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Emmanuel Macron et la laïcité par Jacques Sapir

Auteur : Jacques Sapir | Editeur : Walt | Vendredi, 29 Sept. 2017 - 12h49

Dans le discours qu’Emmanuel Macron a prononcé, pour saluer les 500 ans de la Réforme, il s’est épanché sur la laïcité, mais malheureusement au prix d’un contresens. On le voit avec la phrase qu’il a twittée à cette occasion :

« La laïcité n’est pas la négation des religions, c’est la capacité de les faire coexister dans un dialogue permanent. »

Il est étonnant qu’un homme de sa culture – car à la différence d’un Hollande ou d’un Sarkozy il est véritablement cultivé – puisse commettre une pareille erreur, voir un pareil contresens. La laïcité, ce n’est pas la coexistence des religions (qui est naturellement souhaitable), ni même la tolérance religieuse ou la liberté de conscience. Certaines de ses notions découlent de l’application de la laïcité mais ne la résument pas. Il faut aussi signaler que cette erreur s’inscrit dans la droite ligne de nombre de citations de son prédécesseur, François Hollande sur le même sujet. Dès lors, on peut s’étonner de la répétition de ces erreurs, et penser que cette répétition a un sens. Car, la laïcité est en réalité profondément liée à la notion de souveraineté.

Il n’est pas sans signification que la nation et l’État se soient simultanément construits historiquement en France à la fois dans la lutte contre les féodalités locales et contre les prétentions supranationales de la papauté et de la religion chrétienne. Il n’est pas donc sans importance non plus que le penseur qui a établi le rôle central de la souveraineté, Jean Bodin, qui était par ailleurs un fervent catholique, ait aussi écrit l’un des livres les plus fondamentaux sur la laïcité parce qu’il avait pris acte de l’hétérogénéité de la société. Le lien entre la laïcité, la souveraineté mais aussi la démocratie a fait l’objet d’un livre que j’ai fait paraître en 2016 [1].

Pourquoi la laïcité est-elle importante ?

La laïcité n’est donc pas un supplément d’âme à la République : elle en est en réalité le ciment [2]. Il n’est pas anodin que l’un des grand penseur de la souveraineté, Jean Bodin, qui écrivit au XVIème siècle dans l’horreur des guerres de religion, ait écrit à la fois un traité sur la souveraineté [3] et un traité sur la laïcité [4]. Il convient ici de bien comprendre ce lien étroit qui unit la notion de souveraineté à celle de laïcité. La souveraineté implique la définition d’un souverain. Une fois établie que la « chose publique » ou la Res Publica est le fondement réel de ce souverain, comme nous y invite Jean Bodin, il nous faut définir le « peuple » qui exercera, soit directement soit par l’entremise de formes de délégation, cette souveraineté. C’est bien pourquoi la question de la souveraineté est aussi centrale, car elle implique la définition de la communauté politique qui l’exerce.

Dès lors, nous obliger à nous définir selon des croyances religieuses, des signes d’appartenances, aboutit en réalité à briser le « peuple ». Et c’est très précisément le piège que nous tendent les terroristes qui veulent nous ramener au temps des communautés religieuses se combattant et s’entre-tuant. Pour ces terroristes, la souveraineté n’existe pas. Seule existe la « loi divine » qui est par essence transnationale. D’autres alors y ajouterons des communautés ethniques. Si nous cédons sur ce point nous nous engageons vers un chemin conduisant à la pire des barbaries. La confusion dans laquelle se complet une grande partie de l’élite politique française, et on l’a vu au moment de l’attentat contre Charlie Hebdo mais aussi les attentats qui ont suivi, est ici tragique et lourde de conséquences. En mettant une prétendue « islamophobie » en miroir à cette violence destructrice, ils sont tombés dans le piège que leur tendaient les terroristes, celui de la mise « hors débat » de l’islam.

Les attaques contre les musulmans (comme celles contre les juifs, les chrétiens, les bouddhistes, etc…) sont évidemment inqualifiables et insupportables. Il ne s’agit pas d’islamophobie mais bien d’une forme de racisme. Mais, on a le droit de critiquer, de rire, de tourner en dérision, et même de détester TOUTES les religions. Il convient ici d’affirmer que toute religion relève du monde des idées et des représentations. C’est, au sens premier du terme, une idéologie. À ce titre, toute religion est critiquable et doit pouvoir être soumise à la critique et à l’interprétation. Cette interprétation, de plus, n’a pas à être limitée aux seuls croyants. Le droit de dire du mal (ou du bien) du Coran comme de la Bible, de la Thora comme des Évangiles, est un droit inaliénable sans lequel il ne saurait y avoir de libre débat. Un croyant doit accepter de voir sa foi soumise à la critique s’il veut vivre au sein d’un peuple libre et s’il veut que ce peuple libre l’accepte en son sein.

