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Lundi, 23 Déc. 2024

Suppression des notes « sanctions », un faux débat

Auteur : Gabriel Robin | Editeur : Walt | Vendredi, 05 Déc. 2014 - 19h32

Dans une interview accordée au Parisien, en juin 2014, Benoît Hamon, alors ministre de l’Éducation nationale, déclarait que « aujourd’hui, notre système d’évaluation souligne les lacunes et les échecs des élèves, ce qui peut être très décourageant pour certains ». L’homme s’apercevait qu’une mauvaise note souligne les lacunes dans les connaissances des élèves : quelle nouvelle surprenante s’il en était ! Najat Vallaud-Belkacem s’est engouffrée dans la brèche creusée par son prédécesseur, et souhaite elle aussi revoir le système de notation.

Une note, même basse, n’est pas une sanction, mais une évaluation du travail fourni. Les supprimer, ou les rendre exceptionnelles, ne permettra pas une évaluation plus fine du niveau des élèves contrairement à ce qu’avance le ministère. Les parents ne comprendront pas et certains élèves, objectivement défaillants, penseront progresser alors qu’ils seront au point mort. L’élève n’a pas à être découragé par une mauvaise note ; tout au contraire, cela doit l’amener à essayer d’en obtenir de meilleures à l’avenir.

Cette réflexion est pourtant nécessaire et intéressante. Il est vrai que les petits Français sont anxieux, et parfois tout n’est pas mis en œuvre pour exploiter au mieux les compétences particulières de chacun. Certains enfants (ou adolescents) intelligents, mais immatures, comme souvent notamment les garçons, peuvent se sentir bridés dans le système scolaire et parfois complexés suite à quelques commentaires désobligeants. Mais la « suppression » des notes et l’évaluation « positive » des élèves sont-elles les solutions adéquates ?

L’enfer est pavé de bonnes intentions, et ce qui peut passer pour une idée positive n’en est ici pas une. Loin d’aider les élèves qui en auraient besoin à retrouver confiance, cette mesure ne ferait qu’obscurcir leur appréhension de l’exigence de sérieux et de résultats requise pour accomplir des études (et ce, quel que soit le domaine). Les jeunes Français sont déjà insuffisamment préparés à la réalité du monde, tous n’auront pas les mêmes chances mais tous peuvent se donner les moyens de faire au mieux. Plutôt que de revoir les méthodes d’évaluation, il faudrait revoir la philosophie qui sous-tend l’éducation nationale contemporaine. La maîtrise des savoirs doit être perçue comme un enrichissement et non une corvée, et la démarche éducative représenter plus que la simple transmission d’une somme de connaissances utilitaires et directement applicables.

Si les élèves prenaient conscience de l’importance et de l’amusement qu’on peut tirer à étudier, les notes « sanctions » se feraient rares car la jeunesse n’aime rien tant que le ludique ; c’est d’ailleurs le rôle du ministère de démontrer que lire un roman de Balzac est infiniment plus profitable que de s’abrutir devant les émissions de « télé d’irréalité ». Supprimer les notes ne masquera en rien l’échec actuel de l’Éducation nationale à transmettre l’amour d’apprendre.


- Source : Gabriel Robin

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