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Lundi, 23 Déc. 2024

Ukraine, Porochenko – le clap de fin?

Auteur : Filo | Editeur : Walt | Vendredi, 17 Avr. 2015 - 20h30

Petro Oleksiyovytch Porochenko, est né en 1965. Certains journalistes ukrainiens affirment que son vrai nom de famille est Walzman (???), probablement juif orthodoxe comme son père. Le nom de famille Porochenko serait celui de sa mère. D’ailleurs l’édition israélienne de Forbes a classé Petro Porochenko (ainsi que Rinat Akhmetov, un autre oligarque ukrainien) parmi les juifs les plus riches. Sa fortune est estimée à près de deux milliards de dollars. Il est marié et père de quatre enfants. Le jour de son accession à la présidence de l’Ukraine, il est devenu grand-père. À noter aussi que le parrain de deux de ses enfants est Viktor Iouchtchenko, ancien président ukrainien (2005-2010)

Il entre tôt en politique et devient champion de retournement de kazakh. Il commence sa carrière politique comme social-démocrate dans le parti de Leonid Koutchma, président ukrainien de 1994 à 2005. Porochenko devient membre de ce parti en 1998, ensuite, et très vite, membre de son bureau politique.

Mais sentant le vent tourner et que Koutchma allait perdre sa place, Porochenko le quitte et devient l’un des dirigeants de Solidarnost, un parti politique de gauche. Il était également très actif dans la création d’un autre parti politique Les régions ukrainiennes.

Une vraie girouette. Comprenant que Viktor Iouchtchenko allait devenir président de l’Ukraine, Porochenko le rejoint. Il était l’un de ceux qui se pavanaient avec écharpe et cravate orange autour du cou. Il a même financé la Révolution orange, tout en escomptant obtenir le poste de Premier ministre.

Mais malheureusement pour lui, ce poste avait déjà été promis à Ioulia Tymochenko. Toutefois, il a eu droit à un prix de consolation. Il est devenu secrétaire du Conseil de sécurité d’Ukraine. Très vite, il est entré en conflit avec Mme la Première ministre car depuis ce poste, il contrôlait le gouvernement et sa chef.

Après que le mouvement Orange ait perdu les élections, rebelote : Porochenko arrive à amadouer Viktor Ianoukovitch et obtient le poste de ministre de l’Économie. Une vraie aubaine, car ce poste l’a surtout énormément aidé à développer son propre business.

Or, dès que Ianoukovitch a commencé à être en difficulté, Porochenko repart pour un tour. Il devient l’un des financiers de Maïdan tout en cherchant à former de nouvelles alliances.

Après le knock-down politique que Vitali Klitschko a subi de la part des Américains – qui l’ont jugé ne pas être à la hauteur et incapable d’avoir des fonctions dirigeantes en Ukraine – Porochenko a cherché à le consoler en lui proposant sa coopération et son aide pour qu’il devienne Maire de Kiev. En contrepartie, Porochenko a obtenu le soutien du parti politique Udar dirigé par Klitschko.

Pire qu’une étoile filante, un météore ce Porochenko.

Origine de sa fortune

Son empire de chocolat Petro Porochenko l’a créé avec son père. Ils rachetaient de vieilles usines de gâteaux et sucreries en Ukraine, dont ils réorganisaient la fabrication. A la question d’où venait l’argent pour les investissements, les journalistes d’investigation affirment que c’est son père Alekseï qui le détenait, suite à ses magouilles du temps de l’URSS. Son père était à cette époque directeur d’un complexe industriel ; condamné pour des malversations financières, il a passé cinq ans en prison.

Mais Porochenko a surtout fait prospérer ses affaires pendant qu’il était ministre de l’Économie de 2010 à 2013. Il possède actuellement plusieurs fabriques de chocolat en Russie. Depuis le début de la crise en Ukraine, ses usines en Russie ont été confisquées, sans autres préavis, tout comme ses comptes en banque, sur lesquels il possédait 53 millions de dollars.

Petro Porochenko est également propriétaire d’une chaîne de télévision en Ukraine, le 5e Canal.

Intronisation

Le 25 mai 2014, il est élu président d’Ukraine. Il a prêté serment le 7 juin. Mais paradoxalement, avant cette intronisation, il a effectué un voyage à l’étranger afin de faire sa promotion politique. Il s’en va donc en Pologne et en France. Cette démarche n’était ni spontanée ni le fait du hasard. Ses mentors ont voulu que Petro Porochenko fasse tout d’abord ses allégeances, en rencontrant à Varsovie le président américain Barack Obama et qu’il se rende ensuite en France.