Ce qui est par contre scandaleux, ce qui est criminel, et ce qui doit être justement réprimé par des lois, c’est de réduire un être humain à sa religion. C’est ce à quoi s’emploient cependant les fanatiques de tout bord et c’est cela qui nous sépare radicalement et à jamais de leur mode de pensée.

Les principes de la laïcité

Dans le principe de laïcité reposent deux notions qui sont l’une et l’autre absolument essentielle. La première est celle de la séparation entre sphère privée et sphère publique. Cette distinction est fondatrice en réalité de l’existence même d’une démocratie et plus précisément du peuple considéré comme communauté politique à l’exclusion de toute définition ethnique ou religieuse. Sans cette distinction, la démocratie n’est qu’une coquille vide. C’est là toute la force du travail précurseur de Bodin. Cette distinction ne prend réellement sens que parce que des individus aux fois différentes acceptent de travailler ensemble. Cela pose la laïcité non pas simplement comme un principe de tolérance, principe qu’elle inclut à l’évidence, mais comme une forme d’organisation où la conviction personnelle se plie à l’existence d’une communauté politique, de cette Res Publica, de choses communes qui nécessitent et impliquent un travail en commun. C’est bien pourquoi il y a une étonnante modernité dans le principe de laïcité, car il pose la nécessité de faire fonctionner les sphères privées et la sphère publique non seulement autour du principe de séparation mais aussi autour de celui de coordination, ce que l’on a tendance à oublier. Ce principe prend acte du développement du statut de l’individu, mais il reconnaît aussi que cet individu ne prend sens que dans une société. Cette dernière ne se définit pas comme une agrégation d’individus, ou une agrégation d’agents suivant le mot mis à l’honneur par l’économie néoclassique, mais comme la reconnaissance qu’il existe des principes et des causes qui dépassent les individus et les choix individuels.

Cela veut dire qu’il y a des choses communes, des Res Publica, qui sont plus importantes que les religions et qui peuvent conduire des individus, de croyances différentes, à œuvrer en commun. Cela implique qu’ils acceptent de mettre leurs croyances au second plan, ou plus précisément qu’ils les renvoient à la sphère de leur intimité. C’est ainsi qu’il faut comprendre le livre de Jean Bodin, le Colloque entre sept sçavants qui sont de différents sentiments des secrets cachés des choses relevées, ou Colloquium Heptaplomeres. Ce dernier décrit sept personnes, tous médecins et tous professant une croyance religieuse. A la fin du livre, constatant qu’ils ne peuvent se convaincre, ils décident de ne plus parler de religion entre eux, mais de se consacrer à leur œuvre commune qui est de soulager les gens par la pratique de la médecine.

Cela signifie que ce que nous appelons la « laïcité » est une des conditions de l’existence des sociétés hétérogènes[5]. En retranchant de l’espace public les questions de foi on permet au contraire au débat de se constituer et de s’approfondir sur d’autres sujets. En un sens, Bodin pose le problème de l’articulation de l’individualisme avec la vie sociale, problème qui est au cœur du monde moderne. Il est donc faux de faire remonter la laïcité aux affrontements de 1904-1905, et à la séparation de l’Eglise et de l’État (loi de 1905), même si cette dernière est un moment incontestablement important de notre histoire politique. Cette loi est fondamentalement une loi de pacification des rapports entre Etat et religions.

La laïcité remonte en réalité bien plus en arrière dans notre histoire, et l’on peut voir très clairement qu’elle est la fille des Guerres de Religion et de leurs horreurs. Mais, surtout, elle s’impose comme la seule solution possible de manière durable quand un pays est confronté à l’hétérogénéité religieuse. Une autre solution est en apparence possible, c’est celle adoptée par les pays allemands après la Paix d’Augsbourg[6] (1555) puis la Guerre de Trente Ans, celle ou peuvent coexister des principautés dont les souverains professent des fois différentes, le Cujus Regno, ejus Religio. Mais, cette solution est bancale. Ne reconnaissant pas la liberté de conscience, elle impose une forme d’homogénéité à une société décidément hétérogène. C’est pourquoi, ce principe s’est progressivement érodé dans les différents pays qui l’ont appliqué.

Laïcité et religion

On notera ici que pour Bodin, il s’agit bien de « religion » au sens chrétien du terme et non de la religio civique des Romains, même si, en homme de la Renaissance, il connaît fort bien l’une et l’autre. Bodin, rappelons le, est un fervent Catholique. Il se destinait même à la prêtrise dans sa jeunesse. Il ne reniera jamais sa foi, même s’il exprime un intérêt important pour le Judaïsme. Rien ne permet de penser qu’il ait été agnostique sans même parler d’athée et il est important qu’un tel raisonnement ait été tenu par un Catholique.

