Disons-le crûment, le président français François Hollande s’est rendu au Qatar et en Arabie Saoudite pour encaisser les dividendes de l’alignement politique de la France sur les positions des monarchies de la région que ce soit sur le conflit syrien ou sur le dossier du nucléaire iranien.
A Doha, il a empoché la commande ferme par le Qatar de 24 exemplaires du chasseur Rafale et de missiles pour 6,3 milliards d’euros et la promesse que l’émirat ne s’en tiendra pas à cette seule commande. Mais c’est à Ryadh où il lui a été déroulé de façon spectaculaire le tapis rouge que Hollande a reçu l’assurance que la France va être somptueusement récompensée pour son « indéfectible » soutien aux monarchies pétrolières. Il est question en effet que les Etats qui composent le Conseil de coopération du Golfe (CCG) vont eux aussi passer commande du Rafale avec un quantitatif plus grand que celui dont le Qatar s’et rendu acquéreur et que l’Arabie Saoudite ajoutera dans la corbeille des récompenses une liste d’une dizaine de contrats destinés à booster les moribondes industrie et économie françaises.
Que le chef de l’Etat français se démène pour procurer à l’économie de son pays des débouchés qui lui permettraient de sortir de la crise dans laquelle elle se débat, n’a rien en soi de réprouvable. Ce qui l’est c’est qu’à l’égard de ces Etats arabes où il a été faire le VRP de l’industrie française, Hollande, qui se pique d’être le président du pays ayant enfanté les droits de l’homme et martèle à qui veut le croire que la France base sa relation et ses partenariats avec les autres Etats sur le socle du respect de ces droits, affiche le silence complet sur leur nature liberticide. De quel crédit la France peut se prévaloir en se posant en intransigeant vigile de la défense des libertés, de la démocratie et des droits de l’homme quand elle est dans le même temps dans la connivence avec des monarchies qui foulent aux pieds ces principes et valeurs ?
L’on ne peut faire l’injure au président français d’être convaincu que le Qatar et l’Arabie Saoudite sur lesquels il a aligné la position française pour le conflit syrien ont pour objectif l’instauration à Damas d’un régime fondé sur les principes et valeurs dont son pays est censé être l’ardent et vigilant défenseur. Il tait cyniquement ce qu’a de totalement ignominieux cet alignement de la France sur ces monarchies rétrogrades, de même que leur responsabilité dans l’émergence des courants sectaires extrémistes qui ont vu le jour dans le monde arabo-musulman et auxquels il prétend mener une guerre sans merci.
Hollande est à la recherche de tout ce qui peut lui permettre de présenter aux Français à la fin de son mandat un bilan qui l’autoriserait à leur solliciter sa réélection. Les pétromonarchies lui ont fait miroiter qu’elles sont prêtes à lui fournir les moyens d’y parvenir. Face à cette perche tendue par aussi cyniques que lui, les principes et valeurs dont il est censé être le défenseur ne pèsent guère et il les a totalement évacués en engageant la France dans une alliance et une coopération politico-militaire stratégiques avec ces pétromonarchies.
Hollande n’en est pas à ce seul reniement de ce qu’il prétend être et vouloir pour la France. Il a renié la plupart des engagements pris avec les Français qui l’ont élu. Ses reniements pèseront lourd en 2017, mais celui qu’il a fait sur la position française s’agissant du principe que la France est sans concession avec les régimes rétrogrades, antipopulaires et sanguinaires dans leurs comportements vaut aux peuples qui en payent le prix de ne voir en la France qu’un Etat indifférent à ce qu’ils endurent et non le pays qui a enfanté les droits pour lesquels ils se battent et se sacrifient.