Les frappes aériennes israéliennes sur l’aéroport de Damas visaient le matériel anti-aérien russe
Le média israélien Debkafile a confirmé dans un article du 8 décembre que les attaques aériennes menées par Tsahal près de l’aéroport de Damas début décembre visaient le système anti-aérien russe S-300. S’il tente de légitimer à posteriori ces bombardements par la sempiternelle « lutte contre le terrorisme » en évoquant un « transfert » possible des armement au Hezbollah libanais, l’article apporte une nouvelle fois la preuve que la lutte actuelle contre l’Etat Islamique (en grande partie armé, financé et entraîné par les USA et leurs alliés régionaux) sert de couverture à des actions hostiles envers la Syrie, comme la destruction des infrastructures pétrolières, et que cette dernière reste la cible opérationnelle de la coalition en vue des objectifs américano-israéliens de changement de régime et de partition du pays.
Une source militaire américaine de haut rang a révélé lundi 8 décembre que les bombardements aériens menés par l’armée israélienne près de Damas la veille avaient anéanti un nouvel arrivage de matériel militaire russe comprenant des missiles anti-aériens qui avaient été expédiés en urgence pour aider la Syrie et le Hezbollah à contrer le plan américain d’exclusion aérienne dans le nord du pays.
Le matériel russe avait été envoyé, comme l’avait rapporté Debkafile dimanche en exclusivité, après que le président russe Vladimir Poutine ait appris que l’administration Obama et le gouvernement Erdogan étaient proches d’un accord en vue d’activer une zone d’exclusion aérienne qui interdirait le survol du nord du pays à l’aviation syrienne.
Le Kremlin avait averti à plusieurs reprises, et dernièrement par des messages virulents selon des voies officieuses, que l’établissement d’une no-fly zone ou d’une zone tampon dans n’importe quelle partie de la Syrie serait considérée comme une ingérence américaine directe et conduirait à l’intervention de l’armée russe pour défendre le régime d’Assad.
Selon le projet américano-turc, l’aviation américaine serait autorisée à utiliser la base aérienne turque d’Incirlik dans le sud du pays pour des opérations contre l’aviation syrienne, des hélicoptères d’assaut ou des drones pénétrant dans la no-fly zone. Jusque là Ankara avait uniquement autorisé l’armée US à utiliser la base d’Incirlik pour des missions de surveillance aérienne des mouvements des combattants de l’Etat Islamique dans le nord de la Syrie, notamment au moyen de drones.
L’administration Obama a longtemps été réticente à l’idée d’établir une zone d’exclusion aérienne pour ne pas déclencher l’hostilité de Moscou mais également face aux risques que représente le système de défense anti-aérien syrien (ndt : système russe…)
Mais Washington s’est récemment rallié à ce plan à la faveur d’un deal tacite avec Damas autorisant le survol de son territoire par l’aviation américaine afin d’aider les combattants kurdes qui défendaient l’enclave de Kobani contre les troupes d’Al-Qaïda.
De plus, l’administration américaine a rejeté une demande turque d’étendre la no-fly zone de la frontière jusqu’à Alepp, la plus grande ville syrienne, de laquelle les forces armées syriennes repoussent lentement les troupes de l’Etat Islamique.
La no-fly zone planifiée par les stratèges US serait étroite, entre un kilomètre et 500 mètres à l’intérieur du territoire syrien. (ndt : on peut s’interroger sur l’utilité opérationnelle d’une zone d’exclusion aérienne aussi étroite si ce n’est pour protéger les bases arrières de l’Etat Islamique situées précisément le long de la frontière…) Moscou s’oppose cependant toujours à un tel plan et objecte que l’aviation américaine sera alors libre de survoler l’espace aérien syrien, liberté dont elle dispose déjà près de Kobani.
Pour assurer leur position, les russes ont livré un système anti-aérien avancé dont l’usage par l’armée syrienne et le transfert potentiel au Hezbollah libanais a été anéanti par les frappes israéliennes du 7 décembre.
Moscou a réagi rapidement en adressant une note aux Nations Unies le lundi suivant accusant Israël d’une « action agressive » et demandant « qu’une telle attaque ne se renouvelle pas… Moscou est très inquiet de cet événement dangereux dont les circonstances demandent une explication. »
Le régime syrien a tardé à réagir aux derniers raids israéliens destinés à prévenir la fourniture d’armement avancé au Hezbollah (ndt : il s’agit ici de la version officielle de l’armée israélienne, la lutte contre le « terrorisme » étant la justification habituelle de toutes leurs interventions militaires…)
Les portes paroles de l’administration syrienne ont averti que leur gouvernement mènerait une opération clandestine en représailles, qui causerait à Israël des « dommages inimaginables »
- Source : Debkafile-Traduction Guillaume Borel