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Dimanche, 28 Avr. 2024

Un monde décérébré

Auteur : Christian Makarian | Editeur : Walt | Mardi, 21 Oct. 2014 - 20h20

De tous les pans de l'actualité, et à des degrés variables, surgit le sentiment envahissant que l'aberration est au pouvoir. En Europe, au terme de tractations acrobatiques menées comme si de rien n'était par Jean-Claude Juncker, le Parlement de Strasbourg donne son aval -après s'être montré à juste titre très sévère sur le profil scabreux de certains candidats au poste de commissaire- à un pouvoir qui passera ouvertement par-dessus la tête des peuples et des opinions publiques.

Le couple franco-allemand, de son côté, a fait de ses divergences la ligne de fracture majeure au coeur même de l'Union, une césure qui détermine la relance ou le blocage, le redressement ou le déclin. Sauf à revenir à la raison et à parler désormais d'une même voix, le couple moteur risque de devenir le frein principal de l'Union, situation inédite dont l'aspect le plus malsain est de susciter un fort agacement outre-Rhin, après tant de critiques lancées par les "ténors" pathétiques du PS.  

Paris réclame de son partenaire des investissements massifs ; Berlin exige de son principal client et fournisseur des réformes réelles : le rapprochement est indispensable. On ne peut pas avancer sur la politique étrangère et peiner tant à conforter tout ce que l'on a construit en commun.

L'éclatante absence de leadership mondial

A l'est de l'Europe, dans une Ukraine qui déplore plus de 3 300 morts depuis le début des événements et où les combats continuent de faire rage, les élections législatives sont attendues comme un test décisif pour mesurer la marge de manoeuvre qui reste au président Petro Porochenko face à la détermination de Vladimir Poutine.  

Depuis la "trêve" conclue le 5 septembre entre les séparatistes soutenus par la Russie et les autorités de Kiev, on ne compte plus les affrontements armés. Tandis que la diplomatie joue sa propre partition en façade, la situation sur le terrain demeure des plus tendues, ce double jeu étant consenti de gré ou de force par toutes les parties au conflit. Les sanctions occidentales font leur effet sur l'économie russe, auxquelles Poutine répond par une ambiguïté tactique.  

Dans ce contexte, l'annonce d'un accord provisoire sur le prix et la livraison du gaz russe, esquissé entre Poutine et Porochenko en marge du sommet euro-asiatique de Milan, demande confirmation. Le président ukrainien a peut-être gagné du temps, mais une contraction de 8 à 9% du PIB est prévue cette année, le manque à gagner fiscal de l'Etat ukrainien est immense, le FMI, venu à la rescousse avec un prêt de 21 milliards de dollars, est déjà dépassé par l'ampleur des besoins. Nul doute que Vladimir Poutine spécule activement sur cette dégradation. 

Au Moyen-Orient, la bataille de Kobané se poursuit avec une augmentation de l'appui américain, engagement presque isolé qui fait paradoxalement des pays impliqués dans la zone des spectateurs réduits à croiser les doigts pour que les Kurdes résistent au pilonnage incessant des enragés de Daech. La Turquie a fini par entrer dans l'arène et s'est résolue à utiliser son aviation... mais, sur son propre territoire, contre les Kurdes du PKK, qui soutiennent évidemment les Kurdes de Kobané! Le principal partenaire régional des Etats-Unis, membre important de l'Otan, s'emploie à frapper les frères de ceux que son grand allié a choisi de défendre. 

Le monde hoquette, tousse ou tremble. Pour se consoler, il y a le virus Ebola. On ne voit aucune organisation planétaire se mettre en place face à ce fléau, pourtant médiatisé jusqu'à déclencher la panique. C'est un cas éclatant d'absence de leadership mondial, dont les organisations humanitaires non gouvernementales, en particulier Médecins sans frontières, ont fait heureusement une urgence. Ebola s'annonce d'ores et déjà comme une des plus grandes épidémies africaines, alors que ce continent concentre 90% des cas de choléra dans le monde, 90% des victimes du paludisme et 70% des malades du sida. Certes, mais il est vrai que l'on n'a pas atteint le niveau de gravité extrême que représente une tempête sur les marchés financiers...


- Source : Christian Makarian

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