Il faut faire attention aux termes. La « religio » des romains n’a que peu de choses à voir avec une religion monothéiste révélée. Il s’agit en réalité d’un ensemble de valorisations, de croyances, de rites, de fêtes et de traditions qui unifient l’Empire (et ceci bien avant que la forme dite impériale ne soit établie). C’est ce qui permet à cet « Empire » de fonctionner par delà les races, les cultures et les superstitio, autrement dit les « religions » de chacun. On doit à Cicéron un bon résumé de cette conception de la religio[7]. Il la présente comme ce que l’on appellerait aujourd’hui, au prix d’un anachronisme, la « citoyenneté », c’est-à-dire une participation active à la vie de la cité et à la définition du « bien commun ». Cette définition de la religio est aux antipodes de nôtre définition de la religion. Clairement, il ne s’agit pas de la même chose.

En fait, l’étymologie du terme indique bien ce dont il s’agit. Le mot religio est bâti sur le modèle de « diligere ». Le verbe « religere » signifie « élire » ou « choisir » ou encore « porter attention» et non pas tant dans le sens commun pris aujourd’hui par ces termes mais dans celui de scrupule ou de discrimination. Il faudra attendre le Bas-Empire, pour qu’au IVème siècle après Jésus Christ un auteur chrétien, Lactance, donne à ce mot une autre étymologie : « religere » ou « relier » voir « rassembler »[8]. On a, alors, changé de registre parce que l’on a changé non pas seulement de croyance, mais de type de croyance avec l’irruption d’une religion révélée monothéiste. Ainsi, au départ, dans le monde romain, la religio relève de l’affaire d’Etat qui permet de spécifier ce qui découle dans l’ « imperium » romain, du pouvoir sacré[9]. Avec la fin de la République cependant un changement majeur s’opère. Il est probable qu’il est rendu plus facile par l’horreur que provoque la guerre civile. Auguste va s’approprier l’Auctoritas en se déclarant « Pontifex Maximus » (tout comme Jules César qui occupa cette fonction en son temps) en même temps que s’installe l’Empire.

Le raisonnement politique que tient Jean Bodin n’est nullement une théologie politique et il s’en éloigne beaucoup, même si il inclut une dimension symbolique importante. De ce point de vue, il faut rapprocher le raisonnement que suit Jean Bodin de la réflexion contemporaine d’Ernst Kantorowicz sur les « Deux Corps du Roi »[10]. Cet historien avait bien relevé l’importance de la légitimation religieuse dans la figure du Roi, mais il avait alors souligné que, et cela même pour les contemporains, n’établissait nullement une nature religieuse du monarque. Ce dernier ne faisant que « recevoir » son royaume des mains de son prédécesseur, il ne lui « appartient » pas[11].

Bodin a procédé de la même manière, d’une manière décisive et fondatrice, à la séparation entre religion et politique, et à la naissance de la laïcité. Il le fait parce qu’il constate, et son action auprès d’Henri III a du être pour lui importante, l’inanité des tentatives soit de « concile général », et il y en eut plusieurs, soit d’éradication de l’hétérogénéité religieuse. Il arrive à cette position, qu’il cachera soigneusement à ses contemporains, comme point d’aboutissement de son œuvre politique, l’établissement de la souveraineté comme principe absolu, fondant en réalité l’Auctoritas.

La laïcité confrontée au retour du religieux

Le « retour du religieux » auquel nous assistons depuis une trentaine d’années est un phénomène profondément contradictoire. Il y a d’un côté la volonté –respectable – de trouver un sens dans notre destin. Le retour du religieux se vit ici comme une aventure personnelle. Mais il y a aussi, et il ne faut pas le nier, la dimension d’imposer des valeurs individuelles à l’ensemble de la société. Or, cette dernière résiste à cette tentative d’imposer des valeurs homogènes car elle est elle-même hétérogène. Dès lors, ces individus entrent en guerre contre leur propre société. C’est le début de l’intégrisme, bien représenté dans l’ensemble des religions, mais aujourd’hui porté spécifiquement chez les musulmans par les courants salafistes et par les Frères Musulmans. Les valeurs que l’on prétend alors porter entrent alors en conflit direct avec les comportements des personnes qui les portent. Les intégristes de toute obédience donnent une image haïssable des valeurs qu’ils prétendent porter. À chaque acte de ségrégation, ou d’auto-ségrégation, à chaque acte d’intolérance, à chaque bombe, à chaque acte terroriste, c’est bien le contraire des valeurs des religions qui est mis en avant.

