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Au-delà de la Syrie et du FN. La révolte des « sans-dessein »

Auteur : Pierre JC Allard | Editeur : Walt | Lundi, 12 Oct. 2015 - 16h48

On dénonce beaucoup, avec pertinence, les libertés que prend la France de Hollande avec le droit international, en allant bombarder en Syrie les forces du gouvernement syrien légitime qui n’a pas l’heur de lui plaire. Quand on cède à ces sautes d’humeur, que reste-t-il, en effet, autre qu’un rapport de force, pour régler les différends entre Etats ?

Selon la déclaration de la déléguée russe M.Zakharova, les frappes françaises en Syrie peuvent être considérées comme la « destruction du droit international au vu et au su de la communauté internationale ». Elle a bien raison…

Après l’Irak, l’Afghanistan, la Libye, voici la Syrie, agressée pour des raisons frivoles ou mensongères, et s’ajoutant à la longue liste des interventions militaires discrétionnaires des USA que rien n’a jamais justifiées que leur appétit prédateur. il faut être bien jocrisse, pour croire qu’il existe encore une quelconque règle de droit qui s’applique aux relations internationales.

A quelle règle obéit donc maintenant la France ? Un petit commentaire de Njama, sur un article de Rakoski du 29 septembre nous éclaire, rappelant qu’aux termes du Code de la défense (art. L. 1111-1), le Président de la République a, « en tout temps et toutes circonstances », le pouvoir de décider des actions des forces armées françaises à l’étranger…

ET voilà ! Contrôle législatif  ? Depuis 2008, un simple avis dans les 4 mois de l’intervention. C’est bien plus de temps qu’il n’en a fallu pour détruire la Libye…

https://nouvellesociete.wordpress.com/2011/10/30/100-jours-apres-la-libye-des-mefaits/ 

Autres contrôles? Néant… La France entre en guerre comme au temps de Louis XIV et elle le fait à mal escient. La France, dans le monde, a pris le parti du Mal. Comme, en France même, sa gouvernance a pris le parti de l’injustice. Le parti des exploiteurs, du 0,0001% qui possède tout contre tous les autres.

La France, dans le monde, a pris le parti du Mal. Le parti des USA. Il fut un temps où l’on pouvait de bonne foi hésiter, croire que les mots « démocratie », « liberté» et autres plates grandiloquences, pouvaient justifier les 92 agressions commises par l’Amérique depuis seulement 50 ans, s’ajoutant à l’extermination de ses autochtones et à son soutien de l’esclavage. Mais il n’y a plus de doutes. L’Amérique est le Mal.

Ceux que n’a pas convaincus le dernier crime de guerre des Américains, ciblant cet hôpital des Médecins sans frontières au nord de l’Afghanistan, ne méritent plus qu’on leur parle, mais doivent leur être associés dans une même définitive réprobation. Comme le tissu hygiénique doit accompagner à l’égout ce qu’il enveloppe et voudrait cacher.

On a fait de nous, et de chacun qui ne proteste pas et ne se dissocie pas de la politique française actuelle, un complice du Mal. Nous sommes les alliés du Mal. Je crois que nous n’en sommes pas fiers…. Et c’est très grave.

On a aujourd’hui toutes les raisons de désespérer, de la France, du Système, de la démocratie, des État de droits et de l’état du monde n’est-ce pas ? Mais y pouvons-nous quoi que ce soit ? Croyons-nous y pouvoir quoi que ce soit ?

Le plus grave problème, aujourd’hui, n’est pas que tout ce qui est bien soit battu en brèche; le plus grave problème, c’est notre résignation à ce naufrage qui nous laisse sans respect de nous-mêmes, sans espoir, sans grand dessein pour nous ou l’humanité… ON A FAIT DE NOUS DES SANS DESSEIN… Nous laissant avec ce remord lancinant – que nous ne nous avouons pas toujours – d’être par faiblesse les complices du mal.

Nous sommes, et nous SAVONS que nous sommes, complices de la violence en Syrie, de la misère en Inde… et de l’injustice croissante entre nous, que nous encourageons de tous nos gestes par cette fringale pathologique de POSSEDER dont on a fait le but ultime de l’existence.

RIEN ne peut nous sauver de ce remord et de notre INSIGNIFIANCE, si nous ne comprenons pas que posséder NE PEUT PAS être le but de la vie.

Or, cette prise de conscience est individuelle. En attendant d’y avoir accès, chacun des « sans-dessein » que nous sommes tous en puissance se cherche une raison de vivre… Quand il vit cette prise de conscience sans trouver cette raison, son mal d’être fait de lui un ennemi de la société que nous connaissons. Une société dont il peut conclure qu’elle l’a « damné »….

Ne cherchez pas ailleurs le pourquoi de toutes ces défections « inexplicables » des jeunes vers l’Etat Islamique. Les « sans-desseins » se cherchent un sens.

Mais attention ! Si les « sans-desseins » deviennent vraiment mécontents et sont tout a coup motivés davantage par leur haine du système que par un amour pour l’une ou l’autre des alternatives qu’on pourrait y substituer, la situation de résignation qui permet l’exploitation de presque tous par quelques-uns se transforme. Il pousse des crocs au Dr Jekyll…

Le Système – invincible contre une opposition organisée – est sans défense contre l’individu qui ne veut que le détruire. Pourquoi ?

D’abord, parce que l’individu qui n’affiche pas un intérêt personnel apparait irrationnel ; il n’est donc pas prévisible, ne peut être identifié que par hasard et reste donc longtemps indécelable, introuvable.

C’est le cas Unabomber. 

https://nouvellesociete.wordpress.com/2011/06/26/quand-lindividu-se-fache-2/

Ensuite, parce que la technique moderne met désormais des moyens inouïs entre les mains de ces mécontents. Une poignée d’individus peut stopper le pays tout entier sans se concerter, sans même se connaitre. Toute action peut découler d’un mot d’ordre lancé à la cantonade et être exécutée par quiconque le veut, et croit en avoir la capacité et bénéficier de circonstances favorables pour la mener à terme.

Le plus grand danger qui nous menace aujourd’hui est qu’on peut faire une ‘gestion par objectifs’ d’une entreprise irrationnelle de destruction massive de la société ! Et il ne faut pas un génie du mal pour le faire…. N’importe qui, hélas, peut faire sa part pour détruire un mécanisme essentiel d’une société que sa complexité rend infiniment fragile.

Rien ne peut protéger la société des conséquences d’une « révolte des ‘sans-dessein’ » devenant malveillants, si ce n’est la propre conscience morale de l’individu lui-même. Le salut est dans la résurgence d’une vraie moralité, avec l’émergence d’un nouveau paradigme – qui soit l’antithèse du Darwinisme et du modèle politique libéral – qui ne nous dresse pas les uns contre les autres, mais valorise la collaboration.

L’ennemi de chacun n’est pas son prochain, mais ses propres limites et ses propres limitations. La concurrence est la rage de dents d’une société infantile. Le but de vivre en société, c’est de faire ensemble ce que nous ne pouvons faire seuls. L’Homme ne peut avoir d’autre but que de créer l’Humanité.

Si on ne prend pas ainsi rapidement le parti du Bien, nous nous créerons bien des malheurs.


- Source : Pierre JC Allard

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