Ukraine: Une trêve sans solution définitive
Suite au coup d'État qui renversa, en février 2014, le président légitimement élus d'Ukraine, le pays est en état de guerre contre une partie importante de sa population, celle qui habite le sud-est du pays et qui est de culture et d'ethnie russe.
Il faut d'abord savoir que ce coup d'État a été soigneusement préparé par les bons soins des États-Unis avec une collaboration des forces de l'OTAN. Les objectifs recherchés se ramènent à une occupation du territoire pour en faire une base militaire permettant une invasion éventuelle de la Russie.
La rencontre, dite de Minsk, du 11 février avait pour but d'établir un cessez-feu entre les parties et d'ouvrir la voie à un dialogue politique entre les parties ukrainiennes en litiges.
Il semble que toutes les parties aient besoin d’un peu plus de temps pour poursuivre leurs objectifs.
Pour Kiev, ce sera un temps indispensable pour refaire ses forces armées et permettre à ses maîtres étasuniens de former ses soldats et de lui fournir les armes appropriées lui permettant de se soumettre les Républiques autoproclamées du Donbass.
Pour Hollande et Meckel, la trêve leur permettra de sauver la face devant l’OTAN et les États-Unis qui ont toujours besoin d’une porte ouverte, leur permettant de poursuivre en douce leur projet d’invasion et de contrôle. En effet, dans la feuille de route, rien n’interdit la coopération militaire avec ces deux instances.
Enfin, pour Poutine, il faut croire qu’il mise sur un effondrement prochain de la grande coalition entre l’Europe et Washington. Des signes se multiplient à l’effet que cette coalition commence à avoir des fissures qui ne peuvent que s’amplifier. La photo, coiffant cet article, nous en dit plus de ce que nous pourrions en penser. Porochenko, la marionnette de Washington, ne semble pas très heureux de ce qui vient de se passer lors de la première ronde de négociation, celle qui a duré deux heures. Enfin, je me permets de relever quelques indications plus substantielles laissant entrevoir cet effondrement.
Il y a évidemment l’opinion publique européenne qui retrouve ses esprits après avoir été chloroformée par une désinformation relative à tout ce qui touche à la Russie et en particulier à Poutine. Les yeux s’ouvrent, les langues se délient et les Européens se demandent de plus en plus ce qu’ils font en Ukraine et pourquoi ils y risqueraient une guerre pouvant entraîner la destruction de l’Europe.
S’ajoute également cette prise de consciente, toujours plus aiguë, d’être les otages des politiques de Washington qui en font à la fois les financiers et les miliciens de première ligne. On y voit de plus en plus une Europe qui ne s’appartient plus, une Europe qui va chercher ses ordres à Washington, une Europe qui s’expose à la ligne de front pour que l’oncle Sam puisse se présenter sans grands risques pour lui-même et réaliser ses grands projets d’extension de son Empire jusqu’aux aux portes de la Russie.
Une Europe qui a perdu sa fierté, son indépendance, sa capacité de décider par elle-même de ses intérêts et de ses alliances. De plus en plus de voix respectées se font entendre pour dire que l’Europe ne peut se détacher de la Russie et encore moins s’en faire une ennemie. Cette dernière est essentielle pour la vitalité et le développement de l’Europe. Ces rappels ne sont pas sans que soient soulevées ces autres questions qui portent toutes sur les véritables objectifs de Washington dans ses aventures en Europe. Est-ce vraiment l’Ukraine qu’il veut ou l’Europe tout entière? Quels intérêts a-t-il vraiment et jusqu’à quel point l’Europe est-elle partie active dans la définition des objectifs et les prises de décision?
De plus en plus d’Européens se remémorent ces paroles tenues par une haute responsable du Secrétariat d’État des États-Unis lors d’une conversation téléphonique, enregistrée à son insu, «Que l'UE aille se faire foutre». Une fois connus ces propos, il y a eu des excuses, mais ces dernières ne changent en rien le véritable sentiment de ces hauts fonctionnaires et de leurs patrons sur l’Europe. D’ailleurs, cette haute fonctionnaire, à ce que je sache, est toujours en fonction.
Il est fort probable que la patience de Poutine à l’endroit des pays européens et de façon particulière à l’endroit de l’Allemagne et de la France trouve sa motivation sur cette fissure qui ne pourrait tarder encore longtemps avant de céder aux pressions des Européennes qui ne voient comment ils pourraient sacrifier leur vie et leur sécurité pour faire plaisir à l’oncle Sam. À cet égard, les attentions de la Russie à l’endroit de ces deux intervenants ne sont jamais marquées par la colère ou la violence. Au contraire, on fait tout pour les mettre en évidence, comme ce fut le cas avec la déclaration du ministre des Relations extérieures de Russie qui a mis en évidence la contribution exceptionnelle de ces deux pays pour assurer le succès de la rencontre de Minsk. Déjà, les défis politiques, économiques et sociaux sont suffisamment importants pour que l’Europe ne se laisse pas emporter par des ambitions d’un voisin lointain qui n’a d’autres intérêts que celui de dominer le monde en se servant de l’Europe comme d’un bouclier.
Si tel est le cas qu’anticipe Poutine, la fin de cette grande alliance entre l’Europe et les États-Unis marquerait l’écroulement de l’empire et avec lui celui d’un monde unipolaire qui l’aura si bien servis. Ce serait alors l’avènement d’une ère nouvelle caractérisée par un monde multipolaire et multicentrique. Le droit redeviendra la propriété de la communauté internationale, des peuples et des personnes. Le monde n’aura plus besoin de l’Oncle Sam pour lui « tordre les bras » lorsqu’il ne fait pas ce qu’il veut qu’il fasse.
- Source : Oscar Fortin