CNN et Clarissa Ward confirment la fausse identité du « prisonnier syrien abandonné »
CNN nous vendait avoir libéré un « civil » syrien détenu injustement, mais il s’agissait en réalité d’un ancien officier responsable de tortures. Une manigance médiatique révélée par les internautes et confirmée après enquête.
Ah, CNN ! Toujours prête à dégainer son storytelling héroïque pour nous arracher une larme. Cette fois-ci, la chaîne américaine et sa journaliste vedette Clarissa Ward ont réussi à nous sortir un prisonnier des geôles d’Assad… qui s’avère être, en réalité, un ancien officier de renseignement syrien tristement célèbre. De quoi ravir le prix Pulitzer de la propagande médiatique.
Une séquence poignante (et très mal montée)
Tout commence par un reportage spectaculaire. Le 11 décembre, Clarissa Ward et ses vaillants compagnons rebelles syriens entrent dans une prison « secrète ». Le suspense est à son comble : alors que toutes les cellules sont censées être vides, une seule reste mystérieusement occupée. Surprise ! Sous une couverture, un pauvre homme émerge des ténèbres, les joues étonnamment rebondies pour un détenu en détresse. Il se présente comme Adil Hurbal, un civil de Homs injustement enfermé depuis trois mois. Émotion ! Pleurs ! Il tombe dans les bras des soldats libérateurs et embrasse même notre star du micro. CNN tient son moment télévisé : un triomphe de l’humanité contre la barbarie.
Sauf que… ça coince. Très vite, les internautes, ces véritables détectives de l’ère numérique, flairent l’arnaque :
- Pourquoi ce soi-disant prisonnier semble-t-il aussi frais qu’un matin de printemps après des mois de détention dans le noir ?
- Pourquoi est-il le seul détenu encore « oublié » dans une prison censée avoir été vidée ?
La vérité éclate : merci Internet (et Marcel D)
Pendant que CNN savourait son scoop, les Syriens de terrain et les vérificateurs d’info se mettaient au boulot. Verify-Sy, un média spécialisé, ne tarde pas à lever le voile sur notre « victime » : il ne s’appelle pas Adil Hurbal, mais Salama Mohammed Salama, ancien premier lieutenant des services de renseignement syriens. Et pas n’importe lequel ! Ce monsieur a longtemps opéré à Homs, où il est connu pour :
- Extorquer de l’argent aux habitants sous menace,
- Arrêter et torturer des jeunes hommes sur des accusations fabriquées,
- Participer à des opérations militaires ayant coûté la vie à des civils.
Un palmarès digne des meilleurs méchants de films hollywoodiens. Sauf que cette fois, le héros médiatique était en réalité le bourreau. Oups.
CNN, la fausse naïveté en bandoulière
Acculée par le raz-de-marée des internautes, Clarissa Ward finit par rétropédaler en douceur. Sur X (anciennement Twitter), elle écrit :
« Nous pouvons confirmer la véritable identité de l’homme de notre article : Salama Mohammed Salama. »
Bravo, CNN ! Il n’aura fallu que quelques jours, un démenti massif en ligne et des milliers de sceptiques pour ouvrir les yeux. Entre-temps, le reportage a été repris en boucle par la plupart des médias mainstream – pas vraiment des as du fact-checking non plus.
Et Salama dans tout ça ?
Selon Verify-Sy, le « détenu libéré » n’a pas été arrêté pour son amour de la démocratie, mais à cause d’un petit désaccord sur les bénéfices d’extorsion avec un supérieur hiérarchique. Oui, même chez les oppresseurs, les conflits de trésorerie finissent mal. C’est donc tout frais, fraîchement capturé, que Salama a été découvert par CNN. Autrement dit, il a passé moins de temps en prison que dans la file d’attente d’un Starbucks.
Quant à sa localisation actuelle ? Mystère. Selon CNN, on aurait perdu sa trace. Un comble pour une chaîne qui avait réussi à « découvrir » ce prétendu prisonnier oublié.
CNN et les médias : l’art de gober sans mâcher
Cet épisode grotesque rappelle une chose : les grands médias, dans leur course au sensationnel et de propagande pour les élites, ont souvent la crédulité d’un enfant devant un magicien. Le fact-checking ? Trop long. La prudence ? Ça ralentit l’audience. Heureusement, Internet – et notamment des vidéastes comme Marcel D – a repris le flambeau en tournant cette farce journalistique en dérision. Avec sarcasme, il démonte l’incohérence criante de la séquence CNN.
Leçon du jour : Une larme médiatique ne remplace pas une enquête sérieuse.
- Source : Le Média en 4-4-2