Sylvie Andrieux, condamnée à de la prison ferme en 2014, est toujours députée !
Sylvie Andrieux a été condamnée le 22 mai à trois ans de prison dont un an ferme, pour détournements de fonds publics alors qu’elle était vice-présidente du conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur.
La parlementaire a également été condamnée à 100.000 euros d’amende et à 5 ans d’inéligibilité. Le tribunal est allé plus loin que les réquisitions du parquet qui avait demandé deux ans de prison avec sursis et cinq ans d’inéligibilité. Article: Europe1
Combien de temps encore allons-nous subir ?
Sylvie Andrieux, exclue du PS après sa condamnation pour détournement de fonds publics, siège encore à l’Assemblée Nationale et elle a même pu voter pour la loi Renseignement. Comment une députée condamnée à quatre ans de prison, dont un ferme, peut-elle encore faire partie des élus de la République ? C’est justement la question que se pose Dom Bochel Guégan.
L’analyse du scrutin du vote sur le projet de loi Renseignement, votée en majorité par les députés le 5 mai, est riche de renseignements.
Outre le fait de savoir ce que votre député a voté ou non (le mien a voté contre), il révèle les frondeurs de pacotille, ceux dont on aurait pu espérer mieux et d’une manière générale, une dérive sécuritaire inquiétante autant qu’une méconnaissance du secteur numérique (mais ceci est un autre sujet).
La lecture de ce scrutin révèle surtout que le monde politique est un monde définitivement hors sol et qui creuse lui-même la fosse à purin dans laquelle il patauge. C’est à ce moment que je réalise que Sylvie Andrieux (ex-PS), condamnée en appel en septembre 2014 à quatre ans de prison dont un ferme est toujours députée…
Ainsi, le mardi 5 mai, la longue liste des votants nous apprend que Sylvie Andrieux en est et qu’elle a voté pour soit dit en passant.
Condamnée pour détournement de fonds publics
Pour rappel, Sylvie Andrieux a été condamnée pour détournement de fonds publics, il n’est pas inutile de rappeler que qui dit « fonds publics » dit l’argent des contribuables, autrement dit le nôtre.
Sylvie Andrieux a beau clamer qu’elle aurait agi « en son âme et conscience », il n’en reste pas moins qu’elle a été condamnée pour avoir déversé des « charrettes de billets » auprès d’associations fictives dans un but électoraliste. Pire, ce système a perduré malgré un signalement de Tracfin en 2007, des avis défavorables de l’administration (certains datant de 2002) et l’alerte d’une contractuelle qui s’en était inquiétée.
Si on résume, Sylvie Andrieux a été condamnée une première fois à 5 ans d’inéligibilité en 2013 pour des faits datant des années 2000 et elle a vu sa peine alourdie en appel en septembre 2014 d’une année de prison supplémentaire.
La réponse du PS à l’époque s’était limitée à lui demander son retrait du groupe socialiste, mais en aucun cas à son départ des bancs de l’assemblée nationale.
Si le fait de se pouvoir en cassation « suspend » l’exécution de la décision du tribunal permettant à Sylvie Andrieux de siéger encore à l’assemblée, le fait d’y voir une députée pourtant lourdement condamnée pour avoir usé de l’argent public à son seul profit est tout bonnement scandaleux.
La lenteur de la justice quand elle concerne des mandats législatifs ne fait que rendre les condamnations illusoires, rappelons-nous les 18 années de procédure pour les époux Tiberi qui n’avaient finalement aboutis qu’à une condamnation à dix mois de prison avec sursis (pour laquelle ils comptent encore faire appel).
Les politiques promettent et ne font pas grand chose
Le déficit de confiance envers les politiques qui s’aggrave d’année en année se partage désormais entre méfiance, dégoût et lassitude envers nos élus.
En 2013 déjà, 77% des français estimaient que les politiques étaient corrompus. En 2014, 88% des français estimaient que les politiques ne se préoccupaient que d’eux-mêmes.
Abstention, votes extrêmes, désengagement vis à vis de la vie politique en sont les conséquences directes. Les classes moyennes aujourd’hui estiment que les politiques promettent beaucoup et ne font pas grand chose, rêvent d’un « coup d’état citoyen » et estiment que la France gaspille beaucoup l’argent public alors que nos conditions de vie s’aggravent.
Une classe politique trop préoccupée d’elle-même et qui n’a de démocrate que le nom, un changement promis à chaque élection et qu’on ne voit jamais venir. une classe politique qui semble se protéger, s’émancipant des règles qu’elle produit pour les autres.
Tous pourris, tous corrompus
L’exemple de cette élue, pourtant condamnée en 2013, puis en 2014 et toujours présente parmi ses pairs n’est qu’une illustration de plus de cette déconnexion entre la vie ordinaire et la vie politique.
La parole de Sylvie Andrieux, ses opinions comme ses recommandations n'ont plus aucune valeur. Cependant, lire de sa plume que "la France doit être exemplaire", que la "confiance est nécessaire" ou lire son rappel du principe de liberté, d'égalité et de fraternité qui est le nôtre, peut paraître quelque peu indécent.
A l'heure des promesses de transparence, d'exemplarité, de République irréprochable sans cesse répétées, la présence (très très discrète) de Sylvie Andrieux à l'assemblée devient insupportable tout en nourrissant le "tous pourris", "tous les mêmes", si cher à Marine le Pen (bien que son parti ne soit pas exempt de reproches), faisant ainsi un peu plus le lit du FN pour 2017.
Comment peut-on justifier aujourd'hui, alors que le fossé entre politiques et peuple n'en finit plus de se creuser, qu'une élue qui a volé l'argent de ses concitoyens et électeurs puisse deux ans après avoir été condamnée être encore payé(e) par ces mêmes contribuables (6755€ par mois hors indemnités selon sa déclaration) qu'elle a spoliés ?
Parmi les maux de la politique, la prévarication est l'un des pires puisqu'il viole le contrat moral passé entre l'électeur et l'élu, le détournement de biens publics est à la politique ce que le plagiat est à la création intellectuelle, dès lors, une condamnation pour détournement d'argent public devrait automatiquement, systématiquement et sans délai éloigner le ou la fautive de tout mandat législatif et/ou public.
- Source : Dom Bochel Guégan