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La réponse de Guy Mettan à Reporters sans frontières

Auteur : Arrêt sur info (Suisse) | Editeur : Walt | Samedi, 25 Nov. 2017 - 18h11

Sommé par la direction de Reporters sans frontières (RSF) d’annuler la conférence consacrée à l’ONG très controversée « Casques blancs » qui doit se tenir au Geneva Press Club le 28 novembre 2017, Guy Mettan réagit fermement.

RSF se scandalise de la présence à cette conférence de Vanessa Beeley affirmant notamment qu’elle « n’a jamais été publiée dans un média indépendant.. ». Comme si les journalistes réellement indépendants (comprenez médias traditionnels) qui – comme nous – refusent de collaborer avec ces médias agréés par RSF, n’étaient pas légitimes et à même d’informer sans dénaturer les faits! [Silvia Cattori]

La réponse de Guy Mettan à Reporters sans frontières

Chère Madame,

Cher Monsieur,

J’ai bien reçu votre courrier qui a retenu toute mon attention.

En ma qualité de membre fondateur de Reporters sans frontières aux côtés de François Gross dans les années 1980, je dois avouer que j’ai été atterré par sa teneur. Je peux comprendre que le fait de donner la parole à des voix dissidentes puisse susciter de la réprobation. Mais de là à exiger l’annulation de cette conférence de presse, il y a un pas dont je n’aurais jamais pensé que vous puissiez le franchir.

D’une part, cela me semble une atteinte grave à la liberté d’expression et en totale contradiction avec la «liberté d’informer et d’être informé partout dans le monde» que RSF prétend défendre dans sa charte et qui figure en toutes lettres sur votre papier à en-tête. Cela reviendrait ensuite à prendre les journalistes et les rédacteurs en chef pour des imbéciles incapables d’analyser les faits et les arguments qu’on leur présente et de se forger une opinion par eux-mêmes.

Par ailleurs, depuis 20 ans que j’exerce mes fonctions au Club suisse de la presse, j’ai toujours été soumis à des pressions afin d’empêcher des gens de s’exprimer. Mais jusqu’ici ces pressions sont toujours venues de régimes autoritaires ou dictatoriaux, tels que la Chine, l’Arabie saoudite, l’Egypte ou le Bahrein. C’est la première fois qu’une organisation de défense des journalistes d’un pays démocratique m’adresse une telle demande. Il va sans dire que je ne peux y donner suite. Ce serait déshonorer un métier qui, je l’espère, est toujours le vôtre.

Plutôt que de pratiquer la censure, je ne peux donc que vous proposer de participer à cette conférence de presse, comme je l’ai d’ailleurs suggéré aux partisans des Casques blancs, et de poser les questions que vous jugerez utiles aux intervenants. Pour ma part, fidèle à l’esprit d’ouverture et de recherche de la vérité qui caractérise le Club suisse de la presse depuis sa fondation, je suis naturellement prêt à accueillir une rencontre de presse avec les organisations qui soutiennent les Casques blancs afin qu’ils puissent faire valoir leur point de vue. Mais ils n’y ont pas donné suite pour l’instant.

Vous me permettrez de ne pas vous répondre en ce qui concerne les attaques personnelles que vous avez adressées à notre consœur Vanessa Beeley et à M. De Noli. Elles sont indignes du journalisme.

Enfin, je vous transmets par courrier séparé quelques-uns des innombrables messages de soutien que je reçois d’un peu partout dans le monde et qui me confortent dans la conviction que la liberté d’expression est désormais davantage menacée chez nous que chez les «autocrates» que vous prétendez dénoncer.

Avec mes messages confraternels

Guy Mettan

La lettre de RSF adressée à Guy Mettan

Genève, le 23 novembre 2017,

Monsieur le Directeur, cher Monsieur,

Nous avons eu connaissance de l’événement organisé par le Club suisse de la Presse le 28 novembre prochain: «They don’t care about us». About white helmets true agenda.» Nous avons également été interpellés sur notre «soutien» à cette conférence, le nom de notre organisation apparaissant dans la liste des membres médias.

Nous nous dissocions totalement de cet événement et ne souhaitons en aucune manière être associés à une conférence qui accueille une soi-disant journaliste, Madame Vanessa Beeley,qui justifie l’utilisation dela torture par lerégime syrien afin de le préserver.Quand bien même elle n’a jamais été publiée dans un média indépendant, il est étonnant qu’elle soit référencée au moins deux cents fois dans les médias russes de propagande (SputnikNews, Russia Today).

De plus, il est pour le moins inacceptable d’inviter Monsieur Marcello Ferranda De Noli, président de Swedish Doctors for Human Rights, une association qui, selon nos informations, agit comme un outil de propagande russe. Il est probable que vous n’avez pas eu connaissance de ces éléments d’information, nous tenons le cas échéant les liens utilesà cet effet.

Quoi qu’il en soit, nous vous invitons à renoncer à ce projet qui portera atteinte à l’image du Club suisse de la Presse. Selon votre décision, nous nous réservons l’opportunité d’étudier de conserver notre carte de membre.

Dans l’attente de vos nouvelles, nous vous adressons, Monsieur le Directeur, cher Monsieur, nos salutations les meilleures,

Gérard Tschopp et Christiane Dubois


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