L'information, vraiment l'information ?
Nos médias de masse nous livrent nettement plus de sensations que d’Information.
Vouloir s’informer véritablement en utilisant uniquement les médias de masse traditionnels est une insigne illusion. Tenter de s’informer via la télé et la radio de nos grandes chaines est peine perdue. Les Radio-Canada, Le Monde, La Presse, Le Figaro, TF1, CNN, Washington Post, etc., etc. nous livrent à l’unisson exactement le même discours nous aiguillant vers les mêmes jugements.
Penser trouver de l’information « véritable » à travers nos grands quotidiens officiels est une affreuse méprise. On passe au tamis les faits pour ne diffuser que ceux qui soutiennent une vision bien précise d’une situation. On ne vous exposera pas les atrocités vécues lors d’attentats à Damas ; une bombe ou une voiture piégée aura tout simplement explosé, nous ne sommes pas à Boston ! Aussi les coupables des nombreux attentats de Damas n’ont pas le même traitement médiatique que les « présumés » coupables de l’attentat de Boston. L’information, ce qu’on appelle : « l’information », injecte du jugement et livre peu, – très peu – d’éléments tangibles permettant de juger de façon éclairée, rationnelle et raisonnée.
Le discours tenu sur tous les médias – de masse – est un discours totalement identique, reprenant exactement les mêmes thèmes en les coiffant pratiquement des mêmes titres tout en les traitant avec les mêmes mots. Il en résulte non pas une information, mais une sorte de conditionnement émotif (lavage de cerveau) aiguillant notre opinion dans un sens bien précis. Résultat : notre jugement devient catégorique, nous condamnons fermement ceux désignés comme étant les « méchants ». Notre consentement est alors acquis pour utiliser tous les moyens pour parvenir à éliminer cesdits « méchants ». Nous approuvons et même « souhaitons » toutes les mesures pour les déloger, entre autres, les moyens militaires, c’est-à-dire : la guerre.
La guerre…
Approuver des guerres !
Incroyable !
Comme si nous ne connaissions pas ses méfaits désastreux ! Comme si la guerre était un jeu vidéo où la souffrance et la destruction n’étaient que virtuelles
On approuve les guerres contre cesdits dictateurs soudainement sanguinaires. Des dictateurs pourtant en place depuis des lustres. Ou encore des guerres contre certains groupes de « barbares » ! Des barbares ayant acquis des armes bien souvent via ceux-là même qui décident de les combattre.
Nos journalistes professionnels transformés en agents de propagande haineuse se gardent bien de nous informer des enjeux véritables. Jamais on ne nous fait le portrait rigoureux des ressources naturelles des régions en conflit. Jamais on ne nous enseigne l’Histoire de ces Pays, de ces régions, de ces peuples souvent colonisés, souvent exploités. Tout comme on ne nous explique pas l’origine des groupes barbares tels Al-Qaïda ni où ils ont acquis leurs armes et leur financement. Encore moins d’explications sensées sur pourquoi soudainement après plusieurs années voire des décennies de dictature tranquille et même acceptée par nos braves gouvernements certains dictateurs qu’ils ont reçus « en ami » deviennent soudainement sanguinaires, distributeur de viagra ou tortionnaire d’enfants. Non, on ne nous informe pas on nous conditionne simplement à les haïr au plus profond de nos tripes et conséquemment à accepter ces « inévitables » (SIC) guerres pour préserver le bien (!), la démocratie (!) et les droits humains (!).
Il faut être conscient que les moyens militaires employés n’ont rien de démocratique, ne respectent pas les droits humains (les bombes sont tout sauf humanitaires) et ne sont pas pour le bien des populations. Ces populations qui reçoivent bombes et missiles. L’Afghanistan, l’Irak, la Côte d’Ivoire, la Libye sont là pour en témoigner « éloquemment » !
