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Lundi, 23 Déc. 2024

Barbarie industrielle et barbarie artisanale

Auteur : Ahmed HALFAOUI | Editeur : Walt | Samedi, 29 Nov. 2014 - 13h24

Les horribles vidéos d'exécutions d'otages, par les groupes islamistes armés, pour odieuses qu'elles sont, s'inscrivent dans une stratégie qui ne peut connaître de succès que par l'écho médiatique escompté.

Pour ce faire, la gigantesque machine médiatique occidentale répond idéalement aux vœux des assassins. Pour peu qu'ils en aient l'occasion, qu'ils mettent la main sur un quidam, victime du hasard du lieu où il se trouve, ressortissant des Etats-Unis de préférence, du Canada, d'Europe de l'Ouest ou d’Australie, quelques individus peuvent acquérir une notoriété internationale.

En un clic, l’Occident est mis en émoi. Le mode opératoire est savamment rodé. La scène doit être suffisamment choquante pour susciter l’effroi, le dégoût ou l’indignation. La malheureuse victime est parfois poussée à s’exprimer, afin d’accroître l’impact sur les opinions publiques. « Pourquoi cette vidéo ? (la vidéo montre un Français et un Néerlandais, enlevés au Mali). Est-ce pour participer à cette espèce de montée dans l’extrême horreur, comme en Syrie ? Ou veulent-ils rappeler qu’ils détiennent ces deux personnes pour souligner leur valeur ? », a dit le président français, François Hollande, le 18 novembre dernier. Il résume la problématique qui allie l’horreur et la mise en valeur des auteurs. Mais l’horreur ne vaut-elle que lorsqu’elle est mise sous le regard ? N’existe-t-elle pas autrement et à une échelle industrielle ?

Et si des caméras pouvaient filmer le détail des corps d’enfants ghazaouis en train de voler en éclats sous les bombes sionistes. Si l’on mettait, sous les yeux des téléspectateurs, le déroulé du processus de leur exécution par le phosphore blanc. Seconde par seconde, à partir de l’instant où les projectiles les atteignent, en passant par la dissection des chairs, de leur sang qui gicle, jusqu’à leur mort. Peut-être, sera mis en évidence, qu’en matière d’horreur les tueurs de Daech ou d’Al Qaida sont plutôt des artisans. En prime, on a vu, il faut le rappeler, que le président français avait soutenu et encouragé le premier ministre sioniste à bombarder Ghaza. Ce n’est qu’après quelques centaines de cadavres mutilés qu’il s’est mis à « appeler à la retenue ». Les termes utilisés sont toujours étudiés de façon à ne pas qualifier le crime. A l’inverse, dans un communiqué de l’Elysée, « Le Président de la République dénonce avec la plus grande force l’odieux attentat perpétré ce matin (mardi dernier) dans une synagogue de Jérusalem ». On aura beau chercher des mots de dénonciation d’une telle violence du massacre à ciel ouvert contre les Palestiniens, on en aura pour sa peine.

Le fait est qu’il ne doit y avoir qu’une seule barbarie qui vaille. Celle qui justifie déjà et justifiera encore la mission que s’est donnée l’OTAN de « démocratiser » le monde. Daech et autres feront en sorte que les peuples visés présentent tous les traits d’une barbarie qui ne laissent aucune place à la compassion. Une barbarie fort utile du reste, que les services étatsuniens ont mis tout le soin requis à promouvoir, en Afghanistan d’abord, en Irak, en Libye et en Syrie ensuite.


- Source : Ahmed HALFAOUI

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