Politiquement incorrect, "Le Club des Cinq" est censuré
"Le Club des Cinq et les saltimbanques" est devenu "Le Club des Cinq et le Cirque de l'Étoile".
Tout le monde - ou presque - connait Le Club des Cinq, cette série de romans policiers pour enfants et adolescents mettant en scène quatre jeunes personnages et leur chien dans diverses aventures.
Un souvenir d'enfance pour de nombreux lecteurs qui ne seront peut-être pas très heureux d'en feuilleter les nouvelles éditions. Celles-ci sont en effet marquées d'un "Traduction revue" qui indique que la traduction originale a été retouchée. Un blogueur indigné s'est amusé à recenser les différences entre la première édition et cette nouvelle mouture.
Le Club des Cinq et les saltimbanques se trouve ainsi renommé Le Club des Cinq et le Cirque de l'Étoile. Le récit des aventures de Claude, Mick, François, Annie et Dagobert ne se fait plus au passé simple mais au présent. Les "nous" ont également été remplacés par des "on" ("Nous n'irons pas à Kernach cet été, conclut François" devient "On n'ira pas à Kernach cet été, conclut François"). Les descriptions et les dialogues ont été raccourcis.
Cet appauvrissement du langage est illustré par l'auteur du billet à l'aide du chapitre dix. "Quand ils furent en vue" devient "Quand ils s'approchent" ; "Comptez-vous aller plus loin bientôt ?" → "Vous comptez rester longtemps ?" ; "Nous resterons ici aussi longtemps qu'il nous plaira" → "On restera ici aussi longtemps qu'on voudra" ; "Nous aurons du mal à l'empêcher de s'en prendre à ces messieurs" → "Nous aurons du mal à l'empêcher de vous sauter dessus." ; "Mon bon Dagobert !" → "Salut, toi !" ; "Au revoir ! À bientôt !" → "Allez ! À bientôt ! Salut !"
Dans le roman original, Pancho, un jeune forain accompagné d'un singe, est malheureux car battu par son oncle. Il ne l'est plus dans la nouvelle édition de l'histoire, dénaturant ainsi la psychologie du personnage. Le fameux oncle de Pancho ne le battant plus, il le "gronde" et le voilà désormais affublé de quelques bons sentiments ("Je ne pensais pas que Pancho pouvait s'entendre avec des enfants comme vous. Ce n'est pas son genre !" → "Je pensais que c'était une mauvaise idée que Pancho devienne votre ami : il souffrira de vous quitter quand le cirque reprendra la route."). La méfiance des forains envers la police disparaît également des pages du Club des Cinq.
Allez, un petit dernier pour la route : "Ils passèrent une heure à discuter, puis le soleil disparut dans un flamboiement d'incendie, et le lac refléta de merveilleux tons de pourpre et d'or." se transforme en"Ils passent encore une heure à discuter, puis le soleil disparaît derrière les sommets alpins, et le lac prend des reflets dorés". (Lu sur Marianne)
- Source : Moins de Biens Plus de Liens