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Mardi, 24 Déc. 2024

Syrie : Le prince saoudien Bandar négocie à Moscou

Auteur : Abbas Daher via France Irak actualités | Editeur : Stanislas | Dimanche, 04 Août 2013 - 17h20

La visite du chef des services de renseignements saoudiens, Bandar Ben Sultan, en Russie, a attiré l’attention, surtout qu’elle est intervenue après une rupture de deux ans entre Moscou et Riyad, dans la foulée dudit printemps arabe. Les deux pays se sont affrontés diplomatiquement et sur le terrain autour de la Syrie, d’une manière indirecte, en soutenant  leurs alliés respectifs. Il va de soi que la visite de Bandar à Moscou signifie que les Saoudiens sont disposés à négocier avec les Russes. La mission du prince saoudien se limite à la sécurité et le dossier syrien est une priorité pour les deux pays. En outre, le fait d’avoir annoncé la visite, les informations qui ont filtré sur la durée de l’entretien et les commentaires russes qui l’ont qualifié de positif, sont autant d’indices qui reflètent une volonté commune de renouer les relations.

 La méfiance russe à l’égard de l’Arabie saoudite ne se limite pas à la Syrie, elle s’étend aux régions musulmanes du Caucase et au Sinaï. La Russie sait que Riyad joue un rôle dans la manipulation des groupes islamistes. Mais la Syrie reste une priorité pour les deux pays, et deux ans après le début de la crise, l’Arabie saoudite n’a pas gagné son pari.

 Malgré ce qui s’est passé en Egypte, les Saoudiens ont senti que l’Occident n’avait pas abandonné définitivement les Frères musulmans et que, par conséquent, le danger que constitue pour eux cette confrérie persiste. En Syrie, ils n’ont marqué aucun point, ni sur le plan militaire ni dans les domaines politique et diplomatique. Ils disposent d’informations faisant état du recul du soutien populaire aux rebelles. Cela est clairement apparu à Alep, où l’armée syrienne progresse en silence, tandis qu’à Homs et dans la campagne de Damas, elle multiplie les succès. Par ailleurs, tous les plans d’attaque contre la capitale ont échoué. Les visiteurs de Damas, aujourd’hui, réalisent que le danger a définitivement disparu. Le bruit  des combats est plus lointain comparé aux mois précédents. Il y a ensuite les répercussions de l’affrontement entre les Kurdes et le Front al-Nosra dans le Nord, l’exigence de l’Occident de frapper les extrémistes et leurs craintes de les voir revenir dans les pays occidentaux. Pour toutes ces raisons, l’Arabie saoudite a compris qu’ils n’y aucun espoirs de réaliser ses exigences, avancées pour son compte par l’opposition syrienne. Aussi, le compromis est meilleur aujourd’hui que demain. Et elle a compris, en outre, que le compromis n’aura lieu que si les Russes sont d’accord, car la priorité des Américains est la sécurité d’Israël et le succès des négociations israélo-palestiniennes.

 Bandar s’est donc empressé de demander à Moscou de négocier, surtout qu’il a senti chez les Allemands, les Français et les Britanniques, à l’issue d’une tournée européenne, une grande inquiétude à l’égard des islamistes. Il n’a pas réussi à les convaincre même sur des questions simples et a senti chez eux un changement fondamental et graduel. Voilà pourquoi le prince saoudien a décidé d’ouvrir une page nouvelle avec la Russie, tout en sachant à l’avance que Moscou ne fera aucune concession après la résistance et les victoires du régime.


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