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Google : géant du web et de la manipulation

Auteur : Petr Svab | Editeur : Walt | Jeudi, 31 Oct. 2019 - 22h11

Google News – Good News ?

Un ingénieur de Google rend public un millier de pages de documents internes sur les partis pris du moteur de recherche

Un ancien ingénieur de Google a publiquement diffusé 1000 pages de documentation interne qui, dit-il, démontrent sans ambigüité que l’entreprise – tout en continuant de s’afficher aux yeux de tous comme une plateforme neutre – a, au moins dans certaines de ses applications, favorisé ou au contraire déclassé en sous-main des contenus selon ce qu’elle juge être vrai ou faux.

L’ingénieur logiciel Zach Vorhies a d’abord fait parvenir les documents à Project Veritas, un site de journalisme d’investigation de droite, ainsi qu’au service de la concurrence du ministère de la justice qui enquête sur de possibles agissements anticoncurrentiels de Google.

Dans une vidéo réalisée par Project Veritas et mise en ligne le 14 août 2019, il explique ce qui l’a poussé à agir : « Je me suis dit que si ça continuait comme ça, notre système électoral risquait d’être définitivement sabotée par cette compagnie qui par ailleurs ne manque pas de se donner des airs de sainte-nitouche », « J’ai bien vu qu’au contraire ils étaient en train de se donner à marche forcée les moyens de reconfigurer le paysage de l’information en fonction de l’idée qu’ils ont de ce qui est objectivement vrai ».

Rendre l’affaire publique

Vorhies a travaillé 8 ans chez Google, gagnant 260 000$ par an en comptant les plus-values sur ses actions Google.

« J’avais » dit-il « toutes les bonnes raisons du monde de rester dans cette entreprise et de continuer à encaisser les chèques à la fin du mois » « c’est ce que font tous mes collègues »

« Mais je n’aurais plus pu me regarder dans une glace si, sachant ce que Google était en train de mettre en place, j’avais reculé par intérêt au moment décisif ».

Vorhies s’est présenté pour la première fois à Project Veritas il y a un peu plus d’un mois, dévoilant des documents et répondant aux questions le visage flouté et la voix déformée.

Ce qui ne l’a pas empêché, lorsqu’il est retourné au bureau, de recevoir une lettre de Google exigeant entre autres qu’il rende son badge et son portable de travail – ce qu’il a fait – et qu’il « cesse et s’abstienne » de diffuser tout fichier non public de Google. Craignant pour sa sécurité, il a posté un message sur Twitter pour dire que si quelque chose devait lui arriver, les documents en sa possession seraient rendus publics.

Google a alors déclenché à son encontre une enquête sur sa santé mentale. La police de San Francisco a reçu un appel comme quoi Vorhies pourrait souffrir de troubles psychiques. Des policiers l’ont attendu à la sortie de son domicile et l’ont menotté. « C’est » dit-il « caractéristique de leur façon d’intimider les récalcitrants dans l’entreprise ».

Vohries a alors estimé qu’il était temps d’agir au grand jour.

Il a qualifié Google de « machine politique » destinée à prévenir l’élection de tout nouveau Donald Trump. « D’autres employés » précise-t-il « voient bien ce qui est en train de se passer et en sont sidérés ».

Ces dérives de l’entreprise auraient démarré en 2016. Les documents indiquent que c’est à cette époque que Google a décidé de muscler la chasse à ce qu’elle considère comme des « informations trompeuses ». Cela l’a conduit à examiner le contenu des informations en se servant de tout un arsenal automatisé ou manuel pour pouvoir décider de ce qui était vrai et de ce qui était de la « désinformation » et de trier les résultats en conséquence.

La plupart des documents révélés par Vohries se rapportent à Google News, un agrégateur placé en évidence en tête de liste des réponses aux requêtes concernant l’actualité.

Google News

L’un des documents parle du « projet Purple Rain : Réponse aux Crises et Escalades », dont le but est « d’établir au sein des applications, des procédures de détection et de gestion de la désinformation en période de crise » et de placer des équipes 24/7 d’analystes formés à remonter les alertes et à prendre des mesures sur les interfaces d’actualités telles que News, News 360 et Feed.

Il se trouve que « News » appartient à « Google News » et que « Feed » est le nouveau nom de l’application « Google Now » qui propose des articles d’actualité dans la barre de recherche de Google mobile app.

Un autre document, une présentation qui semble remonter à fin 2017, explique que les sites web qui font la demande pour apparaitre dans les résultats de Google News doivent subir un examen automatisé de vérification de leurs paramètres techniques, mais aussi une revue manuelle de leurs « procédures, politiques et charte éditoriale ». S’ils sont retenus, ils sont régulièrement contrôlés et peuvent se voir infliger des « peines de rétrogradation » en cas d’infraction.

Mais la présentation ne s’arrête pas là et évoque de possibles nouvelles mesures telles qu’étendre la politique de contrôle aux contenus « limites et/ou controversés » tels que ceux qui sont « factuellement inexacts, mensongers, non pertinents ». De plus, le document suggère que Google devrait également faire face aux contenus « sensibles » tels que ceux liés à la « haine », la « diversité » et les « préjugés » ou qui sont « géopolitiquement sensibles ».

