www.zejournal.mobi
Vendredi, 26 Avr. 2024

Emmanuel et l’Union Européenne : le grand ratage

Auteur : Edouard Husson | Editeur : Walt | Jeudi, 20 Janv. 2022 - 18h16

Emmanuel Macron s’est adressé, le 19 janvier au matin, au Parlement européen. Il n’y a pas grand chose à retenir d’un discours qui est à l’image du quinquennat sur l’Union Européenne : des mots, des mots et une perte d’influence pour la France.

Emmanuel Macron s’est adressé  le 19 janvier 2022 au Parlement européen. On ne retiendra pas grand chose de son discours comme d’habitude, il y a eu des mots et des mots enfilés comme des perles transparentes : tout y est du faire plus pour l’environnement à l’Europe du numérique en passant par le renforcement de la Charte des Droits fondamentaux ou la mesure pour se faire applaudir : que le Parlement ait un droit d’initiative législative.

En réalité, Emmanuel Macron passe à côté de l’esprit d’une présidence tournante réussie « de l’Union Européenne ». Ce que nos journalistes appellent « présidence de l’UE » ou « Présidence du Conseil » européen n’est en fait qu’une sorte de secrétariat général du Conseil. Il y a déjà un président permanent du Conseil européen : Monsieur Charles Michel. Il y a un haut représentant de la politique étrangère de l’UE : Josep Borrell. La présidence française fonctionne en fait selon un trio : avec les deux pays qui lui succéderont à la présidence tournante, selon le rythme de dix-huit mois qu’a mis en place le Traité de Lisbonne. Il aurait donc fallu, ce matin, que Emmanuel Macron arrive en compagnie des premiers ministres tchèque et suédois, pour exposer avec eux le programme de travail de l’Union sur dix-huit mois.

La méthode de la haute fonction publique française dans l’UE est à bout de souffle

En réalité, nous avons eu, avec Emmanuel Macron, le paroxysme de la méthode qui ne marche plus en Europe, celle de la haute fonction publique française.

+ Depuis 2017, Emmanuel Macron a poursuivi un objectif qui est la chimère française  d’un gouvernement économique de la zone euro, avec un budget de 400 milliards d’euros. Angela Merkel ne l’a pas suivi ; puis elle a mis en place un plan de relance pour 700 milliards à l’échelle de l’UE tout entière.

+ Emmanuel Macron a endetté le pays à 120% du PIB, à l’abri des taux d’intérêt allemands. S’il se produit, pour lutter contre l’inflation, dans les prochains mois, une hausse des taux d’intérêt, le pays sera très mal.

+ Emmanuel Macron n’a pas d’allié en Europe. Le nouveau gouvernement allemand nous demandera avec de plus en plus d’insistance, de remettre nos affaires en ordre. Et le président français – ou son successeur – va payer pour le mépris des « petits pays » qui l’a caractérisé.

+ Lorsque Emmanuel Macron déclare, à propos des vaccins : « La souveraineté est une liberté. Elle est au cœur de notre projet européen et elle est aussi une réponse aux déstabilisations à l’œuvre sur notre continent » ou bien lorsqu’il fait de la commande par l’UE de vaccins une expression de souveraineté, il montre qu’il ne comprend rien à ce qu’est la souveraineté, notion juridique, qui définit qui dit le droit sur un territoire délimité.

Il n’est pas sûr qu’il y ait de souveraineté européenne stricto sensu, puisque les pouvoirs de la Commission européenne sont définis par un traité et que ce qu’on appelle le droit européen est le résultat de transfert de compétences au niveau européen.

En tout cas, pour rester sur le plan politique, il n’y a que les hauts fonctionnaires français pour croire que les intérêts français doivent céder la place à la « souveraineté européenne ». Quand les Allemands, les Néerlandais ou les Hongrois défendent leurs intérêts nationaux dans le cadre des règles partagées européennes, ils pensent contribuer au renforcement de l’Union Européenne.


Cela peut vous intéresser

Commentaires

Envoyer votre commentaire avec :



Fermé

Recherche
Vous aimez notre site ?
(230 K)
Derniers Articles
Articles les plus lus
Loading...
Loading...
Loading...