En fait, derrière l’apparence d’une montée de la religiosité, c’est en réalité à une montée des affirmations identitaires et narcissiques que l’on assiste. Les crispations autour des tabous alimentaires et vestimentaires, sur les signes extérieurs (comme la question du voile chez les musulmans) ont avant tout pour but d’identifier brutalement une communauté, de la séparer, tant symboliquement que dans des comportements réels, du reste de la population et de l’enfermer sur des références mythifiées pour le plus grand profit de quelques uns. Car, ces pratiques ont toutes pour but de constituer une contre-société, qu’elle soit micro (au sein du cadre familial) ou qu’elle soit macro (comme avec le « califat ») qui permettra le pouvoir d’un sur les autres. Ces pratiques, en produisant des mouvements de réactions, font en réalité progresser la division des individus entre eux au lieu d’y mettre fin. Loin de rassembler, elles divisent. Dans la quête de la pureté, et toute religion distingue le « pur » de « l’impur », il ne peut y avoir de mouvement collectif, si ce n’est de petites communautés en proie aux réactions violentes d’autres communautés. On croit ainsi se protéger de l’anomie et l’on s’y précipite tête baissée.

La notion de laïcité ne correspond donc nullement à une « guerre aux religions », ce qui est l’un des contre-sens actuels. Elle se définit comme tout à la fois une reconnaissance de la distinction entre sphère publique et sphère privée et une reconnaissance de l’obligation de chacun et de tous à considérer que la religion fasse partie uniquement de la sphère privée. Cette double distinction est impérative si l’on veut que puisse se constituer un « bien commun » qui soit la propriété de tous et donc de chacun. C’est la base réelle de la démocratie et non la question du droit de vote qui ne devient alors que l’une des formes possibles que prend cette démocratie.

Il ne peut y avoir de peuple, c’est à dire de base à construction politique de la souveraineté populaire, que par la laïcité qui renvoie à la sphère privée des divergences sur lesquelles in ne peut y avoir de discussions. La prise en compte de l’hétérogénéité radicale des individus implique, si l’on veut pouvoir construire une forme d’unité, qui soit reconnue comme séparée et distincte la sphère privée. En cela, la distinction entre sphère privée et sphère publique est fondamentale à l’exercice de la démocratie. Cela figure nommément dans notre Constitution[12].

Notes:

[1] Sapir J., Souveraineté, Démocratie, Laïcité, Paris, Ed. Michalon, 2016.

[2] Poulat E. Notre Laïcité, ou les religions dans l’espace public, Bruxelles, Desclées de Bouwer, 2014.

[3] Bodin J., Les Six Livres de la République, (1575), Librairie générale française, Paris, Le livre de poche, LP17, n° 4619. Classiques de la philosophie, 1993.

[4] Bodin J., Colloque entre sept sçavants qui sont de différents sentiments des secrets cachés des choses relevées, traduction anonyme du Colloquium Heptaplomeres de Jean Bodin, texte présenté et établi par François Berriot, avec la collaboration de K. Davies, J. Larmat et J. Roger, Genève, Droz, 1984, LXVIII-591, désormais Heptaplomeres.

[5] On trouvera un commentaire éclairant de sa contribution aux idées de tolérance et de laïcité dans: J. Lecler, Histoire de la Tolérance au siècle de la réforme, Aubier Montaigne, Paris, 1955, 2 vol; vol. 2; pp. 153-159

[6] Voir le texte du traité en allemand sur l’URL : http://www.lwl.org/westfaelische-geschichte/portal/Internet/finde/langDatensatz.php?urlID=739&url_tabelle=tab_quelle

[7] Cicéron (trad. Esther Breguet, Albert Yon, préf. Bernard Besnier), La République suivie de Le Destin, Paris, Gallimard,‎ 1994

[8] Saint-Sernin, C., Auctoritas et potestas Quel type de légitimation pour le pouvoir?Texte posté sur http://www.democratie-spiritualite.org/sites/democratie- spiritualite.org/IMG/rtf/C_Saintsernin_Auctoritas_et_potestas_2.rtfc

[9] Chastagnol A., Stéphane Benoist, Ségolène Demougin, Le pouvoir impérial à Rome : figures et commémorations, Genève, Librairie Droz, 2008

[10] Kantorowicz E., The King’s Two Bodies: A Study in Mediaeval Political Theology, Princeton (NJ), Princeton University Press, 1957.

[11] Jordan W.E., préface à The King’s Two Bodies: a study in mediaeval political theology, Princeton (NJ), Princeton University Press, réédition, 1997.

[12] Le texte est le suivant : « Au lendemain de la victoire remportée par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d’asservir et de dégrader la personne humaine, le peuple français proclame à nouveau que tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés. Il réaffirme solennellement les droits et libertés de l’homme et du citoyen consacrés par la Déclaration des droits de 1789 et les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République ». http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/la-constitution/la-constitution-du-4-octobre-1958/preambule-de-la-constitution-du-27-octobre-1946.5077.html


- Source : RussEurope

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