Thérapie génique : une insertion virale néfaste
Trois ans après avoir reçu un traitement par thérapie génique, deux des dix « enfants bulles » soignés par l’équipe de Marina Cavazzana-Calvo et Alain Fischer (Inserm) ont développé une forme de leucémie qui a conduit à l’arrêt de l’essai thérapeutique en octobre 2002. Les chercheurs publient aujourd’hui une explication dans la revue Science : le rétrovirus utilisé comme vecteur pour apporter une copie normale du gène déficient s’est inséré à proximité d’une séquence d’ADN redoutable.
En effet, celle-ci induit l’expression du gène LMO2 pouvant provoquer le développement d’une tumeur. En situation normale, ce gène intervient dans la formation des cellules du sang dans la moelle osseuse. Mais la présence du rétrovirus conduit à une expression aberrante de LMO2, alors responsable d’une prolifération anormale des lymphocytes, à l’origine de la leucémie.
Le chercheur américain David A. Williams et son collègue allemand Christopher Baum soulignent que les thérapies géniques présentent un risque potentiel d’activation des proto-oncogènes. Ces derniers peuvent favoriser l’apparition d’un cancer à la suite d’une insertion virale. Ces dérégulations se produisent dans 0.1 à 1% des transferts de gènes via des rétrovirus.
La piste du gène LMO2 n’est pas la seule étudiée. L’âge pourrait être un facteur : seuls les deux individus les plus jeunes au moment du traitement sont malades.
Les deux enfants souffrant de leucémie ont subi une chimiothérapie et pour l’un d’entre eux une greffe de moelle osseuse. Leur santé s’est améliorée, en revanche la thérapie génique reste suspendue en France pour soigner le déficit immunitaire combiné sévère lié au chromosome X (DICS-X). Les enfants atteints par cette maladie génétique sont dépourvus de défenses immunitaires et doivent vivre dans une ‘’bulle’’ stérile.
- Source : Sciences et Avenir