Pour JP Morgan, la justice a un prix : 11 milliards !
Après avoir proposé trois milliards de dollars aux autorités étasuniennes pour régler les poursuites engagées contre la banque dans le cadre des subprimes, la banque a essuyé un refus pour une offre pourtant remontée à onze milliards. Ce qui en dit long sur les pratiques des banksters.
Rebondissements judiciaires
On ne compte plus les affaires judiciaires dans les lesquelles les banques sont impliquées et pour lesquelles elles paient des amendes colossales. Depuis quelques mois, le scandale de la fixation du LIBOR alimente une chronique judiciaire sans fin, où les banques, les unes après les autres, finissent par accepter de payer des sommes extravagantes pour éviter d’être poursuivies. On peut également évoquer le cas de Goldman Sachs avec son fonds Abacus, où la banque vendait à ses clients des produits qui lui faisaient gagner de l’argent quand ces mêmes clients en perdaient !
Après avoir écopé de plus de 900 millions d’amende pour l’affaire dite de la baleine et 400 millions pour avoir manipulé les marchés de l’énergie en Californie, JP Morgan est empêtré dans une demi-douzaine d’affaires relatives à la crise des subprimes et aux fameux prêts hypothécaires qui ont déclenché la crise de 2008. En début de semaine, la banque a proposé trois milliards pour régler le cas. Puis, après une entrevue entre son patron et les autorités étasuniennes, elle a remonté son offre à la bagatelle de onze milliards dont sept pénalités. Mais les autorités semblent réclamer plus !
Ce que cela dit des banksters
Cette négociation surréaliste a le mérite d’en dire long sur les pratiques des banques ces dernières années. Tout d’abord, pour que JP Morgan soit prête à débourser onze milliards de dollars (la moitié des profits d’une année) plutôt que d’aller en justice, c’est que les faits qui lui sont reprochés doivent être sacrément moches et les preuves de ses comportements délictueux totalement accablantes. En effet, nul innocent ne céderait autant de la sorte. Qui plus est, le fait que la banque soit capable de quadrupler la somme qu’elle propose en quelques jours en dit long sur ses moyens et sur ses craintes !
Mais cela pose une question bizaremment assez peu évoquée : le montant d’une amende ne vaut qu’en comparaison de ce que le comportement délictueux a rapporté. Ici, même si la rapidité avec laquelle JP Morgan a remonté son offre a sans doute à voir avec les immenses profits de la banque, il est difficile de ne pas penser que cela a aussi à voir avec les immenses profits qu’elle a réalisés par ces comportements délictueux. Car une amende de 11 milliards n’est pas un problème si elle a gagné le double de la sorte. Il est dommage que ce facteur ne semble pas davantage pris en compte.
Ces péripéties judiciaires démontrent les méthodes de voyoux et de gangsters du monde bancaire actuel. Cela montre également un profond disfonctionnement de la justice puisqu’il est difficile de croire que les amendes sont assez lourdes par rapport aux délits commis.
- Source : Laurent Pinsolle