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Vendredi, 27 Déc. 2024

La Jérusalem arabe et palestinienne jette ses chaussures à la figure de l’occupant !

Auteur : Shahd Abusalama | Editeur : Stanislas | Dimanche, 06 Oct. 2013 - 09h27

Soyons fiers ! Soyons forts ! La résistance de notre peuple à Jérusalem m’a remonté le moral, alors qu’il était meurtri ces dernières semaines par mon enfermement dans la Bande de Gaza sous blocus, tandis que j’étais dans l’incapacité de partir afin de poursuivre mes études. Je ne trouve pas mes mots pour dire combien je me sens fière de notre peuple à Jérusalem.

Mercredi soir, j’ai eu une longue et passionnante discussion avec mon ami Amjad Abu Asab à Jérusalem, et j’ai eu la sensation d’être véritablement reliée à Jérusalem, comme si je me trouvais dans le mouvement et les lumières des rues de la vieille ville. Il m’a décrit dans les plus petits détails ce qui s’est produit. Grâce à lui je peux parler de ma chère ville de Jérusalem, de la porte Al-Amoud, des manifestations et des affrontements qui s’y sont déroulés, de l’atmosphère, de la colère, des odeurs, de tout.

Amjad était l’un des manifestants réunis à la porte Al-Amoud dans la vieille ville. Quand Je l’ai appelé pour m’enquérir de la situation là-bas, je m’attendais à ce que sa voix soit pleine de frustration et de colère. Sa réponse enthousiaste m’a réconfortée. « Nous sommes parvenus à envoyer un puissant message de rejet et de défi à l’occupation israélienne et aux colons juifs radicaux qui ont à plusieurs reprises envahi la mosquée Al-Aqsa. Le message est que Jérusalem est arabe et palestinienne et que nous ne seront pas facilement défaits. »

Cela me met en colère de savoir que mes compatriotes subissent quotidiennement une telle brutalité, et que nous ne pouvons faire mieux que de les soutenir derrière nos barrières et nos murs, car notre présence physique est impossible sous le régime israélien d’apartheid. Mais cela me rend extrêmement fière que notre peuple soit toujours déterminé et à l’initiative. Il paie un prix énorme pour vivre à Jérusalem, soumise aux politiques systématiques de purification ethnique, mais il sait bien que « aimer une terre, c’est vivre et mourir pour elle. »

Amjad était l’une des personnes agressées par les soldats israéliens. Mais cela ne peut l’abattre et il me racontait ce qui s’était passé toujours avec le même ton positif. « J’ai été frappé à coups de matraque aujourd’hui, » dit-il en riant.

Je lui ai demandé comment les afrontements avaient commencé. « Beaucoup de personnes s’était réunies à la porte Al-Amoud pour protester contre les incursions provocatrices et répétitives dans Al-Aqsa. Quelques colons radicaux sont entrés de force dans la manifestation, portant deux drapeaux israéliens qu’ils ont commencé à agiter parmi les manifestants en colère, » m’a-t-il répondu. « Il y avait un vendeur palestinien de chaussures installé à une petite table à la porte Al-Amoud. Une femme a pris une chaussure et l’a jetée à un colon en réponse à ses provocations insultantes, et alors soudainement tous les manifestants ont commencé à lancer des chaussures sur les soldats. » L’excitation et la fierté que je pouvais sentir dans sa voix pendant qu’il me relatait cette histoire, m’ont fait éclater de rire.

Après que mes compatriotes à Jérusalem aient jeté des chaussures aux visages des soldats et des colons israéliens, ils ont été attaqués à coups de matraque et de grenades de gaz lacrymogène. On ne peut comparer d’inoffensives chaussures avec les armes meurtrières des forces israéliennes employées pour nous réprimer. Mais la foi de mon peuple dans sa juste cause lui donne la force et la détermination nécessaires pour faire face à la brutalité d’Israël, et pour continuer à résister.

« Une grenade de gaz lacrymogène a touché mon ami à la tête et il a été envoyé à l’hôpital. C’est un miracle qu’il ne soit pas mort, car la grenade a d’abord frappé le mur avant de toucher sa tête. Il aurait pu autrement être tué », me dit Amjad. L’ami d’Amjad a été envoyé à l’hôpital, mais il a pu heureusement en sortir quelques heures après. Son état est stable.

Environ 40 autres Palestiniens ont été blessés dans ces affrontements, dont trois femmes, plusieurs infirmiers et des journalistes. Quinze personnes ont été emprisonnées, dont trois enfants : Ahmad Khanfar âgé de 14 ans, Omar Al-Sheilk Ahmad de 15 ans, et Omar Abu Sarriya de 14 ans. Nos frères palestiniens à Jérusalem ont été terrorisés, blessés et emprisonnés au nom de la sécurité et de la protection des colons sionistes.

Les forces israéliennes d’occupation se comportaient de façon sauvage et agressive, mais elles restaient en échec car leur brutalité ne faisait que renforcer notre détermination à lutter. Chaque fois qu’elles essayaient violemment de disperser la foule, celle-ci se rassemblait à nouveau à différents endroits. Les soldats israéliens ont continué la chasse partout où les gens se rassemblaient.

Ne perdons jamais de vue Jérusalem, où notre peuple fait face quotidiennement à de grands défis et de grands risques. Les violentes pratiques des forces israéliennes d’occupation ont un seul but : poursuivre la purification ethnique à l’encontre de notre peuple.

À ce moment précis, pouvoir traverser la frontière à Rafah et me rendre à l’étranger pour continuer mes études en Turquie n’est plus ce que je souhaite le plus. Ce que je souhaite le plus au monde, c’est d’être à Jérusalem ! Ce récit est dédié à mes amis et à tout mon peuple si fort à Jérusalem. Je voudrais que tous sachent combien nous sommes à leurs côtés. Même si Israël construit mille barrages supplémentaires pour nous séparer de force, nous resterons unis et nous partagerons les souffrances de chacun. Gardez la tête haute, ô combattants de Jérusalem ! Personne ne judaïsera notre Jérusalem arabe et palestinienne, ni notre terre sacrée. Pour une Palestine libre, de la rivière à la mer !


* Shahd Abusalama est artiste, blogueuse et étudiante en littérature anglaise dans la bande de Gaza.
« Mes dessins ainsi que mes articles sont ma façon de transmettre un message, et le plus important pour moi est d’élever la conscience de la communauté internationale au sujet de la cause palestinienne. Je suis très intéressée à saisir les émotions des gens, les images de ma patrie, la force de mon peuple, de sa détermination, de sa lutte et de sa souffrance. »


- Source : Shahd Abusalama

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