Pétrole, rouble et gaz de schiste
Le front russe semble calme ces derniers jours, ce qui permet de faire un petit bilan en début d’année 2015.
L’attaque spéculative contre le rouble, déclenchée vers le 10 décembre 2014, a échoué. Elle s’est même traduite par une lourde perte pour les spéculateurs. En sacrifiant une partie de ses réserves, environ 10%, la Banque Centrale russe a pris à contre-pied le mouvement de spéculation, en obligeant les spéculateurs à dénouer leurs positions avec un rouble en hausse, alors qu’ils avaient joué une baisse. La défaite a été actée le 17 décembre.
Par ailleurs, il faut noter que les réserves de la Banque Centrale russe, après l’attaque spéculative, restent dix fois supérieures à ce qu’elles étaient en 1998. La situation n’a donc rien de spécialement inquiétant du point de vue russe.
Un autre point concerne le cours du pétrole, qui est en recul très important depuis quelque temps. En l’espace de quelques mois, voire de quelques semaines, le prix a été divisé par deux, passant rapidement de 100 à 50 dollars US. Une baisse vertigineuse.
Plusieurs explications à cette baisse ont été proposées :
- le ralentissement général de l’économie mondiale, c’est sans doute vrai mais ne peut pas expliquer une baisse d’une si forte ampleur,
- une attaque dirigée contre la Russie, qui serait – prétend-on – fragile et très dépendante de la vente de matières premières (pétrole, gaz, métaux, etc.).
La question se pose de savoir à qui la baisse du pétrole fait le plus mal. On a pensé en premier à la Russie, à tort semble-t-il, et aussi à l’Iran, sans doute avec plus de bonnes raisons. Mais on peut se demander si la baisse du prix du pétrole n’est pas une opération délibérée, visant à torpiller l’exploitation du gaz et de l’huile de schi(s)te, pour reprendre le mot de François Fillon. Dans ce cas, ce sont les USA qui sont visés.
Il faut noter que la méthode d’extraction (dite fracking) n’est pas sans inconvénient. Dans certains cas extrêmes, on peut mettre le feu à l’eau du robinet avec un briquet ou une allumette, tant l’eau souterraine est polluée et chargée en produits inflammables. Plus sérieusement, la brutalisation et la perturbation des sous-sols provoquent notoirement une augmentation de l’activité (micro-)sismique, avec des tremblements de terre fréquents de magnitude comprise entre 1 et 3. Tout récemment, il y a quelques heures, Dallas a été frappé par une secousse de 3,5 situé à environ 5 km sous cette ville, qui est la quatrième plus grosse agglomération des USA.
Les risques sont donc tout à fait réels, et on se demande pourquoi on veut absolument développer en France cette technique manifestement dangereuse pour l’environnement. D’autant plus que la « fin du pétrole » est une fiction totale, qui ne sert qu’à justifier l’absurde nécessité de la prétendue « transition énergétique » et à rançonner les automobilistes, en les convainquant que « c’est normal que ça soit cher parce que le pétrole est rare », en vérité de la pure daube destinée à contrôler les esprits. Sachez-le, il y a du pétrole pour plusieurs siècles, sans parler du gaz et du charbon, disponibles en abondance.
La réalité est que l’exploitation du gaz et de l’huile de schi(s)te aux USA est une bulle spéculative technico-financière, de type subprimes. Les banques états-uniennes ont prêté quelque 500 milliards de dollars US aux compagnies qui forent et extraient. Initialement, le point de rentabilité par rapport au pétrole était censé avoisiner 30 dollars US, mais en fait la fourchette est plutôt entre 60 et 80. Si le baril reste plusieurs mois à 50 dollars, à moyen terme, dès cette année 2015, les exploitants seront en faillite et avec eux les banques prêteuses. Il faut également savoir qu’un puits connaît rapidement une baisse de rendement, avec une chûte de 30 à 50% au bout d’un an. Il est nécessaire de maintenir une activité de forage importante pour maintenir le niveau de production. Incidemment, depuis que le baril de pétrole a commencé à baisser depuis octobre 2014, l’activité de forage est déjà à l’arrêt.
Le constat pratique est que le baril de pétrole durablement en dessous de 60 dollars US signifie concrètement, dans un premier temps, la mort des exploitants en gaz et de l’huile de schi(s)te, et dans un deuxième temps, une aggravation de la crise bancaire aux USA, avec plusieurs centaines de milliards de dollars US de dettes pourries, en plus de toutes les autres, officielles ou non, connues ou inconnues…
Dans la guerre économique en cours autour du pétrole et du dollar US, l’homme malade sur le plan géopolitique, c’est bien les USA. Il semblerait en fait que le pacte qui unissait l’Arabie saoudite et les USA soit rompu. Si les pays arabes ne font rien pour limiter leur production et favoriser une remontée des cours, cela montre deux choses : les USA ne contrôlent plus la production au Proche-Orient et, ensuite, l’Arabie saoudite veut tuer dans l’oeuf la concurrence que représentent le gaz et l’huile de schi(s)te.
Les USA semblent avoir perdu toute influence sur la Turquie, qui ne se gêne pas pour aider le califat irakien contre les Kurdes, et maintenant sur l’Arabie saoudite, qui veut les punir de vouloir se rapprocher de l’Iran, l’éternel ennemi perse et shiite. Le machin euro-bruxellois, cogéré avec le garde-chiourme allemand, est la seule région du monde où les USA règnent encore en maître absolu, en ce début d’année 2015.
- Source : Fortunin Revengé