et toujours Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Sébastien Lecornu ou Franck Riester, un gouvernement qui se constitue en allant fouiller dans les fonds de tiroir de Républicains d’hier et d’aujourd’hui pour trouver des ministres, tant il est vrai que La République En Marche est incapable de trouver des profils un minimum convaincants. Ne parlons pas de profils enthousiasmants, c’est de l’ordre de l’inaccessible ! Importation ou reconduction de Républicains, quand on ne s’est pas tout simplement contenté d’un jeu de chaises musicales d’un ministère à l’autre, ou d’un simple changement d’intitulé du poste.

Estimons-nous heureux, nous aurons échappé à l’arrivée massive d’écologistes officiellement EELV dans le gouvernement. Maigre consolation, quand en fait de renouvellement, nous nous retrouvons à devoir accueillir une personnalité aussi contestable qu’Eric Dupont-Moretti à la Justice. Dans un contexte de profonde dégradation de l’autorité, d’anarchie, de désarroi des forces de police sur le sens à donner à leur engagement, et sur leur incapacité à faire régner un tant soit peu l’ordre face à l’explosion d’une violence sans cesse légitimée et encouragée par une justice inexistante, quel signal est envoyé aux racailles que la nomination de celui qui jadis défendit Abdelkader Merah! On pouvait difficilement faire pire. Si nous ajoutons à cela qu’Eric Dupont-Moretti est aussi l’avocat qui défend l’idée de l’interdiction pure et simple du Rassemblement national en tant que parti, nous en viendrions presque à regretter Nicole Belloubet.

Passons rapidement sur les autres scandales de ce remaniement… Gérald Darmanin est propulsé à l’Intérieur, avec Marlène Schiappa sous ses ordres, alors qu’il fait l’objet d’une plainte pour viol (mais en même temps, on ne va pas s’arrêter pour si peu). Brigitte Bourguignon est nommée ministre chargée de l’Autonomie: un moyen bien commode de museler celle qui préside la commission d’enquête sur le Covid-19. Gabriel Attal, ancien socialiste qui vient remplacer l’inénarrable Sibeth, est en couple avec un député européen et entend programmer avec lui une «GPA éthique». Et ne parlons pas de l’absence criante de département consacré à la Famille, alors même qu’elle est apparue plus centrale que jamais dans la crise que nous venons de traverser, et qu’elle sera cruciale dans les mois à venir pour amortir la crise sanitaire, économique, civilisationnelle dans laquelle nous ne faisons que rentrer.

Une chose est sûre, toute velléité du parti des Républicains d’incarner un parti d’opposition gouvernementale est bel et bien morte. Malgré la mascarade de l'exclusion des LR ralliés à la LREM, destinée à entretenir une illusion d'indépendance à laquelle personne ne peut sérieusement croire, durant la campagne du 2nd tour des municipales, on a vu de scandaleuses alliances de centre-gauche, voire de gauche tout court, se nouer entre LR et LREM, pour éviter à tout prix les alliances à droite, ou en l’absence d’alliances, le maintien forcené de Républicains minoritaires aboutissant à des victoires de la gauche. Une fois le scrutin passé, c’est donc tout naturellement chez les Républicains que continue de se servir Emmanuel Macron pour composer son gouvernement. Il est en cohérence avec l’attitude du parti de la droite dite gouvernementale, accroché à ses basques, et il détient un moyen très sûr de les discréditer définitivement à moins de deux ans de la présidentielle. Quelle crédibilité auront-ils pour émettre un avis critique sur le bilan du quinquennat, auquel ils auront amplement collaboré? L’illisibilité de leur stratégie, l’absence de foi, de programme, de vision politique confine au tristement sublime. Nous ne pouvons qu’appeler de nos vœux l’émergence d’une authentique candidature de droite, qui, si elle veut être crédible, pourra difficilement se structurer exclusivement autour d’eux. Il reste deux ans pour la construire, tout est encore possible, même le plus inattendu!


- Source : Liberté Politique

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