Syrie : Juppé, BHL et Kouchner appellent à intervenir
Alors que l'armée syrienne de Bachar el-Assad est suspectée d'avoir eu recours à des armes chimiques dans la banlieue de Damas, les deux anciens ministres des Affaires étrangères et le philosophe prônent une intervention de la communauté internationale. Avec ou sans l'ONU.
Pour eux, on ne peut plus attendre. Après le massacre qui aurait été perpétré avec des armes chimiques par l'armée syrienne de Bachar el-Assad, mercredi dans la banlieue de Damas, Alain Juppé, Bernard-Henri Levy et Bernard Kouchner somment la communauté internationale d'intervenir en Syrie.
Ils emboîtent ainsi en partie le pas du ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui a plaidé jeudi pour une solution internationale. Le ministre menaçant aussi la Syrie de «recourir à la force», tout en excluant l'envoi de troupes au sol. Pour Alain Juppé, qui a publié vendredi sur son blog, un billet intitulé «L'innommable», il faut «s'affranchir des blocages onusiens et aider militairement la résistance syrienne. (…) Les démocraties avaient prévenu: l'utilisation d'armes chimiques par le régime est la ligne rouge à ne pas franchir. C'est fait», écrit-il, faisant référence aux propos de Barack Obama, il y a un an.
Celui qui a été ministre des Affaires étrangères à deux reprises - de 1993 à 1995 et de 2011 à 2012, avance ainsi l'idée de passer outre le veto des Russes et des Chinois au Conseil de sécurité des Nations unies, qui bloquent depuis 18 mois toute intervention en Syrie. «Je sais que le respect de la légalité internationale (…) est un principe de base de notre diplomatie. Mais il n'est pas besoin d'invoquer Antigone pour se souvenir qu'il existe des lois non écrites qui l'emportent sur le droit positif», estime-t-il, en ajoutant que si la communauté internationale n'agit pas, «il nous restera le silence de la complicité».
Pour Kouchner, un geste «sauverait un peu notre honneur»
Un autre ancien ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy s'est aussi montré partisan d'une intervention en Syrie afin d'aider les rebelles, même si, selon lui, cela aurait pu être fait il y a plusieurs mois. «Je pense que nous avons perdu beaucoup de temps, et maintenant c'est encore plus difficile, mais je suis partisan d'une intervention, oui, depuis longtemps, a déclaré Bernard Kouchner, jeudi sur BFM. (…) Ce serait mieux de faire quelque chose de ponctuel, un geste, enfin, qui sauverait (…) un peu notre honneur».
Bernard Kouchner s'est également déclaré «prêt à apporter» à Laurent Fabius «tout (son) concours si quelque chose se fait».
Pour Bernard-Henri Lévy, qui a joué un rôle dans l'intervention de la France en Libye, il est également urgent d'agir. «Il est possible (d'intervenir), ça fait un an et demi que c'est possible, ONU ou pas ONU, il y a aujourd'hui les moyens d'arrêter ce carnage.» Pour le philosophe, ces moyens ne manquent pas. «L'Otan, la communauté internationale, la Ligue arabe, la France ont des avions qui peuvent instaurer une “no-fly zone” (territoire au-dessus duquel aucun appareil aérien ne peut voler, NDLR) sur l'essentiel de la Syrie (…). Ce mythe d'une communauté internationale qui serait bloquée par le veto cynique des Russes et des Chinois, aujourd'hui, a quelque chose de répugnant, il y a quelque chose de révoltant.»
- Source : Le Figaro