Il a souhaité rencontrer au plus vite ceux dont il attendait le plus grand soutien. Avant tout les dirigeants américains, mais aussi les leaders des pays européens les plus influents, qui ont ouvertement soutenu le coup de force brutal contre Ianoukovitch, le président légitimement élu.

Les médias ukrainiens largement acquis à la cause Porochenko ont abondamment diffusé les photos et reportages TV de la rencontre Obama-Porochenko. Cerise sur le gâteau ils ont martelé la phrase de Barack Obama qui disait : «En choisissant Porochenko comme président, le peuple ukrainien a fait preuve d’une grande sagesse.»

Dans cette affaire, aucun de ces dirigeants n’a voulu voir que cette élection s’est faite avec une partie seulement de l’électorat ukrainien et que dans l’Est du pays, les russophones n’ont pas participé aux élections et n’ont pas reconnu ce président.

Dès le départ de la campagne présidentielle, Porochenko est apparu le mieux placé aux yeux des Américains. Dès le début, Victoria Nuland, faiseuse de pluie et de beau temps en Ukraine, a écarté les deux autres candidats potentiels, Vitali Klitschko, jugé pas à la hauteur, et Ioulia Tymochenko, jugée comme candidate usée et morte politiquement.

A la cérémonie de serment ont assisté 56 délégations étrangères. La délégation américaine était représentée par Joe Biden, vice-président. Vladimir Poutine n’a pas été invité et la Russie était représentée par Mikhail Zurabov, ambassadeur russe en Ukraine.

Il va sans dire qu’il s’agissait d’une élection bidouillée, qui a eu comme résultat un président docile et serviable envers ses mentors. En somme, un impérialisme occidental dans toute sa splendeur.

La pseudo-crise ukrainienne a fait tomber les masques et le vrai visage de l’Union Européenne est apparu. Une UE faite par et pour les Américains. Elle ne sera jamais rien de plus qu’un dominion américain, un nain politique. Faisant preuve d’une obéissance aveugle envers les USA, force est de constater maintenant qu’elle serait capable d’aller jusqu’à faire la guerre à la Russie.

Concernant Petro Porochenko il est le synonyme même du côté pathologique de l’être humain et de son rapport au pouvoir. Incompréhensible et difficile à expliquer comment un homme qui matériellement a tout, même plus que ce qu’il lui en faut, autrement dit riche, se lance dans la politique.

- Est-ce qu’il a péché par naïveté ou a-t-il été abusé dans sa confiance ?

- Était-il victime d’un odieux chantage ?

- Est-il victime de ses propres pulsions et de son goût immodéré pour le pouvoir ?

Pour les personnes fortunées comme lui, entrer en politique, généralement, est le signe d’un ennui profond. Dans son cas une chose est sûre; en quelque mois, il s’est complètement fourvoyé et à présent il a sur les bras une guerre civile qu’il a lui-même provoquée et, sur la conscience, des milliers de victimes civiles.

Le clap de la fin ?

Simple jouet dans les mains de ses conseillers américains, tout ce qu’il a décidé ou entrepris était toujours à son propre désavantage et surtout au détriment du pays qu’il dirige. Il a refusé de tenir ses promesses électorales; à savoir commencer des négociations sur la fédéralisation de l’Ukraine et la normalisation des relations avec la Russie. Il aurait pu ainsi devenir un héros et l’homme providentiel de l’Europe de l’Est.

Il a au contraire choisi de suivre les injonctions de ses amis américains et de partir dans la direction opposée, celle de l’escalade. Et rien ne laisse présager qu’il pourra changer cette direction.

Tout d’abord sa tactique ; sa manière saccadée dans les négociations a été très rapidement percée par les Russes. Cette manière d’agir, en réalité, est la même que celle utilisée par les Américains lors de la destruction de la Yougoslavie.

Les Russes ont aidé les régions de Louhansk et Donetsk à prévenir et empêcher que les troupes de Kiev ne profitent des périodes brèves de cessez-le-feu pour avancer et conquérir des nouveaux territoires. En plus, la stratégie ukrainienne qui consistait à prendre Donetsk et ainsi couper toute la région de la Novorussie, était parfaitement décryptée déjà en juin 2014.

Deuxièmement, la contre-offensive de Kiev sur Illovaïsk au début du mois d’août 2014 a été une débâcle épique et mémorable. Les troupes de Kiev ont été laminées et plusieurs milliers de soldats faits prisonnier.

