Paris : un rapport dénonce le trucage des chiffres de la délinquance
Un rapport décrypte le maquillage des statistiques de la délinquance qui a eu cours à la préfecture de police de Paris pendant des années, des pratiques qui, si elles ont fortement diminué depuis l'arrivée de Manuel Valls à l'Intérieur.
C'est un rapport «très sensible», murmure-t-on dans les locaux de la police parisienne. Le document explosif, que l'Inspection générale de l'administration (IGA) vient de boucler, décrypte en effet le maquillage des statistiques de la délinquance dans la capitale. Les chiffres auraient été truqués depuis des années, même s'ils ont fortement diminué depuis l'arrivée de Manuel Valls à l'Intérieur.Selon le rapport dont l'AFP et Europe 1 ont consulté des extraits, tout un système a été mis en place depuis plus d'une dizaine d'années afin de minorer la délinquance à Paris et dans la petite couronne. Par exemple, enregistrer un cambriolage comme une dégradation ou stopper l'enregistrement des plaintes avant la fin du mois. Parfois même détruire tout simplement l'existence d'un fait. Les enquêteurs ont par ailleurs remarqué une montée en puissance à partir de 2008.
Le mandat de Sarkozy pointé du doigt
Le rapport évoque notamment près de 16 000 faits de délinquance disparus en 2011 à Paris. A l'époque, la préfecture de police de Paris était dirigée par Michel Gaudin, un fidèle de l'ex-président Nicolas Sarkozy.
Commandé par le préfet de police de Paris Bernard Boucault en septembre 2012, l'enquête fait écho à un autre rapport de l'IGA publié en juillet 2013 qui avait conclu à la disparition entre 2007 et 2012 de près de 130 000 faits de délinquance sur l'ensemble du territoire, des «anomalies» que l'IGA attribuait à la politique du chiffre pratiquée sous Nicolas Sarkozy. Ce document accablait déjà la préfecture de police de Paris (PP), les rapporteurs ayant noté que depuis 2006 ou 2007, «perdurait dans la capitale une pratique de report systématique».
Si ce nouveau rapport confirme bien l'escamotage organisé des statistiques à la PP, un système qui s'est accéléré en 2008, il atteste également de la persistance de mauvaises pratiques dans certains services, au moins jusqu'à l'été 2013, soit un an après l'arrivée de Bernard Boucault nommé par Manuel Valls. Le ministre de l'Intérieur a de nombreuses fois attaqué la droite sur la dissimulation de ces chiffres, insistant sur une exigence de transparence.
- Source : Le Parisien