Comme le dit Michel Collon et comme nous pouvons chacun de nous le constater sans beaucoup d’efforts en regardant tout bonnement l’Histoire et l’actualité, les guerres se font sur des mensonges. Pensons simplement au mensonge le plus célèbre et le mieux documenté, celui des armes de destruction massive que n’a jamais eu Saddam Hussein.
Nos médias nous mentent quotidiennement, tantôt grossièrement et tantôt par « omission ». Nos journalistes devenus propagandistes professionnels savent très bien que ce qui n’est pas dit n’existe tout simplement pas dans l’esprit et le jugement des gens.
Notre opinion repose sur l’information.
Une mauvaise information ou une information « incomplète » rend notre jugement totalement bancal, irrationnel et même complètement absurde. De plus, ce qui nous vient de nos grands médias de masse et qu’on ose encore appeler information (sic), nous inculque de l’émotion plutôt que de l’information véritable. Il est clair qu’on cherche à nous faire consentir et approuver des gestes qui autrement (si nous étions véritablement bien informés) seraient considérés comme totalement inacceptables.
Personne ne pouvait approuver la destruction complète du Pays africain ayant la meilleure fiche sur le plan du développement humain ainsi que le meilleur résultat économique de toute l’Afrique (la Libye [1]). C’est par la désinformation et l’omission de faire connaître les caractéristiques réelles des réussites libyennes ainsi que les conditions de vie réelles des Libyens et des Libyennes que les populations occidentales ont acceptées majoritairement la destruction de ce Pays qui était le chef de file de l’Afrique. C’est en cachant les réussites du guide libyen et la reconnaissance de la majorité de son peuple que son assassinat ainsi que celui de sa famille, de ses amis et de tous ceux luttant pour ce drapeau vert, que l’on a pu nous faire applaudir cette immonde guerre et ces assassinats barbares et injustes.
C’est par conditionnement que les populations occidentales ont trouvé « normal » et même se sont réjouies de voir exposé dans un frigidaire à viande le corps ensanglanté du dirigeant libyen fraichement assassiné. C’est aussi par conditionnement qu’on nous a fait accepter que ceux qui arrêtaient de façon cavalière le président Laurent Gbagbo et sa femme tout en saccageant leur demeure, puissent sabrer le champagne sur les cadavres encore chauds de la garde présidentielle ivoirienne.
Nul ne peut se réjouir d’un tel sort fait à des dirigeants politiques ou à des Êtres Humains sans avoir au préalable subi un conditionnement psychologique.
On nous fait « haïr » pour ensuite être totalement libre de commettre tous les crimes : bombardements, assassinats, guerre sous toutes ses formes, économiques, politiques et militaires.
Voilà ce qu’on nous sert en guise d’information. Nous n’avons plus d’information, mais du conditionnement émotif et psychologique constant.
Pour bien comprendre à quel point ce qu’on persiste à appeler « information » dans nos médias de masse n’en est plus, il faut voir ce qu’est un véritable bulletin d’information.
De plus en plus des bulletins d’organisme citoyen sans grand budget tentent de compenser ce manque flagrant de bulletins d’information véritable. Il faut voir les bulletins hebdomadaires de « PAS l’Info » (en relâche pour l’été).
L’information livrée par cette équipe réduite et ayant des moyens ridicules par rapport aux journalistes des grands médias est remarquable. Une approche plus journalistique où les faits et non les mots et les émotions sont mis de l’avant.
Après avoir consommé ce qu’on nous présente comme étant de l’information sur nos grands médias, il est salutaire pour notre jugement de voir ces bulletins. On retrouve avec presque de la surprise « l’information ». La « simple et véritable » information nous est livrée. En visionnant ces bulletins, on s’aperçoit que nous avons perdu l’habitude de recevoir les « faits » et de juger « par nous-mêmes » des gens et des situations.
Une information s’adressant à votre raison plutôt qu’à votre émotion. Un bulletin d’information réalisé tout simplement en utilisant certains faits incontestables et disponibles à tous.
La conscience est le premier pas vers la prise de contrôle de notre destinée.
- Source : Serge Charbonneau via Agoravox