Les rois de France, 15 siècles d'histoire - Napoléon III (29/30)
30- Les Rois de France - Napoléon III
Quel destin fut plus improblable que celui de Charles Louis-Napoléon Bonaparte, premier président de la République française et Empereur des Français sous le nom de Napoléon III ?
Né le 20 avril 1808 au palais des Tuileries, à Paris, il est le troisième fils de Louis Bonaparte, jeune frère de Napoléon 1er, par ailleurs roi de Hollande, et de la belle Hortense de Beauharnais, belle-fille de l'Empereur.
Avec la chute du Premier Empire, en 1815, le petit Louis-Napoléon doit suivre sa mère en exil, en Suisse, sur les bords du lac de Constance. De ce long séjour en terre alémanique, il va garder un accent germanique. Éduqué par Philippe Le Bas, fils d'un ancien député de la Convention, il va aussi se passionner pour la Révolution française.
Le 22 juillet 1832, la mort du fils légitime de Napoléon 1er, le duc de Reichstadt fait de lui le chef légitime du parti bonapartiste, lequel, il est vrai, est encore insignifiant... Il est rejoint par un jeune homme de son âge, Persigny, et les deux amis tentent de soulever le 30 octobre 1836 la garnison de Strasbourg. Ils échouent piteusement. Louis-Napoléon doit s'exiler en Amérique.
Mais voilà que le transfert des Cendres de l'Empereur, de Sainte-Hélène à Saint-Louis des Invalides, le 15 décembre 1840, donne lieu à une cérémonie populaire et grandiose !
Le parti bonapartiste renaît de ses cendres et Louis-Napoléon décide d'en profiter sans attendre. Avec Persigny et une soixantaine de conspirateurs rassemblés à Londres, il traverse la Manche le 5 août 1840, se dirige vers une caserne et prononce un discours devant les soldats et les badauds médusés ! Arrive un capitaine. La détermination des conspirateurs flanche. Le prince tire un coup de pistolet et blesse un grenadier avant d'être arrêté.
Condamné cette fois à la perpétuité, l'héritier est enfermé au fort de Ham, dans la Somme. Il profite de sa douillette captivité pour compléter sa formation et beaucoup écrire. Il publie ainsi un ouvrage d'économie politique, L'extinction du paupérisme, dans lequel il affiche ses préoccupations sociales.
Il s'évade enfin le 25 mai 1846 et se réfugie à Londres cependant que s'effondre la «monarchie de Juillet».
Les «Journées de Février» amènent la IIe République.
Louis-Napoléon en profite pour rentrer en France. Il se fait élire en juin 1848 dans trois départements. Ses électeurs appartiennent aux nostalgiques de l'Empire (peu nombreux), aux défenseurs de l'ordre et de la propriété mais aussi aux laissés-pour-compte de la révolution industrielle, sensibles aux idées sociales du neveu de Napoléon le Grand. On commence à entendre des cris de «Vive l'Empereur» !
Louis-Napoléon se présente enfin à l'élection présidentielle du 10 décembre. À la surprise générale, le jour venu, il bénéficie d'un raz-de-marée, bénéficiant d'un vote de ras-le-bol à l'égard de la République conservatrice bien plus que d'un vote d'adhésion à sa personne.
Se présentant dès lors comme un arbitre entre le peuple et la majorité conservatrice de l'Assemblée, le président cultive sa popularité.
Lorsqu'approche l'échéance de son mandat, les députés lui refusent le droit de se représenter. Qu'à cela ne tienne, le 2 décembre 1851, il organise un coup d'État qui renverse la IIe République et, un an plus tard, instaure officiellement le Second Empire.
La société française se transforme sous le Second Empire plus vite qu'en aucune autre période de son Histoire. C'est à ce moment qu'elle accomplit sa révolution industrielle.
L'empereur signe un traité de libre-échange avec le Royaume-Uni. Il institue aussi une union monétaire qui englobe, jusqu'à la Première Guerre mondiale, de nombreux pays. Il accorde le droit de grève aux ouvriers et relance l'instruction publique. Outre-mer, au Sénégal, au Cambodge, en Cochinchine, en Nouvelle-Calédonie, les troupes marines jettent les bases d'un nouvel empire colonial que la IIIe République aura à cœur d'étendre.
La cour, aux Tuileries, à Compiègne et à Fontainebleau, se signale par une activité bourdonnante, au moins pendant les belles années du régime. Elle est ouverte à toute la bourgeoisie sans esprit de classe et se montre accueillante pour les gens de lettres.
Un mariage d'inclination
Napoléon III s'est acquis dans les cours européennes la réputation d'un ancien conspirateur, d'un parvenu et d'un coureur de jupons.
Ce célibataire endurci n'est-il pas arrivé au pouvoir en usant de la fortune d'une demi-mondaine, miss Howard ?
Il n'en finit pas moins par épouser, le 30 janvier 1853, une jeune et belle aristocrate espagnole, Eugénie de Montijo, comtesse de Teba, née à Grenade 26 ans plus tôt.
La nouvelle impératrice se montre très pieuse et par ailleurs distante à l'égard des choses de l'amour (elle interrompt ses relations sexuelles avec l'empereur après la naissance de leur fils, le Prince impérial, «Loulou» pour les intimes). Mais elle prend à coeur son rôle d'impératrice et exerce correctement la régence pendant la campagne de Napoléon III en Italie.
Mais, imbu de principes humanitaires et désireux de faire prévaloir en Europe le «principe des nationalités» (une nation, un pays), l'empereur mène une diplomatie brouillonne. Il s'engage avec les Anglais dans la guerre de Crimée, secourt les chrétiens d'Orient puis subit de graves déconvenues au Mexique comme en Italie. Affaibli par la maladie et poussé de l'avant par l'opinion publique, il engage une guerre désastreuse contre la Prusse qui va lui coûter son trône et ternir le bilan de son règne. (Herodote)
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