L’un des buts de tous ces efforts – déclare le document – est un « corpus d’information propre et régulièrement assaini ».

On ne sait pas si depuis ces mesures ont été mises en place.

Classement des « contenus limites »

L’un des documents parle de Paul Haahr, l’ingénieur principal de Google chargé de conduire les efforts sur la notation des « contenus limites » dans le but « de ne jamais faire remonter les rumeurs, les propose haineux, les théories conspirationnistes, le négationnisme en science, en médecine et en histoire à moins qu’on ait la certitude que c’est ce que l’utilisateur recherche ».

Combiné à ce qu’on a appris des autres documents, la « notation des contenus limites » semble signifier qu’à moins que l’utilisateur n’ait déjà une idée précise de ce qu’il cherche, Google lui masquera tout ce qui peut être classé dans la catégorie « rumeurs, propose haineux, théories conspirationnistes, négationnisme en science, en médecine et en histoire ». De telles informations seront, de fait, tenues hors de la vue des utilisateurs qui n’y auront pas déjà été exposés.

La liste rouge de Feed

On trouve encore un autre document, dans lequel on peut voir la liste des sites web dont les contenus sont manuellement bloqués et donc privés d’apparition sur « Feed ».

Cela va des sites marqués à droite comme thegatewaypundit.com, truepundit.com, and redstate.com, pour citer les plus connus, à certains sites alternatifs de la gauche progressiste comme mediamatters.org, forwardprogressives.com, occupydemocrats.com, et learnprogress.org, en passant par des sites de droite pourtant relativement modérés et ayant pignon sur rue comme dailycaller.com, louderwithcrowder.com, and newsbusters.org.

Ces sites sont sur la liste en raison de leur « fort indice de blocage ». Mais on ne comprend pas bien pourquoi ces sites devraient être manuellement bloqués si déjà leur fort « indice de blocage » les place automatiquement dans la liste rouge…

Vidéos notées par les utilisateurs

Une diapo de la présentation, probablement une copie d’écran, a pour titre « fausses nouvelles et contre-culture : anthologie du pire » et indique que « tous les jours, environ 250 vidéos [sur YouTube], dans 26 lieux choisis, sont notées par des humains » et qu’un « filtrage des rebuts est activé sur la page d’accueil de YouTube, sur le champ « recherche », sur la liste « des plus consultés » et sur la liste des vidéos suggérées » entraînant une baisse de 50% des plaintes des utilisateurs.

Ces Tech compagnies qui cèdent un peu trop facilement aux plaintes ont été dénoncées par certains conservateurs comme étant à l’origine de la censure disproportionnée des contenus de droite. Selon une étude de 2017, les gens de gauche sont plus susceptibles de qualifier de « haineux » toute une série de propos, tandis qu’à droite, ces mêmes propos sont qualifiés « de blessants mais pas haineux »

Google, tout comme d’autres grandes techs ont interdit des contenus qu’elles considèrent « haineux », un critère qui – selon Nadine Strossen professeur de droit et ancienne présidente de la American Civil Liberties Union – est en soi impossible à appliquer de façon impartiale,

Sollicité, Google, n’a pas souhaité faire de commentaire.

Influence sur les électeurs

Les documents de Vorhies couplés aux explications d’autres employés de Google enregistrées en caméra cachée par Project Veritas, montrent que l’entreprise a développé tout un concept « d’équité » par lequel il instille les préférences politiques de ses employés majoritairement de gauche dans ses applications.

Plusieurs études ont montré que Google News en particulier était marqué à gauche, ce que Google nie en permanence. Vorhies pense que si Google persiste à se présenter comme une plateforme neutre, c’est pour préserver le bénéfice de la protection du chapitre 230 qui dégage les sociétés de services internet de toute responsabilité quant au contenu généré par les utilisateurs.

« Google joue sur les deux tableaux » dit-il « d’un côté il se présente comme une plateforme neutre qui ne peut être attaqué pour le contenu qu’il héberge sur ses sites web, d’un autre côté, il agit comme un éditorialiste qui donne la ligne générale et veille à ce que les entreprises utilisatrices s’y tiennent. C’est simple, dans la liste des réponses aux requêtes, ceux qui ne suivent pas la ligne sont relégués au fin fond, ceux qui la suivent sont propulsés en haut ».

Robert Epstein, un psychologue qui a passé des années de recherches à observer l’influence de Google sur ses utilisateurs a publié une étude montrant que rien que par le pouvoir de décider de l’ordre dans lequel apparaissent les réponses aux requêtes, Google est en mesure de faire basculer le vote des indécis.

Il estime que le moteur de recherche a fait basculer 2,6 millions de bulletins en faveur de l’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton et prévient qu’en 2020, si des sociétés comme Google et Facebook soutiennent toutes le même candidat, elles pourraient faire basculer jusqu’à 15 millions de votes, c’est bien au-delà de la marge avec laquelle la plupart des candidats gagnent les élections.

Pas étonnant que Trump soit dit travailler à un décret pour faire face à la censure politiquement orientée des réseaux sociaux.

Traduction : Francis Goumain


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