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Une Europe aliénée aux Etats-Unis se prépare dans notre dos

Auteur : Laurent Mafféis via Agoravox | Editeur : Stanislas | Lundi, 03 Juin 2013 - 13h47

François Hollande n'en a pas parlé, mais la France est bientôt lourdement engagée pour des décennies dans ce projet d'un accord entre l'U.E et les U.S.A pour la libéralisation générale du commerce entre les deux ensembles. Et cette fois, ce n'est pas un accord commercial classique mais un véritable marché global intégré et dérégulé qui se prépare dans notre dos.

L'initiative (qui s'en étonnera ?) est venue d'Angela Merkel d'accélerer ce projet qui était tapis dans l'ombre. Quel candidat s'en émouvait durant la dernière campagne présidentielle ? M. Hollande, M. Sarkozy, Mme Le Pen ? Non. Il faut rendre grâce à M. Mélenchon qui lui l'a fait, et M. Dupont-Aignan à sa traîne, informés de cet ouvrage de Cherenti et Poncelet.

Ainsi, le 1er Février 2013 M. Barack Obama s'est entendu avec MM. Barroso et Van Rompuy pour accélérer l'extension du TTIP (Accords de libre échange transatlantique en anglais).

Pourquoi n'y a-t-il pas de débats nationaux organisés sur cette question majeure ? Parce que dans les Traités qui font fonctionner l'Europe, la Commission européenne a une compétence exclusive sur les accords commerciaux, donc pas de débat ! Ce sera une fois de plus une marche forcée menée dans notre maison de redressement Bruxelloise. Ce sera une fois de plus des menottes en plastique que nous consenterons à porter.

Comme le dit très bien Laurent Mafféis ci-dessous (directeur de la collection "Politique à gauche" aux éditions Bruno Leprince) ce sera l'Union Européenne en pire, avec moins de capacité normative, plus d'exposition à la concurrence commerciale des produits U.S et en premier lieu, du Dollar, qui profitera de son avantage compétitif avec l'Euro... heures sombres pour le chômage en perspective. 

Avec le risque de délocalisation vers les U.S.A, les citoyens des divers pays d'europe verront assez vite les conséquences sur leur vie quotidienne. Notre chère Exception culturelle et les dispositifs d'aides publiques à la création seront menacés pour bien sûr ne pas faire d'ombre aux productions U.S, mais aussi l'industrie classique, l'agriculture intensive et même les marchés financiers, plus liés que jamais à l'agressivité des "Colony capital" et autres mastodontes de la Finance privée.

Aux U.S, les normes environnementales sont moins élaborées qu'en Europe, il faudra donc encore s'aligner sur le moins-disant : Bœuf aux hormones, volailles lavées au chlore, forage pour les gaz de schiste, intrants chimiques etc...

 

La seule gloire à mettre au compte de la Commision europeéenne va fondre dans l'encre des signatures.

C'est toute la chaîne de la qualité écologique alimentaire qui en fera les frais. Ironie de l'histoire, c'est au travers les normes environnementales (ISO 9001 etc.) que cette volonté transnationale et consensuelle est devenue la grande vitrine politique de l'Europe. Vitrine positive dont Europe-Ecologie-les Verts fait des gorges chaudes, et sur la base desquelles les autres divers partis écolo-européistes ont été fondés ! Après 2015, les U.S.A demanderont l'ouverture de forages en Europe ou de construction de centrales nucléaires U.S au nom de la libre ouverture des marchés, et nous ne pourrons nous y opposer...

Comme toujours, la logique néo-libérale reviendra à la baisse sur ces normes sacrifiées sur l'autel de la libre concurrence. Les droits de douane étant globalement moins élevées pour les importations U.S qu'elle ne le sont aux Etats-Unis pour nos produits, cet accord se fera unilatéralement en leur faveur. Sinon, les américains sont pragmatiques, ils ne le feraient pas...

 

Menottes en plastique

L'enjeu stratégique est aussi pour les Américains du nord de prendre de vitesse le déclin de leur influence dans le monde, en s'aliénant économiquement l'Europe contre le bloc des pays émeergents et en particulier la Chine, disons-le clairement. La France, elle, après son intégration par M. Sarkozy dans le Commandement intégré de l'OTAN, n'aura décidément plus aucune marge de manœuvre militaire, de crédibilité diplomatique, ni de pouvoir de négociation dans ses intérêts commerciaux ou industriels (si tant est qu'elle en ait encore). Autant désarmer tout de suite, et cesser d'entretenir à grands frais notre arsenal nucléaire. Ne sommes-nous pas en temps de crise ? Allons, voyons...

Ce n'est pas un mince affaire pour les Etats-Unis. Leur perte d'influence mondiale est bien réelle. Souvenons-nous qu'au lendemain des premiers bombardements d'Israël sur la Syrie M. Nethanyaou a dû se rendre à Pékin, et non plus à Washington. Signe des temps.

L'enjeu pour la Gauche est d'attirer l'attention des Français sur ces véritables coups d'Etat permanents qui se jouent loin des medias et des débats démocratiques. 

Il faut d'ores et déjà annoncer un débat national et international au moins aussi important -et dans sa continuité- de ce que nous avancions déjà en 2005 lorsque le Front de Gauche était encore épars mais où toute la Gauche, en passant par la base des militants du P.S, était unie contre le Traité Constitutionnel Européen.


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