Troisièmement, la tentative des médias occidentaux de propager des fausses nouvelles sur les prétendus crimes russes sur le terrain a été un échec pur et simple. Le monopole global sur l’information des Occidentaux est définitivement cassé et quasi toutes les tentatives de placer une vérité fabriquée afin d’aider les autorités de Kiev deviennent impossibles.

Quatrièmement, il était naïf pour les Ukrainiens et leur président de croire que les USA et l’UE auraient des considérations pour l’Ukraine et qu’ils allaient se démener pour la sortir de ce gouffre économique et énergétique.

La réalité est biens plus crue; les Occidentaux s’en fichent si les Ukrainiens meurent de faim et de froid.

Les USA et leur affidée l’UE n’ont pas besoin de Porochenko pour créer en Ukraine un État stable et prospère mais uniquement comme un simple outil dans leurs mains afin de provoquer un maximum de chaos et prolonger la durée du conflit. Cela justifiera l’existence et l’introduction de nouvelles sanctions en espérant in fine provoquer un Maïdan russe.

Les Occidentaux sont sûrs et certains depuis le début que Porochenko est obéissant et prêt à se battre jusqu’au dernier Ukrainien.

En utilisant Pravi Sektor [le Secteur Droit], son bras droit, il tentera des nouvelles provocations tout en cherchant l’escalade afin d’entraîner les USA et l’UE contre la Russie. L’assassinat de Boris Nemtsov s’inscrit probablement dans ce contexte.

Porochenko n’hésite pas à mentir à son peuple: les milliards de dollars d’aide occidentale ne tarderont pas à arriver et sauveront ainsi l'Ukraine de la faillite. Il est désormais l’objet d’enjeux qui le dépassent complètement, sur un chemin sans issue, et il risque de finir soit devant la Cour pénale internationale (CPI) soit de se faire tuer par ses adversaires ou par ses propres troupes.

Pourquoi?

Lors des festivités du premier anniversaire de Maïdan il s’est fait copieusement siffler par la foule et il a dû quitter précipitamment le parcours, sa famille d’un côté et lui de l’autre.

Sa famille au complet est, depuis le début de cette année au moins, exilée à Londres. Trois des quatre enfants de Porochenko se trouvent déjà depuis un an en Angleterre. Les deux filles et le plus jeune fils sont inscrits dans un collège anglais près de Londres.

Depuis un certain temps déjà, des nuages s’amoncellent sur Porochenko et son avenir à la tête d’Ukraine est de plus en plus bouché.

Les commandants du Secteur Droit, Dmitri Yarosh et Semen Semenchenko, lors d’une conférence de presse fin février, ont annoncé avoir installé le quartier général de cette organisation avec treize bataillons des volontaires nationalistes à Dniepropetrovsk. Ces bataillons sont sous commandement direct de Yarosh et Semenchenko, et indépendants du gouvernement ukrainien. Par la même occasion, ils ont affirmé refuser toute solution pacifique au conflit dans l’est du pays.

Aussitôt après cette annonce fracassante, le bruit persistant a couru sur un nouveau coup d’État en préparation à Kiev. Tout laisse penser que Porochenko est en train de jouer ses dernières partitions.

Avant le clap de fin.

Personnage aux multiples facettes, il s’accroche, essaie de rebondir, fait du délestage. Il a limogé Kolomoïsky, le puissant oligarque, et ceci probablement pour faire plaisir à Joe Biden. L’oligarque ukrainien de plus en plus ombrageux devenait un concurrent sérieux pour le fils de Joe Biden à la tête du consortium pétrolier ukrainien.

Remplacer Porochenko, les Occidentaux, les Américains en particulier, y ont songé, et l’ont même décidé; mais par qui?

Arseni Iatseniouk, protégé de Victoria Nuland ; elle tient peut-être à son Yats, mais alors avec lui ça sera la droite nationaliste avec son ami Dmitri Yarosh?

Un autre oligarque ukrainien ?

Je pense plutôt qu’ils décideront pour l’option: personne en particulier et tout le monde en même temps. Comme ça ils seront assurés d’avoir en Ukraine une lutte à couteaux tirés pour le pouvoir.

Il faut être quelqu’un de complètement naïf ou un politicien aussi médiocre que Porochenko pour croire que l’Occident veut du bien à l’Ukraine et cherche une solution juste et équitable.

Si l’Occident voulait vraiment traiter d’égal à égal en Ukraine et les ex-pays de l’Est, il aurait pu le faire bien avant. Lors de la chute du mur de Berlin en 1989 déjà!


- Source : Filo

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