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Jean-Paul Brighelli : Tableau noir, essai sur l’effondrement de l’école (Vidéo)

Auteur : Jean-Paul Brighelli | Editeur : Walt | Lundi, 05 Janv. 2015 - 10h51



L’éducation nationale? Cela devient du grand n’importe quoi! Entre les grandes figures de l’histoire qui ne sont plus enseignées car cela pouvait en gêner quelques uns, les mesures imposées qui n’étaient vraiment pas prioritaires, et les enseignements ubuesques, nous n’avons pas fini d’être affligés. Mais le mieux, c’est d’écouter la conférence d’un enseignant et essayiste français du nom de Jean-Paul Brighetti qui connait bien le sujet. Il a d’ailleurs proposé 25 mesures à notre sinistre de l’éducation qui ne seront de toute manière pas prises en 2015:

Primaire

1. La semaine ne repassera pas à quatre jours et demi de classe effectifs et peut-être même cinq dans les zones où les difficultés s’accumulent, tant il est vrai qu’il faut donner davantage à ceux qui ont le plus de mal.

2. On n’abolira pas, par voie de conséquence, la mesure stupide des « rythmes scolaires », alors qu’on a bien plus besoin d’apprendre à parler, lire (selon des méthodes approuvées, pas celles des apprentis sorciers), écrire et compter qu’à s’essayer au macramé.

3. On s’abstiendra donc de consacrer 50 % du temps scolaire, en primaire, à l’enseignement du français, en divisant le reste entre mathématiques, histoire et géographie.

4. On ne recrutera pas des étudiants motivés pour diriger les études, le soir, et donner des cours de soutien, particulièrement dans les quartiers populaires où les parents ne peuvent récupérer leurs enfants que fort tard parfois.

5. On s’obstinera d’ailleurs à former les futurs « professeurs des écoles » dans les ESPE après des parcours chaotiques et/ou pittoresques, au lieu de recréer les Écoles normales juste après le bac, et de former des étudiants, dès la première année de licence, à toutes les disciplines – en confiant cet enseignement à des agrégés du secondaire, au lieu de les confronter à des professeurs d’université qui ont leur propre champ de recherche, et qui répugnent à préparer aux concours de recrutement.

6. On ne supprimera pas tous les enseignements non indispensables et grands consommateurs de temps scolaire. Au contraire, on ajoutera une pseudo-initiation à l’informatique, et toujours une supposée préparation à l’anglais, alors même que les élèves ignorent leur propre langue.

Collège

7. La carte scolaire restera inchangée, ce qui évitera aux initiés et aux pistonnés le placement de leurs enfants dans des établissements difficiles où se concentreront tous ceux qui n’ont pas les moyens ni l’entregent de faire autrement. Alors que l’on pourrait redessiner une autre carte scolaire, en quartiers d’orange, où, quitte à obliger les enfants à prendre les transports en commun, ils iraient se mêler, dans des établissements de centre-ville, à leurs homologues culturellement plus favorisés. Ce qui permettrait, au passage, d’éliminer une fois pour toutes les Zep/Rep, désormais installés… en ville.

8. D’ailleurs, les collèges resteront distincts des lycées, alors que les meilleurs établissements vont de la sixième aux classes prépas, et s’en portent fort bien, chaque niveau supérieur tirant à lui le niveau d’en dessous.

9. On entérinera le « collège unique », que les établissements sont obligés de contourner en inventant des sections spéciales, des options de langues rares et autres inventions administratives. Alors que l’on pourrait inventer de vraies classes de niveau, avec des enseignements renforcés en fonction des besoins.

10. On ne révisera pas les programmes dans le sens d’une plus haute exigence. Au contraire, on les allégera.

11. Le « socle commun de compétences » devrait être défini par le haut, au lieu de l’être par des minima. Un programme sérieux doit proposer un idéal culturel dans tous les domaines, et non se réduire à des nécessités qui devraient aller de soi. Lire/écrire/compter sont des prérequis, pas des objectifs.

12. On ne multipliera pas les « internats d’excellence » où pourraient être mis dans une vraie ambiance d’études les enfants méritants des milieux défavorisés. Il serait pourtant souvent indispensable de couper le plus possible les jeunes des milieux familiaux lorsque ceux-ci les tirent vers le bas. Les familles seraient probablement d’accord – mais qui leur demande leur avis ?


- Source : Jean-Paul Brighelli

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